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1864 – Amour et trahisons en temps de guerre (Partie 1)

1864 – Amour et trahisons en temps de guerre (Partie 1)
Vivien Lejeune

Ce jeudi 25 prendra fin, à 20h50 sur Arte, la diffusion éclair de la mini-série danoise écrite et réalisée par Ole Bornedal. Huit épisodes aux dimensions épiques et romanesques qui méritaient bien que nous lui consacrions une semaine spéciale, à raison d’une interview par jour, inaugurée aujourd’hui avec charme et passion par la comédienne Sarah-Sofie Boussnina (Claudia).

Elle est celle par qui le téléspectateur peut remonter le temps et devenir le témoin des événements tragiques survenus lors de la guerre des Duchés ayant opposé la Prusse et l’Autriche au Danemark entre février et octobre 1864. De nos jours, Claudia, une junkie essayant de fuir un contexte familial difficile, fait la connaissance du Baron Severin (Bent Mejding) et commence la lecture du journal intime de la grand-mère du vieil homme : Inge Juel (Marie Tourell Søderberg). Insouciance, idéalisme, amours interdits ou contrariés, traumatismes et destins brisés se croisent et s’entrechoquent au rythme des pages tournées… Autant d’échos du passé qui toucheront la jeune femme bien au-delà de ce qu’elle aurait pu anticiper.

Cet entretien a été réalisé dans le cadre du 55ème Festival de Télévision de Monte-Carlo.

1864-Poster

Connaissiez-vous bien cette période de l’Histoire Danoise avant d’être engagée sur 1864 ?

J’avais lu des choses sur la guerre lorsque j’étais en cours d’Histoire, à l’école… Mais je n’étais pas si bien informée que cela. Par exemple, je n’avais aucune idée du nombre de personnes qui y avait laissé la vie. L’opportunité de travailler avec Ole Bornedal sur cette mini-série m’a énormément appris. Prendre conscience du nombre de pertes et de la folie qui a engendré ce conflit a même été assez choquant.

Votre personnage incarne justement cette jeunesse désabusée, peu tournée vers le passé et qui, pourtant, va faire le lien entre les événements d’hier et ceux d’aujourd’hui…

C’est ce qui rend cette histoire universelle et qui fait que tout le monde peut s’identifier aux personnages. Bien que l’époque ne soit pas la même, nous sommes toujours confrontés aux mêmes préoccupations. Claudia a perdu son frère à cause d’une guerre et toute sa famille s’en trouve à présent brisée. Elle est à la fois très triste et très seule. Cette mise en parallèle des deux intrigues montre bien que peu importe quand on a perdu quelqu’un, les sentiments restent exactement les mêmes. Peu importe le siècle où ces faits se sont déroulés. Aujourd’hui… ou en 1864. C’est la même chose.

Au-delà du seul divertissement, pensez-vous que ce type de mini-série soit important pour le devoir de mémoire ?

Oui, absolument. Et tout spécialement lorsque l’on touche à l’Histoire. Sans ce type de programmes, beaucoup de gens resteraient dans l’ignorance. De plus, ils nous en apprennent beaucoup sur le temps en lui-même. Qu’est-ce que le temps, finalement ?… Celui que nous vivons en ce moment ? Celui qui, soudainement, n’est plus là ? Prenez Claudia, par exemple. Elle vit l’instant présent sans rien en attendre. Son quotidien est vide et elle se moque de tout. Puis, elle rencontre ce vieil homme qui n’attend plus que de mourir car il a perdu sa femme, ses amis et toute sa famille… Ils se trouvent l’un l’autre, juste au bon moment. Encore une fois, qu’est-ce que le temps ? C’est sur cette notion que j’ai le plus appris au contact d’Ole Bornedal. Quand vous êtes jeune, vous ne vous posez pas toutes ces questions de l’avant et de l’après. Mais le temps est capital. En particulier celui que nous partageons avec quelqu’un avant de le perdre…

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Comment vous êtes-vous préparée à devenir Claudia ?

J’ai été engagée environ un an et demi avant que le tournage ne commence. Ce qui est vraiment très long. J’ai d’ailleurs travaillé sur une autre série entre les deux… 1864 est l’un des projets les plus difficiles auxquels j’ai eu l’occasion de participer. Et, sans aucun doute, le plus gros. J’ai eu de nombreuses réunions avec Ole afin de mieux comprendre et façonner le personnage. Y compris physiquement. J’ai totalement changé d’apparence et j’ai essayé d’appréhender un peu la vie à sa manière. Le tournage a eu lieu très loin de chez moi et je n’ai donc eu aucune difficulté à absorber cet environnement avec un regard neuf. J’ai également passé beaucoup de temps avec Bent, qui interprète le rôle du vieil homme… Nous nous retrouvions régulièrement et répétions tous les deux, en plus d’essayer de bien cerner cette relation entre nos personnages. Il fallait vraiment que l’on ressente cette alchimie entre eux. En un sens, on n’est pas très loin d’une histoire d’amour… Il fallait que l’on puisse y croire.

N’y a-t-il pas un côté frustrant à jouer dans le plus gros budget de l’histoire de la télévision du Danemark tout en ne prenant jamais part aux scènes épiques et aux reconstitutions ? Finalement, votre personnage n’apparaît presque qu’en huis-clos…

(Rires). J’adore mon arc narratif mais j’avoue que je me souviens m’être rendue à Prague pour un rendez-vous avec Ole pendant qu’ils tournaient une gigantesque scène de guerre là-bas. Et j’avais vraiment envie d’aller y assister… Mais cela s’est malheureusement révélé impossible. J’avais entendu dire qu’il y aurait plus de 250 figurants et que ça allait être assez gigantesque ! Du jamais vu au Danemark… Alors, oui, j’aurais bien aimé y être et monter à cheval (rires) ! J’aime beaucoup Claudia mais ça aurait été vraiment génial de participer aux séquences d’époque.

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Claudia n’en est pas moins un personnage capital. C’est à travers ses yeux que se révèle la « petite histoire dans la grande »… Il y a, notamment, cette scène où elle découvre la peinture représentant une des batailles ; dont on peut voir les détails à l’occasion du générique d’ailleurs. Certaines de vos scènes vous ont-elles touchée plus que d’autres ?

Celle dont vous parlez en fait définitivement partie. Je pense également à celle où le Baron Severin me demande de porter une robe et de dîner avec lui… Ou encore au moment où nos personnages découvrent qu’ils sont de la même famille [un lien dévoilé à l’occasion de l’épisode 6, diffusé la semaine dernière sur Arte – ndlr]

Connaissiez-vous ce twist narratif dès le début ? Aviez-vous pu lire l’ensemble des scénarii avant de commencer le tournage ?

En effet. Et, selon moi, c’est tout simplement très beau… véritablement émouvant. Bent est un acteur absolument incroyable. Il est si intense dans cette scène… que ça en devient extrêmement facile de jouer avec lui. Il est tellement dedans. Tout devient palpable, réel. C’était génial.

Avez-vous tourné en studios ou en décors naturels ?

Nous étions dans un véritable château au Danemark… Tout a été filmé sur place. Je n’ai absolument rien fait en studio.

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Plusieurs erreurs, ou libertés, historiques ont en effet été pointées du doigt. En particulier en ce qui concerne l’implication de l’Allemagne dans le conflit…

Oui, mais vous savez… je commence à avoir joué dans pas mal de films et de séries, alors je ne dirais pas que ça ne m’affecte pas mais je fais néanmoins en sorte de ne pas trop m’en préoccuper. J’ai rencontré des gens adorables qui semblent avoir vraiment aimé la mini-série et l’ensemble des personnages. On m’a dit du bien du look choisi pour Claudia…

1864 n’est pas un documentaire, de toute façon… La série se rapproche plus d’une grande fresque romanesque…

Exactement. D’ailleurs, le scénario s’inspire d’un roman. Mais les choses sont ce qu’elles sont… Il faut accepter les critiques. Les bonnes comme les mauvaises.

Comment était-ce de travailler sous la direction d’Ole Bornedal ?

C’était une expérience formidable. Je l’ai toujours considéré comme l’un de mes réalisateurs préférés et j’ai toujours eu envie de collaborer avec lui. Dès le scénario, il est capable de rendre les personnages si vivants et on sent qu’ils existent tous réellement dans sa tête. C’est tellement appréciable de travailler avec quelqu’un qui sait exactement ce qu’il veut et, surtout, qui soit en mesure d’expliquer si bien les choses. Durant les réunions dont je vous parlais un peu plus tôt, nous essayions différentes façons d’interpréter au mieux le personnage… L’une de ses principales qualités est qu’il ne se fait jamais de souci à propos du temps. Ce qui, forcément, rend le travail beaucoup plus facile pour les comédiens, coutumiers du fait de ne pas pouvoir refaire une meilleure prise pour cause de planning serré… S’il veut consacrer toute une journée au tournage d’une seule et même scène, c’est exactement ce qu’il fera.

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Selon vous, quelle aura été la principale difficulté à surmonter dans l’élaboration de 1864 ?

Je pense que ça été de trouver le juste milieu sans me sentir trop proche d’elle tout en éprouvant toute cette vulnérabilité qu’elle renferme. C’est quelque chose de vraiment très difficile. A quel point est-elle perturbée ? Quelle nuance vais-je trouver pour mieux l’incarner ?… A chaque fois que je rentre dans la peau d’un personnage, je veux en tomber amoureuse. Peu importe à quel point ils peuvent être dérangés. Il me fallait donc comprendre pourquoi et comment elle était devenue ainsi… Pourquoi s’est-elle éloignée de ses parents ? Pourquoi se fout-elle de tout ? C’est par les réponses à ces questions que vous pouvez éprouver de l’empathie pour elle.

(Propos recueillis et traduits par Vivien LEJEUNE)

Crédits: © Per Arnesen/ZDF

Retrouvez, dès demain, la suite de notre dossier consacré à 1864 avec l’interview du producteur le série : Jonas Allen.

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