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Au cœur du Scandal

Au cœur du Scandal
Alexandre LETREN

Depuis la semaine dernière, M6 diffuse chaque mardi de l’été la très bonne série de Shonda Rhimes, Scandal. Une série addictive au possible qui a pris son envol dès la saison 2 en allant délibérément dans l’excès avec ses rebondissements, mais nous rendant par la même totalement accros. Lors des 53ème et 54ème édition du Festival de Télévision de Monte-Carlo, nous avons pu rencontrer 4 membres du casting de la série, Darby Stanchfield (Abby Whelan), Bellamy Young (Mellie Grant), Joshua Malina (David Rosen), et Jeff Perry (Cyrus Beene), et ainsi comprendre les raisons de ce succès grandissant de la série.

Retrouvez Scandal, dans l’ombre de House of Cards

Comme je viens de le dire, Scandal est une série « over the top« , tout ce qui arrive et que vous découvrirez dans les futurs épisodes, est très intense pour le spectateur. Tout va très vite (certains diront trop vite) mais c’est sans doute ce qui garde le spectateur « captif »: « Notre ambiance de travail est vraiment très bonne, un peu comme si on était des gamins de 11 ans. Et cela permet de modérer ce que vous disiez, les storylines qui vont loin. Washington, où la série prend place, c’est LE lieu de pouvoir, les enjeux ne pourraient pas être plus importants qu’ils ne le sont. Mais de manière authentique, [ces personnages créent] souvent un désordre sanglant à partir d’une situation déjà tendue. Et donc il y a des crises, et des crises que les personnages créent eux mêmes à droite et à gauche. Et cela mène à une véritable intensité dans un environnement qui va déjà être intense parce que c’est la Maison Blanche, parce que c’est Washington DC ». (Jeff Perry).
Bellamy Young insiste d’ailleurs sur le fait que précisément, tout le travail des comédiens est de faire en sorte que leur jeu contre-balance un peu ces situations extrêmes: « A chaque fois que je lis un script et que je trouve ça incroyable, j’ai peur que les auteurs ne parviennent pas écrire quelque chose de meilleur. Et puis ils me donnent un nouveau script, et je me rend compte qu’ils sont parvenus à monter encore d’un cran. Ce que je trouve stupéfiant, c’est qu’ils arrivent à renforcer les histoires, à donner à tous ces événement des racines authentiques, émotionnelles, auxquelles on peut s’identifier. Et on travaille très dur pour s’appuyer là dessus, l’utiliser comme une base plutôt que de le jouer dans le mélodramatique pur et l’hyperbole.

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Autant la saison 1 était intense mais savait « se contrôler », autant dès la saison 2, les intrigues s’accélèrent très nettement, entraînant le spectateur dans un tourbillon d’émotions en tout genre. C’est d’ailleurs dès la saison 2 que l’audience de la série a vraiment décollé et que la série a trouvé son public comme nous le rappelle Darby Stanchfield: « La saison 1, on l’a tournée, puis elle a été diffusée. L’audience de cette saison a été continue, solide mais pas dingue non plus. La saison 2, au fur et à mesure qu’on la tournait en flux tendu par rapport à la diffusion, a vu son audience croître encore et encore et, d’un coup, on s’est mis à me reconnaître alors que je sortais de chez moi, preuve que beaucoup de gens la regardaient. Je pense que ça fonctionne parce que c’est original et ça correspond à l’actualité, à ce que l’on vit en ce moment, twitter, facebook, les réseaux sociaux, nos vies privées le sont de moins en moins, il y a beaucoup de transparence donc je pense que les gens s’identifient à ça, même s’ils ne sont pas politiciens, ou des gens riches et importants. »
Ce succès grandissant de la série, le fait que la série fasse désormais le buzz à chaque diffusion, a surpris les comédiens eux-mêmes comme le souligne Joshua Malina: « Ça fait des années que je fais ce métier, depuis 25 ans, et j’ai travaillé dans de nombreuses séries qui n’ont pas abouti, qui ont eu peut-être 5 ou 11 épisodes, ou comme Sports Nights qui n’était pas un immense succès mais qui a eu 2 saisons; et ensuite j’ai eu l’opportunité d’être dans À la Maison Blanche qui était déjà un succès quand j’ai été casté; et là, c’est la première fois que je fais partie de quelque chose qui ne faisait pas l’unanimité au départ, et j’ai senti l’évolution de la série, des audiences. Le soir où le pilote a été diffusé aux Etats Unis, je me suis couché avec le téléphone portable à la main pour qu’au réveil, je puisse savoir quelles étaient les audiences. Et ce n’était pas de très bonnes nouvelles, c’est devenu quelque chose auquel je me suis habitué : m’inquiéter toutes les semaines de savoir si on allait continuer l’aventure ou pas. Et puis d’un coup, on a décroché notre seconde saison et l’été durant la seconde saison, l’histoire a changé et je regardais mon téléphone en pensant “attends, les audiences augmentent là”. Je pense que la raison est simplement que Shonda sait comment construire petit à petit une histoire, elle a fait le choix de tabler sur le long terme et petit à petit on a attiré et gardé les gens. »

L’une des clés du succès de la série dès la saison 2 est la présence renforcée des comédiens de la série sur les réseaux sociaux, notamment Twitter, avec les live-tweets des épisodes: « Je pense qu’il y a eu un aspect réseaux sociaux non négligeable dans le sens où tout le casting, depuis le début, s’est engagé à être sur twitter quand la série est diffusée et à faire des live-tweets, d’interagir avec les fans, et les fans ont été vraiment contents et ils se sont engagés envers nous, envers la série. » (Joshua Malina).
La présence du casting sur Twitter comme une des raisons du succès est confirmée par Bellamy Young: « Je ne pense pas qu’on aurait eu de seconde saison sans nos “gladiateurs” [les fans de la série, ndlr]. Ils ont vraiment tout changé. Je pense même que ça va devenir le paradigme pour toutes les séries à l’avenir, que ça va devenir obligatoire parce que les gens attendent une expérience interactive. Plus personne n’a d’expérience passive aujourd’hui devant un programme à la télé. Même les livres s’avancent vers de nouveaux territoires [multimedias, ndlr]. Donc je pense que c’est fondamental. Et je sais que c’est un plaisir pour nous de le faire. C’est comme jouer une pièce de théâtre parce que vous voyez comment la série est reçue par le public. Et vous pouvez découvrir comment vos histoires ont un impact sur les gens, vous avez une relation vitale et grandissante avec ceux qui vous gardent à l’antenne et qui sont la raison pour laquelle vous faîtes votre boulot. »

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Enfin, comment ne pas mentionner le travail de Shonda Rhimes, bien entendu, sur la série. Souvent comparée à LA série politique The west wing, Scandal n’est pas très éloignée de son aînée comme nous l’explique Joshua Malina: « Ils (Shonda Rhimes et Aaron Sorkin ndlr) ont des styles d’écriture similaires en terme de dialogues très rapides ; les scripts de Sorkin et Rhimes sont littéralement plus épais, ils ont plus de pages qu’un épisode moyen de n’importe quelle autre série. Ça impose un certain style de jeu d’acteur, et une vitesse qu’il faut systématiquement maîtriser pour pouvoir sortir tous les mots correctement. Je dirais que dans le monde de Shonda, les scènes de sexe se déroulent devant la camera, alors que Aaron c’est plutôt suggéré. Je pense que c’est la principale différence. Mais ils sont tous les deux fascinés par l’écriture de personnages intelligents, précis, qui savent s’exprimer. Et ce sont des personnages de rêve à incarner pour un acteur ». Pour Darby Stanchfield, clairement, Shonda Rhimes est une auteure hors pair qui sait marier le mélange des genres qui fait le succès de Scandal: « Shonda Rhimes est un génie. Elle a une façon magnifique de mélanger le procedural, c’est-à-dire des petites histoires différentes chaque semaine, et l’aspect sériel, un peu de soap, sans l’être trop. C’est un équilibre parfait et les personnages sont très précis, ils sont originaux… Vous ressentez des choses pour eux, vous savez qu’ils ne sont pas juste des têtes parlantes faisant de l’exposition d’informations. Elle a aussi un incroyable talent pour les discours, les points de vue des personnages, ils sont intelligents, drôles, tristes et parfois tout ça dans un même dialogue. Donc je la trouve incroyablement talentueuse à mélanger plein de choses différentes, plein d’éléments assemblés qui la font sortir du lot et la rendent si unique. »

Scandal c’est chaque mardi 20h50 sur M6

Crédits: ABC
Enregistrée au Festival de Télévision de Monte-Carlo
Traduction des interviews par Claire Tirilly et Charlotte Calignac