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C KWA…une anthologie?

C KWA…une anthologie?
Christophe Brico

“Cliffhanger”, “Ensemble Cast”, “Spin Off”, “Franchise”, sont parmi les anglicismes que nous, chroniqueurs, critiques, sériphiles et journalistes de tout poils employons allègrement dans nos articles en oubliant parfois que les téléspectateurs / lecteurs, qui viennent à nous pour un avis ou juste avoir l’idée générale de ce qu’est une série qui les intéresse, ne connaissent pas forcement. Il était temps de corriger cette erreur !
Dans cette série d’articles, vous trouverez un mot dont nous essaierons de définir le sens. Attention, il ne s’agit pas d’un dictionnaire, nous n’avons pas vocation à être exhaustif et exclusif, mais simplement à vous mettre en lumière l’idée, telle que nous la concevons, qui se cache derrière le mot.

Anthologie (Anthology)

Commençons par un mot simple, qui n’est certes pas exclusif aux séries télé, mais vient de la littérature. Littéralement, le mot vient du grec “anthologia” qui signifie florilège, dans son sens le plus littéral, en l’occurence : sélection de fleurs (la racine “anthos” signifiant “fleur”).

En littérature, le mot est utilisé pour désigné une collection de textes, généralement courts, cela peut être des poèmes, des nouvelles. Georges Pompidou en a organisé une très célèbre “Anthologie de la Poésie Française”, souvent encore enseignée à l’école aujourd’hui.

Si la facilité de faire usage de la lettre “A” a poussé le choix de ce mot pour un premier article, c’est également parce que l’anthologie télévisuelle est de nouveau à la mode, sous un format bien différent de ce que la télé a connu jusqu’à maintenant.

En effet, dès les années 50, de nombreuses anthologies ont été diffusées à la télévision. Néanmoins, la forme en était plus proche du matériaux littéraire. On pourra citer le “Science Fiction Theatre (cité par Georges McFly dans le film Retour vers le futur, par exemple) diffusé de 1955 à 1957, qui racontait des histoires de science-fiction à la manière des magazines pulps de l’époque tels que Amazing Stories, Astondishing Stories, etc.

Bien entendu dans le genre de la SF, c’est sans doute “The Twillight Zone” / “La Quatrième Dimension (CBS de 1959 à 1964, repris sur la même chaîne de 1985 à 1989 puis sur UPN en 2002-2003) qui est la plus célèbre des anthologies, et il ne faut évidemment pas oublier de citer, dans le genre du mystère, Alfred Hitchcock Presents (CBS et NBC de 1955 à 1965), repris dans les années 80 (sur NBC de 1985 à 1986 puis USA Network de 1987 à 1989).

A cette époque les anthologies ont une forme très similaire à celle que l’on connait dans la littérature : chaque épisode est une histoire différente, avec des personnages différents, des lieux différents, etc. Le point commun étant le genre (SF, Mystère, etc.).
Dans les années 80, la plupart de ces séries ont eu droit à des retours dans la même forme, et de nouvelles séries, également sur la même forme ont vu leur apparition telle que
Les Contes de la Crypte (de 1989 à 1996 sur HBO), qui conjuguait l’horreur sur la même forme sérielle. Ces genres sont souvent les plus adaptés à la forme de l’anthologie, et, pour ce qui est de l’horreur on pourra citer plus récemment les Masters of Horror (2005-2007 sur Showtime), anthologie menée par Mick Garris, lui même un vieux briscard du genre horrifique, qui essaie de réunir un maximum de réalisateurs emblématiques du genre, ou tout simplement tendance tel que Stuart Gordon, Dario Argento, Joe Dante, John Landis, John Carpenter, Lucky McKee, Takeshi Miike, ou encore Tobe Hooper. Plus récemment encore, l’anglaise Black Mirror (2011-2014 sur Channel 4) reste sur le même mode anthologique, racontant des histoires d’anticipation, chaque épisode étant une histoire différente.

Mais plus récemment, ce que l’on appelle anthologie a pris une dimension différente. En effet, ce n’est plus à l’échelle d’un épisode, mais d’une saison entière que l’anthologie est conçue. On pensera immédiatement à American Horror Story (depuis 2011 sur FX), qui sur le genre de l’horreur développe sur l’ensemble d’une saison une histoire horrifique, généralement hommage à une ou plusieurs itérations du genre connue (Maison hantée, Asile, Slasher, Sorcières, Cirque, etc.), mais chaque saison ne reprend rien de la précédente, si ce n’est les acteurs (ce qui est un des coups de génie de la série). Du coup on a bien une anthologie à l’échelle de 4 saisons (bientôt 5 avec la future AHS: Hotel), on garde totalement la sensation de “série” avec le retour de nombreux acteurs d’une saison à l’autre, mais une histoire, des lieux, des époques et des personnages différents à chaque saison.

AHS Hotel

 

La forme semble prendre, avec des opus plus ou moins réussis. Dans le genre policier (ou pseudo philisophiquo-nombriliste, choisissez), il faut également citer évidemment True Detective (2014-2015 sur HBO) dont la première saison a fait sensation. Sans doute en grande partie à cause de l’impressionnant duo d’acteurs de premier plan qui occupaient la plus grande partie de l’histoire, mais aussi d’une grande constance visuelle, formelle, le même réalisateur ayant shooté tous les épisodes. La seconde saison, qui à part le titre et le scénariste ne reprend quasiment rien de la précédente, elle, a fait plutôt un flop.

Si l’anthologie permet de jouer avec tous les codes d’un genre, sans prendre le risque de la faiblesse de l’histoire (même un épisode faible ne plombe pas l’ensemble), la limite est d’être, d’un point de vue sériel, au degré 0 du développement d’une histoire au long court. Certes l’effet est un peu limité dans les versions “anthologie par saison”, évoquées plus haut, mais il n’en reste pas moins qu’on est très loin des 10 saisons d’X-Files.