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Braquo: « 4 moins 1 Caplan! »

Braquo: « 4 moins 1 Caplan! »
Alexandre LETREN

La review

LA SAISON
6.5
LE SCENARIO
6.5
LE CASTING
7.5
6.8

Badass

Braquo saison 3 continue sur la lancée de la saison 2 dans le registre série décomplexée tout en revenant à certains fondamentaux. Mention spéciale au personnage de Vogel!

Le coup d’envoi de la saison 3 de Braquo, très attendue saison 3, sera donnée le 10 février prochain sur Canal+. Après le final dantesque de la saison 2, il fallait relancer l’intrigue fil rouge et proposer une nouvelle arche  narrative capable de tenir le public autant en haleine que sur la saison 2. Entre l’incroyable Vogel et la confrérie des « Vor V Zakone », l’équipe de Caplan aura largement de quoi faire. Mais est ce que le public lui y trouvera son compte?

Au début de cette nouvelle saison, ce qui reste du groupe SDPJ 92 est encore plus fracassé et chacun d’entre eux cherche à surmonter son affliction face à Théo Wachewski, entre la vie et la mort. Il faut cependant reprendre du service quand un ancien policier met Caplan et ses hommes sur un très gros trafic orchestré par une puissante mafia de l’est. Eddy, Roxanne et Walter se retrouvent au cœur d’une guerre de succession entre ‘Vor V Zakone’, des mafieux russophones mêlant des Russes, des Arméniens et des Géorgiens. De son côté, Vogel se prépare en coulisses et attend le bon moment pour tomber sur le groupe et en finir DÉFINITIVEMENT avec Caplan.

bra

Le principal reproche que l’on pouvait faire à la saison 2, c’était d’avoir beaucoup complexifié l’intrigue, de l’avoir rendu trop dense par rapport au nombres d’épisodes qu’il y avait. Mais la tâche était dure pour Abdel Rouf Dafri car il devait se mettre dans les pas de Olivier Marchal, tout en imposant son propre style. C’est le cas dans cette saison 3 qui est davantage la saison de Dafri.

Cette nouvelle saison resserre un peu l’intrigue, la simplifie (parfois un peu trop on y reviendra), la lie à la seconde intrigue, celle de Vogel, pour créer un vrai ensemble. Le terme de « western urbain » a souvent été utilisé en saison 1. C’est encore plus le cas dans cette saison 3. Mais pour une saison qui revient au basique, le groupe Caplan, et à ce qui a fait le sel de cette saison 1, ce n’est peut-être pas totalement un hasard.

« Quand on veut jouer au vicieux, faut l’aimer ce jeu »

vogel

J’avais déjà souligné que la très bonne idée de la saison 2 (que j’ai défendu malgré les critiques qu’elle récoltait) était la création d’un vrai méchant de fiction en la personne de Vogel. Un méchant comme on en voit peu à la télévision française qui n’aime pas ce type de salaud: « Un monstre que la fiction française n’assume que très rarement. Perso, je le revendique » (Abdel Raouf Dafri). Chez nous, sans doute par soucis de rassurer le public, nos méchants doivent avoir de vraies raisons « valables » d’agir. On ne met que très peu en scène le méchant pur, juste animé par sa propre folie. C’est pourtant le cas avec Vogel, un pur psychopathe, campé à merveille par l’excellent Geoffrey Thiebaut. Dans cette saison 3, même si on a peu le sentiment parfois qu’il n’est pas assez assez exploité, il confirme son statut de vrai méchant charismatique. Mieux, il trouve en la personne de Lizzie Brocheré une alter ego de poids. Incontestablement, ces deux là sont les deux très belles révélations/confirmations de cette saison. Orianne est dangereuse par sa fragilité à fleur de peau, et Vogel l’est par sa folie. Il forme un « couple » complémentaire et efficace, avec ce mélange d’attirance et de répulsion. Dommage d’ailleurs que ce couple si complexe en début de saison, s’étiole petit à petit à mesure que la saison ne se déroule. Orianne apparaît si terrifiante quand elle demande à Vogel d’abattre un « indic » très particulier, et semble plus « oiseau » tombé du nid dans son face à face avec Caplan. Un « revirement » que je n’explique pas trop si ce n’est au regard de la saison qui arrive à son terme. Car comment expliquer sinon l’incroyable machination qu’Orianne met au point pour, au final, terminer son histoire de la façon dont elle se termine? Ou alors, c’est une maière de revenir à la série en la dépouillant de tous les artifices et se concentrer uniquement sur les personnages et le poids de leur parcours?  Mais Lizzie Brocheré (vue dans American Horror Story Asylum) est bouleversante d’émotion dans cette saison.
Et Vogel? Il ouvre la saison et la referme. Deux scènes qui se répondent car démontrant non seulement l’incroyable personnage de méchant qu’il est devenu, mais aussi mettant en lumière ce formidable comédien qu’est Geoffrey Thiebaut, aussi gentil et agréable à la ville, que terrifiant à l’écran. Mais Vogel est aussi l’incarnation de la nouvelle orientation prise par Braquo, devenue une série totalement décomplexée, où chacun, à l’image de Abdel Raouf Dafri, semble s’amuser. Pour le meilleur, mais aussi non pas pour le pire, mais tout du moins pour le moins bon.

Vor V Zakone un jour, Vor V Zakone pour toujours

Si chaque saison de Braquo continue de dérouler le fil de l’histoire de ces flics, elle n’oublie pas de raconter une intrigue policière. Dans cette arche tournant autour de cette confrérie de criminels nés dans les prisons russes, il y a de très bonnes choses. A commencer par le choix des comédiens qui les incarnent. On peut féliciter Sylvie Brocheré, la directrice de casting, pour le choix des comédiens, des gueules comme on en voit malheureusement trop peu à la télévision. Un casting réussi qui fait que l’on croit à ces personnages. Mais malheureusement, si l’affrontement entre ces personnages est passionnant à suivre (une lutte de pouvoir impitoyable pour le contrôle de la Confrérie), l’intrigue elle a un peu trop tendance à ne tourner qu’autour de cet affrontement, se résumant de manière un peu trop systématique à un dézingage en règle à chaque épisode. Si les scènes d’action sont véritablement très bien filmées, elles ne peuvent pas suffire à bâtir une histoire. De même, il y a trop de personnages, de clans mis en scène dans une saison aussi courte pour que ça ne paraisse pas touffue et parfois difficilement compréhensible pour saisir en toutes les alliances. Certes, les explications apportées par Andreas, le flic russe, permettent de lever un peu le voile, mais elles apparaissent un peu trop parfois comme justement placées là pour fluidifier un peu l’intrigue.

En revanche, le dernière partie de la saison est d’une intensité rare quand l’affrontement entre ces bandes arrive à son paroxysme. Violente, poignante et bouleversante, cette partie signe des grands moments, notamment avec l’arrivée d’un salaud plus salaud que les salauds en la personne du « Turc ». Son échange avec Morlighen en fin de saison est glaçant.

Je l’ai dit, si le casting est réussi et si l’intensité de l’affrontement entre ces équipes de damnés de la Terre est prenante, en revanche, le côté systématique de l’affrontement, la surenchère dans la violence gratuite peuvent et risquent de laisser de côté certains spectateurs. Au point qu’on en vienne à se demander comment Caplan pourrait les stopper s’il n’avait pas la bonne idée de s’entre tuer les uns les autres.

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Un retour aux sources

La saison 3 est pour Braquo une belle occasion de revenir aux origines de la série. Dans tous les sens du terme. D’abord en se focalisant à nouveau sur le groupe de Caplan, et comment il se maintient, ou tente de se maintenir avec l’attentat contre Théo. Je ne suis d’ailleurs absolument pas fan de l’évolution du personnage de Delgado (Karole Rocher). Elle n’est devenue qu’une caricature dans cette saison, et les intrigues tournant autour d’elle me laissent de marbre.
Braquo revient également à ses origines grâce à un épisode assez original, le numéro 6, et qui lève le voile non seulement sur les liens entre certains personnages de cette saison, leur motivation, mais aussi, en replongeant 5 ans dans le passé, permet de revenir aux origines de l’équipe Caplan et le début de sa descente aux enfers, en somme une sorte de préquel à Braquo. L’épisode convoque au passage LE personnage fondateur de la série (on ne dira pas lequel), un personnage crucial. Un exercice de style difficile mais que Abdel Raouf Dafri réussit très bien en se calant dans les pas de Olivier Marchal puisque tenu de « revenir » à ce qui faisait la série en saison 1. Un exercice réussi mais casse gueule car c’est aussi rappeler ce qu’était la série (une histoire d’hommes et de femmes, affectés terriblement par leur travail), par rapport à ce qu’elle est devenue, différente mais toujours prenante.
Il y a d’ailleurs une scène assez « terrible » dans cet épisode. Un scène anodine mais qui en dit long sur le fait que l’équipe de Caplan ressemble à des damnés. C’est la scène du barbecue. En la voyant, je me suis fait la remarque que c’était sans doute, en 3 saisons, l’une des très rares (et peut-être trop rares) scènes « de lumière » dans cette série.

Cette saison 3 de Braquo fut très plaisante à suivre car, malgré les points négatifs pointés du doigt (et auxquels on peut rajouter des rebondissements très attendus par moment), elle a su mettre en scène une galerie de personnages vraiment réussie. Un aspect que la série avait un peu trop laissé de coté en saison 2. Quand on voit Braquo, quand on voit sa construction, on sait que l’on est dans une vraie série faite par des gens qui en connaissent la définition et la manière d’en faire. Cela n’empêche pas les couacs, les ratés mais ça permet de les replacer dans un ensemble qui se construit sous nos yeux, saison après saison. Et comme toute bonne série, Braquo se termine sur un double cliffhanger puissant dans l’intensité mais convenu dans sa construction narrative et les résolutions qu’il impliquera en début de saison 4…à moins que Abdel Raouf Dafri ne nous surprenne, ce qui serait des plus agréables. 

Copyright :© CAPA DRAMA / CANAL+ / Photo Tibo & Anouchka

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