Pas évident d’écrire un article en toute objectivité quand vous avez déjà entendu l’avis de tous vos confrères. Je vais pourtant tenter d’être le plus clair possible et je ne vais pas faire de généralités sur la série, je vais juste juger cet épisode, le seul que l’on ait reçu.
Cet article consistera donc à vous expliquer pourquoi cet épisode est totalement raté et pourquoi c’est une honte de proposer une telle série aujourd’hui. Une série qui fait totalement abstraction de l’évolution de la télévision et des grandes séries qui y ont trouvé refuge que ce soit à l’étranger bien sûr mais également en France.
Mais auparavant, revenons aux sources de la chose: Le Transporteur, c’est quoi?
Frank Martin est un Transporteur. Il transporte n’importe quoi, n’importe où, pour n’importe qui, dès lors que le client est prêt à payer le prix. Ses règles sont simples. Règle 1 : Jamais de noms. Règle 2 : Ne jamais changer le deal. Règle 3 : Ne jamais ouvrir le colis. Sauf s’il décide de changer les règles : Ce qu’il fait. À chaque fois. Systématiquement. Dans cet épisode que l’on a vu, Franck est chargé de « transporter » une riche héritière menacée d’enlèvement.
Avant la série, Le Transporteur est une trilogie de films produite par Luc Besson (Europa Corp) et dont le rôle principal est campé par Jason Statham. Fort de ses 250 millions $, la trilogie de films devient pour M6 une série, de 12 épisodes pour sa première saison.
A cette occasion, Europa Corp a confié l’adaptation à Atlantique Productions (filiale de Lagardère Entertainment). Jason Statham ne rempile pas dans le rôle du Transporteur, c’est Chris Vance, vu dans Prison Break ou Dexter qui s’y colle (« j’ai inclus quelques-uns des gestes de Jason en hommage à son travail mais j’ai surtout essayé de m’approprier le personnages« ), secondé par les français Delphine Chanéac (« Juliette est une fille solide, courageuse qui devient de plus en plus complexe au fur et à mesure de l’intrigue« ) et François Berléand (rescapé de la trilogie) dans le rôle de l’inspecteur Tarconi (« Un petit temps d’adaptation est toujours nécessaire afin de retrouver mes marques mais j’ai Tarconi bien en tête, c’est comme si je l’avais créé moi même« ). C’est Cyril Raffaelli qui supervise les cascades « combats » et Michel Julienne pour les cascades voitures.
Tout est donc parti pour être un succès assuré, une bonne grosse série d’action…Et pourtant…!!!
Étant passé totalement à côté de la franchise cinéma, j’arrive sur cette série sans les aprioris (positifs ou négatifs) de ceux qui ont vu les films.
Seule certitude: je n’attendais pas grand chose de l’adaptation en série d’un film de Besson producteur (Besson réalisateur c’est autre chose). Entre les 4 épisodes de Taxi, les Yamakasi, ou Le Transporteur justement, Besson s’est fait fort de produire des films dénués de toute subtilité et, pour ma part, d’intérêt. Dommage de la part de quelqu’un qui a fait de grands films comme Le 5ème élément, Le dernier combat ou Léon.
Dès les premières minutes de l’épisode, on se dit que l’on fait un bon de 25 ans en arrière, à une époque où les chaînes françaises étaient abreuvées de toutes les pires séries américaines, ces séries qui ont terni pour un long moment l’image de la série en France.
Si on devait définir cet épisode, on dirait en une phrase qu’il contient tout de ce qu’il ne faut pas faire dans une série.
Aucune caractérisation des personnages. Aucune remise en place du contexte. Si vous n’avez pas vu les films, tant pis pour vous (ceci dit, il ne vous faudra pas longtemps pour comprendre). Aucune subtilité: les méchants sont méchants, la belle est très belle et finira 3 fois dans l’épisode en petite tenue, voire sans tenue du tout, et le gentil est très gentil et très fort.
Bon la belle est très belle mais pas très futée non plus. Il faut dire qu’elle n’est pas très bien servie par ce qu’il lui ait donné à jouer. A peine sauvée par le héros que déjà « une grande histoire d’amour » commence…Mouais!!!
Et le héros…Comment en 2012 peut-on encore faire un héros sans fêlure, sans faille? Les héros invincibles c’est terminé depuis 20 ans.
Que l’on soit dans Hawaii Five-0 ou Burn Notice, les héros nous ressemblent, ce qui permet, malgré les situations « extra-ordinaire », de nous identifier à eux. Aussi, Franck Martin n’apparaît que comme un pantin qui bondit dans tous les sens en performance, « bercé » par une bande son qui rendrait calme la plupart des teen shows américains. Hormis des scènes d’action sympathiques, aucun des acteurs ne tire vraiment son épingle du « jeu » tant les dialogues sont mièvres à souhait.
Une séquence illustre pour moi tous les ratés de cet épisode. C’est la scène finale « quand le héros tente de sauver sa belle ». On y voit Martin partir à la poursuite avec sa voiture d’un jet privé en train de rouler sur la piste de décollage. Le jet doit rouler très vite car Martin a du mal à le rattraper. Le top survient alors: sans que personne ne prenne le contrôle de la voiture (qui n’est pas pourvue du pilote automatique sauf erreur de ma part), il en ouvre le toit, en sort et saute sur l’aile de l’avion. Il jette dans l’un des réacteurs un petit objet qui le fait exploser. L’avion continue toujours à rouler mais pourtant Martin saute de l’aile et arrive sur le sol sans encombres (au passage on voit au second plan la voiture gentiment se garer sur le côté…elle est sage cette voiture). S’en suit une bagarre dans l’avion à l’arrêt entre Martin et le chef mafieux (qui n’a d’ailleurs aucun homme de main pour l’accompagner…C’est bien connu, les parrains se déplacent seuls), Martin gagne et il a juste le temps de quitter l’avion avant que celui-ci n’explose…Bien entendu!!! Bon évidemment, l’épisode se termine, comme toutes bonnes séries des années 80, par un baiser entre la jeune femme sauvée et le héros. Fin de l’histoire!! Est-il bien utile d’en rajouter???
Dure dure la chute pour M6. Presque absente en matière de fictions régulières de prime time depuis quelques années, la chaîne y fait son retour avec cette nouvelle série. Et pour un retour c’est raté (même si je ne serais pas étonné que la série marche bien lors de sa diffusion).
Alors qu’elle possède dans son stock quelques unes des bonnes séries américaines du moment (The Good Wife, Sons of anarchy ou Once upon a time), M6 ne parvient pas avec cette série à retrouver sa place en matière de producteur de séries.
Qu’elle semble loin l’époque où elle diffusait Police District de Olivier Marchall ou Les Bleus.
Mais au delà du raté que représente cette série, quelque chose d’autre me met vraiment en colère.
Que l’on veuille faire une série de divertissement et d’action, bien sûr. Toutes les séries n’ont pas pour vocation à nous faire réfléchir. Mais avec Le Transporteur (comme avec d’autres programmes sur bon nombre de chaînes), j’ai l’impression que l’on prend le téléspectateur pour un… Quoi, le téléspectateur de M6 ne mériterait pas d’avoir de la fiction de qualité? Il n’aurait le droit qu’à avoir de la soupe? Sans saveur qui plus est? Qu’on ne se méprenne pas. Je ne pense pas qu’il faille sur toutes les chaînes des séries comme celles de Canal ou de Arte. Ce serait idiot ce n’est pas le même public. Mais avec Braquo saison 2, la chaîne cryptée a démontré que l’on pouvait faire une série d’action bien foutue, efficace et qui ne prend pas les gens pour des imbéciles, servie par des dialogues tout aussi efficaces. Encore faut-il que la volonté suive…
Détail intéressant: l’avis de mes confrères, qui est du même registre, se base sur un épisode vu en conférence de presse et qui est différent de celui qui nous a été envoyé. L’épisode que nous avons vu chacun de notre côté n’est donc pas un acte isolé mais bien une tendance lourde qui semble se dessiner tout au long de la saison…Cela vous rassure j’en suis sûr!!!
Le Transporteur saison 1 (12×52 min) dès le 6 décembre 20h50 sur M6
Source: Dossier presse M6
Crédits Photos: © Atlantique Productions et © Ken Koroner
Mmmmhhhh…. Ca donne envie.
Bon, étant amateur de ce genre de soupe, j’essaierai quand-même, mais quand on a assez de volonté pour continuer à regarder XIII.2 malgré son jeu d’acteur et son scénario pitoyables, on peut tenter le Transporteur !
Si vous regardez le premier film, vous assistez a la présentation du transporteur qui vient prendre un « colis ».
On établi les règles de conduite du transporteur et celui-ci se révèle très top/pros/balèze; mesure exacte du carburant pour le trajet, poids de la voiture, vitre pare balles, châssis renforcé, etc…
Et qu’est ce qu’il se passe sur la route, je vous le donne en cent?
Et bien, le transporteur hyper top/pros/balèze crève un pneu !
Seule solution pour lui, et LB le scénariste fainéant, pour lancer toute l’histoire; ouvrir le coffre de sa super caisse top/pros/balèze pour prendre un pneu (anti-crevaison celui là j’espère) et découvrir la nature de son « colis ».
Voila, quand on est capable d’avaler ça, on peu avaler tout le reste. (et il y a bien pire)
Le succès de la franchise montre bien que les gens se foutent bien de la crédibilité, ou de la vraisemblance, ils semblent fonctionner sur l’instant.
Mais ce qui marche pour un ou plusieurs films, dont on connait les règles, marche-t-il aussi pour la série ?
Quand a No limit, c’était plutôt une bonne surprise, par rapport a ce que j’en craignais.
peut les leçons tirée de transporteur justement..(même si en théorie les deux projets ont du être parallèles).
J’ai été moins gêné que vous par Anne Girouard, passé le temps d’adaptation.
Quand on la revoit en Guenièvre, on apprécie d’autant plus le super boulot qu’elle fait, pour composer dans des registres aussi éloignés.
Elle est hélas affublée d’un collègue a accent, dont la qualité de jeu est aussi grossier que le faut ventre qu’il se glisse sous le t-shirt.
(si c’est un vrai, pardonnez moi.)
Mais bon, « vous mourrez ou vous signez pour bosser dans les services secrets », c’est déjà le pitch de Nikita, et cela serra aussi le pitch de sa prochaine production avec kevin Costner (three days to kill).
On en a gros, la « machine a scénario » tourne a plein !
Je passe sur les innombrables fautes d’orthographe (vraiment beaucoup trop nombreuses pour crédibiliser l’approche critique), mais un turc me choque. Vous dites en gros « je n’ai pas vu le transporteur » et 2 phrases plus loin vous mettez les films transporteur dans un lot de productions « sans subtilité ».. je croyais que vous n’aviez pas vu les films ! Alors comment pouvez-vous les qualifier ? Ne vous méprenez pas, ils sont effectivement sans subtilité, mais MOI je les ai vus. Je peux donc le dire. il y a quelque chose de complètement contradictoire dans votre argumentaire.
un « truc » pas un « turc ». Désolé, j’ai écrit trop vite sans me relire (sans doute ce que vous avez fait aussi pour votre article), mais moi je n’ai pas de site et je ne fais pas de critique ou d’analyse sur un site
« Passé à côté » ne veut pas dire pas vu. Ca veut juste dire que j’ai vu rapidement le premier film il y a quelques années avec des potes, je l’ai pris pour ce que c’était, un moment cool entre pote à regarder un film c’est tout (pour être clair, mis à part le concept, je n’ais pas beaucoup de souvenirs du film). Ce qui est vrai c’est que je n’ai pas vu les épisodes suivants. Donc rien qui me permettait de me dire à priori que la série serait forcemment mauvaise. On a vu des adaptations de films très bien se porter (je pense à Stargate par exemple).
Peut-être aurais-je du effectivement être plus précis je le reconnais
Pour les fautes d’orthographe, je ne dirais rien, c’est vrai c’est un tort. Mais l’argument qui consiste à dire « tu fais des fautes tu n’es pas crédible pour critiquer… » Que dire à ça?
Je suis d’accord sur le fait qu’il y a plein de fautes, Alexandre, et sur le fait que de la part d’une personne qui se publie à l’écrit, clairement, ça le fait pas (et pourtant, je vous aime fort, hein, toi et Sophie, y’a rien à dire à ça, j’ai écouté tous vos podcasts et je continue).
Mais en effet, de là à dire que ça te fait perdre ta crédibilité, je ne suis pas d’accord. Du tout. Faut pas tout mélanger.