Image Image Image Image Image Image Image Image Image Image
Scroll to top

Top

Un Commentaire

Balade dans Paris avec Sarah-Jane Sauvregrain

Balade dans Paris avec Sarah-Jane Sauvregrain
Alexandre LETREN

Lors de la 16ème édition du Festival de la fiction télé de la Rochelle a été présentée la nouvelle série de Arte (prévue en 2015) signée Virginie Brac (Engrenages, Les beaux mecs) et réalisée par Gilles Bannier: Paris, en 6×52 minutes. 24 heures dans la vie de personnages qui se croisent et qui vont voir leur vie bouleversée. Avec en toile de fond, la ville de Paris comme personnage à part entière. Paris, c’est le coup de cœur de Season One du Festival. On vous en parlera naturellement très bientôt mais auparavant, nous souhaitions l’évoquer en discutant avec l’une des héroïnes de la série, Sarah-Jane Sauvegrain (Ainsi soient-ils). Son personnage d’Alexia est vraiment superbe, original c’est le moins que l’on puisse dire…et nouveau pour la fiction française.

Season One: Qu’est ce qui vous a séduit dans ce projet atypique?

Sarah-Jane Sauvegrain: J’aime ça les projets atypiques. C’est aussi le cas sur l’autre série dans laquelle je joue qui est Ainsi soient-ils. Faire une série sur des prêtres, c’était pas gagné d’avance et j’y suis très attachée. Dans Paris, tous ces personnages et ces destins qui se croisent, renvoient à une sensation que j’ai à Paris. Celle de croiser des gens que je ne connais pas du tout mais qu’il m’arrive parfois de recroiser deux ou trois fois par jour. Car Paris c’est une grande ville certes, mais c’est finalement assez petit.
Je trouve la série bien ficelée et mon personnage fait un peu office de lien dans cette toile d’araignée de relations humaines. Quand j’ai lu le scénario, je me suis dit qu’il y avait beaucoup de choses à jouer. Il y a des situations de stress, de l’argent en jeu, des vies en jeu; il y a une histoire avec mes parents qui ne m’acceptent pas du tout, ce petit garçon que je recueille et mon frère qui fait la guerre en Irak et qui reviendra plus tard dans la saison.

Season One: Quand on est une femme et qu’on reçoit un scénario dans lequel on est un transgenre, on se dit quoi?

S-J.S: C’est vrai que ça fait un peu bizarre (rires). Et puis Gilles (Bannier) m’a tout de suite rassurée, il a su me prendre par les sentiments et m’a expliqué que c’est parce que je suis très féminine qu’il m’a choisie. Il faut dire que j’aime tout ce qui est à contre-emploi et quand il faut composer. Je ne connaissais pas les transsexuels avant et j’aime beaucoup quand je prend un rôle faire des recherches. Je suis donc allée chercher ce qui pouvait me toucher chez eux, j’en ai rencontré. Je me suis rendu compte que ce n’était pas seulement le cliché qu’on imaginait. Certains sont bien sûr plus dans l’excès mais d’autres sont assez invisibles et ne sont juste pas en accord avec ce que la nature leur a donné, comme prisonniers dans un corps. Ils vont alors prendre leur vie en main et décider de choisir eux-mêmes leur destin. Ce qui bien entendu ne se fait pas sans souffrance car il y a toute une transformation physique qui s’opère en raison de la prise d’hormones. Dans mon cas dans la série, ça se traduit par un début de poitrine, la prostate se retire et devient de plus en plus petite (dans la série, ça fait 3 ans que j’en prends). C’est donc quelquechose de très perturbant à vivre car quand on se regarde dans la glace, on peut finalement se demander ce qu’on est. C’est par le regard d’un enfant que mon personnage décide d’y aller « et d’emmerder » tout le monde. La seule chose qui me blesse c’est que mes parents n’acceptent pas ma situation.

paris2

Season One: Justement, la scène où le jeune garçon vous découvre allongée sur le lit, endormie et laisse apparaître votre poitrine, puis votre sexe d’homme, n’est sans doute évidente à appréhender à la lecture du scénario, ni facile à jouer…

S-J.S: Je portais une prothèse bien sûr mais il a fallu la faire et on passe par des choses très intimes. Gilles Bannier a très bien su me mettre à l’aise. Il a filmé ça de manière légère et jamais crue. J’ai eu une grande confiance en lui sur cet aspect là. Mais c’est certain que sur le plateau, j’étais assez gênée par la situation et par la prothèse que je portais devant tous les techniciens présents.

Season One: Il y a par moment dans la série, notamment dans vos scènes de cabaret, des moments presque onirique. 

S-J.S: Oui c’est tout à fait ça. Il y a par la suite des situations qui viennent se lier et se délier dans ce cabaret. Je suis amenée à plusieurs reprises à y chanter. J’ai interprété ces chansons mais, si ma voix est grave quand je parle, cela donnait durant le chant par moment, des notes très aiguës. Or on voulait dès le départ que l’ambiguïté soit posée. C’est donc Hervé Salters (le compositeur de toutes les chansons) qui me double. C’est une excellente idée en soi car ça met le doute dès le départ et il n’y pas besoin d’expliquer la situation.
Il y a aussi beaucoup de nostalgie qui passent dans les chansons que je chante, ces ritournelles qui renvoient aussi à un vieux Paris; une époque où les femmes chantaient dans les cabarets, à un Paris qui a disparu. Et en même temps, il y a de la modernité avec le décor, on est contemporains, on est en accord avec notre temps. Paris rend hommage à ce passé là de la ville tout en avançant vers la modernité.

Season One: Pardonnez moi l’expression, mais c’est un rôle « couillu » pour une comédienne…

S-J.S: (éclate de rire). J’aime les défis. Je suis hyper contente de l’avoir fait car ce fut compliqué sur le casting au départ.

Crédits: Arte
Enregistrée au Festival de la Fiction TV de la Rochelle