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French Quarter

janvier 21st, 2013

Plus belle la vie: Retour sur les raisons de 8 années de succès

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En cette fin d’année, Telfrance Série et Le tigre bleu ont l’excellente idée de sortir un Guide Officiel de la série Plus belle la vie. Un très beau livre qui revient sur les grandes intrigues des 8 premières saisons de la série, les anecdotes de tournage, les personnages,…Une occasion en or pour nous de revenir sur le succès de cette série. Un succès qui ne se dément toujours pas malgré une concurrence féroce. Un succès qui était très loin d’être gagné d’avance.

Plus belle la vie arrive sur les écrans de France 3 le 31 août 2004. Cette série est pour la chaîne une manière de relancer sa case du 20h, jusque là occupée par des jeux ou des émissions de variétés. Au départ, la série devait s’appeler Mistral Gagnant mais c’est finalement Plus belle la vie qui s’imposera. Lancer un « feuilleton du réel » comme elle le dit est pour France 3 un pari. Le genre est très présent depuis des décennies à l’étranger mais totalement absent chez nous. Certes il y a déjà eu des tentatives auparavant comme Riviera sur TF1 (1991) ou Cap des pins sur France 2 (1998) mais sans succès. Le pari est donc total même si on sent bien avec l’appellation « feuilleton du réel » que France 3 n’assume pas ce qu’elle lance à savoir un soap. Et c’est précisément ce qui va lui coûter très cher. Car à trop vouloir faire du réel, on se coupe des téléspectateurs. Et surtout à 20h10 quand on se retrouve autour de la table en famille pour le dîner. On souhaite avant tout se détendre et échapper à sa journée de travail. Et ça ne trompe pas: avec des histoires proches du réel, la série côtoie aussi le bas des audiences. On frise l’accident industriel. Il devient donc urgent, très urgent de redresser la barre, d’assumer son côté soap.
Comme dans beaucoup de séries américaines, les histoires sont changées, et surtout les ressorts dramatiques vont se rapprocher des codes de la série. Deux éléments fondamentaux vont faire basculer les choses: l’introduction d’un méchant en la personne de Charles Frémont, et l’arrivée d’une arche narrative policière (qui deviendra la marque de la série) avec le retour de Manuel Torres, l’ex mari de Mirta, qui finira assassiné.
Dès lors, la série décolle pour ne plus jamais (jusqu’à présent) atterrir.

Au fil des saisons (9 à ce jour et plus de 2000 épisodes), la série déroule ses intrigues sur un modèle quasiment stable.
Un épisode-type de Plus belle la vie met en scène plusieurs histoires parallèles, histoires qui s’étalent en général sur plusieurs épisodes. Il y a généralement trois intrigues par épisode :

  • L’intrigue A : intrigue principale, une intrigue policière, traitée sur un ton sérieux, basée sur des évènements tragiques ou surprenants.
  • Les intrigues B et C : intrigues secondaires qui traitent d’une histoire sentimentale et autres récits du quotidien, plus ou moins humoristiques

Aujourd’hui, la formule semble un peu moins figée que par le passé mais la série est parvenue à mettre en place un modèle de séries proche de ce que font nos amis américains notamment. La série fait donc appel à la mémoire de celles et ceux qui la regardent en créant, à l’image des séries américaines, des passerelles entre la fiction et la réalité. Ainsi, une date « x » dans la série correspond à la même date dans la « vraie vie »: un épisode= un jour. On se souvient ainsi qu’en 2007, les scénaristes avaient écris et tourné deux fois le même épisode selon que Nicolas Sarkozy ou Ségolène Royal gagnait.
La série a aussi repris les codes de la série télé: histoires croisées, arches narratives, cliffhanger (un cliffhanger important en fin de semaine pour patienter jusqu’au lundi), des histoires d’amours impossibles, des secrets,…rendant par la même addict assez rapidement n’importe quel téléspectateur amateur du genre et qui tomberait dessus. Pour maintenir en haleine ses 5 millions de téléspectateurs, les auteurs de la série ne reculent devant rien, lancent des intrigues toutes plus délirantes les unes que les autres…
Bref les auteurs savent ce qu’est le soap et ils le font bien et s’amusent!
Au rayon des intrigues qui ont traversé la série, on retrouve: un tueur en série qui utilise l’hypnose, une veuve noir, des histoires de mafia, de gangs,…et même le Diable. Tout est bon pour que le téléspectateur revienne…et il revient!

La soap est un genre souvent méprisé. On peut le voir en écoutant ce que l’on peut dire ici sur des séries comme Les feux de l’amour ou Amour gloire et beauté. Plus belle la vie n’échappe pas à règle. Alors certes les intrigues sont très très alambiquées, certes le jeu de certains comédiens est parfois très approximatif (mais ne généralisons pas), certes ce n’est pas de la série haut de gamme et j’en connais plus d’un qui la méprise volontiers ainsi que celles et ceux qui la regardent. Mais comme ses homologues américains, Plus belle la vie sait raconter des histoires et sait utiliser la vie de tous les jours pour se nourrir. Et avec 250 épisodes à produire par an, vous êtes quasiment obligé d’aller chercher TOUS les sujets de la vie. Ainsi la série aura su aborder pêle mêle: l’homo parentalité (et les mères porteuses), les sans papiers, le viol, les gangs à Marseille, les émeutes, les sectes, la drogue, la sexualité des séniors,…
La série peut aussi se vanter d’être une des premières séries françaises à mettre en scène un couple gay, tous les soirs à la télé, et ce sans aucune caricature (grâce au personnage de Thomas, joué assez justement par Laurent Kerusoré).
On se souviendra aussi que la série n’hésite pas à prendre position sur des sujets politiques. Ainsi, via le personnage de Picmal, c’est clairement Nicolas Sarkozy qui est dans le viseur…Et on pourrait facilement multiplier les exemples.

Il n’était pas question ici de vanter les mérites de la série. Juste de rappeler que si la série possède de nombreux défauts, elle n’en demeure pas moins un bel exemple de réussite et de succès. Un succès que les milliers de fans de la série contribuent à entretenir chaque jour via les réseaux sociaux et les sites de fans (PBLV et Plus belle la vie). Un succès qui a poussé un temps les autres chaînes à tenter de créer leur propre soap (5 soeurs sur France 2, Seconde Chance sur TF1, Paris 16ème ou Pas de secrets entre nous sur M6), une politique qui a échoué à ce jour.
Aujourd’hui, les autres chaînes semblent préférer se tourner vers la scripted reality que vers le soap…C’est bien dommage! Car avec une série comme Plus belle la vie, les chaînes pourraient non seulement former de jeunes scénaristes aux codes de l’écriture série, mais aussi, en cas de succès, s’assurer un public large et fidèle nombreux chaque jour sur de nombreuses années. Bien sûr Plus belle la vie n’est pas la série du siècle, bien sûr qu’un Engrenages ou Les revenants sont plus intéressants. Mais on aurait bien tort de sous-estimer ces séries là qui ont beaucoup à nous prendre, notamment sur un élément fondamental de « la série »: la fidélisation du public.





2 Comments


  1. Guillaume

    Ah bien content de lire cet article. Juste un truc qui me chiffonne je ne pense pas que plus belle la vie soit « étymologiquement » une série. Le terme feuilleton quotidien me semble plus approprié.

    C’est un programme plus proche des soaps du soir anglais du types de eastenders ou coronation street. Et un truc qu’il ne faut jamais oublier c’est que ces programmes sont les pics d’audiences des chaines anglaises.( http://www.csa.fr/Etudes-et-publications/Les-etudes/Les-etudes-du-CSA/Les-audiences-de-la-fiction-dans-les-grands-pays-europeens-en-2011 ). Il faut dire que leur JT sont plutôt à 18h et que chez eux la soirée commence par ces soaps. C’est dans leur nature leur fonction d’être ultra fédérateur, de ratisser très très large.

    Pour la qualité, le problème c’est qu’il faut accepter d’entrer de jeu dans ce genre de format que le bon peut côtoyer le grand n’importe quoi. (le + drôle c’est les méchants de passage pour une intrigue)

    C’est à ce jours la seul fiction française qui a une vrai temporalité avec les téléspectateurs. (oh!! il fête noël eux aussi). Dans fait pas ci fait pas ca en saison 3 ya truc que j’avais remarqué qui m’avais fait marrer, c’est qu’ils fêtaient noël au mois de novembre et passaient le bac à noël.

    ps : je précise que je suis pas un fan hardcore, juste un téléspectateurs occasionnel. L’acharnement critique à tendance à m’énerver. A mon avis la fiction françaises réussira quand différents genres seront capable de cohabiter : soap, série familiales, comédies, sitcom, série haut de gammes, mini séries… et même quelque téléfilms (quelque hein faut pas déconner ;) ).


  2. Si c’est une série et PBLV appartient à une catégorie de séries qui s’appelle le soap. Le soap est on ne peut plus proche du terme de « série »



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