Crossing Lines, renouveau de la fiction?
Ce soir, 20h50, TF1 lance une nouvelle série Crossing Lines, créée par Ed Bernero, Rola Bauer et Tandem Communication, et pour laquelle TF1 est l’un des co-producteurs. La pari est grand pour la chaîne car il lui faut à tout prix faire oublier l’échec d’une autre co production, Jo et donc relancer l’intérêt du public de la chaîne pour les co productions. Pour ça, la série peut compter sur un casting choc porté notamment par Marc Lavoine, Donald Sutherland et William Fichtner. Est-ce que ce sera suffisant?
Une unité d’élite composée des meilleurs spécialistes européens est formée pour traquer les criminels les plus dangereux. Grâce à une disposition particulière du tribunal pénal international, ils ont le pouvoir d’appréhender les criminels partout en Europe et de les présenter à la justice.
Le contexte de la série Crossing Lines est effectivement très particulier. Pour créer cette unité un peu spéciale du Tribunal Pénal International, Ed Bernero a une inspiration particulière et en même temps extrêmement logique, « replongeant dans les origines de la naissance du FBI aux Etats-Unis » afin de répondre à une situation que l’on connaît bien en Europe qui est que « avec la levée des frontières, il y a une circulation facile des hommes, des biens….et donc des criminels; qui peuvent se déplacer d’un pays à l’autre sans difficulté mais sans que les polices nationales ne puissent faire quoi que ce soit » (Rola Bauer).
Il faut donc créer une police supra-nationale qui interviennent quand les polices européennes ne peuvent plus rien. Le tout sous l’autorité de Michel Dorn que joue Donald Sutherland: « C’est un procureur à la Cours Pénale Internationale (CPI), un homme qui cherche la justice, un homme qui croit que si des personnes pensent ne plus avoir personne vers qui se tourner, elles peuvent se tourner vers lui et vers la CPI, et que justice leur sera rendue. Le modèle de ce personnage est Luis Moreno Ocampo, que j’ai rencontré dans le terminal de American Airlines aux Etats-Unis. J’étais là à attendre mon vol de retour pour Miami. Les gens n’arrêtaient pas d’arriver, et je voulais seulement rester seul. Je gardais ma tête baissée. Et cet individu arriva devant moi et j’ai dit “oui ?”, sans relever la tête, j’ai juste dit “oui ?”. Il a dit “J’ai cru comprendre que vous jouiez un procureur de la CPI?”. J’ai relevé la tête et j’ai dit “Oui”. Il a dit “Mon nom et Luis Moreno Ocampo, j’étais le Procureur en Chef à la CPI durant les périodes de la Serbie et du Rwanda.”. J’ai dit “Voulez-vous vous asseoir ?”.
Michel Dorn délivre donc l’autorisation à l’équipe de Louis Daniel (Marc Lavoine) d’enquêter sur des affaires et ils se rendent alors dans le pays concerné.
Son équipe est composée d’éléments de différents pays- Allemagne, Italie, France et Etats-Unis- chacun amenant avec lui sa spécialité. Au passage, la série s’amuse des clichés que l’on a sur chaque pays mais les retourne: « Notre but n’est pas de rire des spécificités de chaque membre mais de nous amuser avec les clichés de chaque pays pour mieux les retourner » (Ed Bernero). L’expérience de ce dernier comme officier de police puis comme scénariste sur de nombreuses séries policières de Brooklyn South à Esprits Criminels bien entendu (une des inspirations pour créer Crossing Lines) offre à la série une touche toute particulière.
Efficace grâce à un casting fort dans lequel aucun des « petits nouveaux » ne déméritent à côté de grands noms comme Willian Fichtner ou bien sûr Donald Sutherland, à commencer par Marc Lavoine qui tient vraiment la barre, même si d’aucun diront que c’est dur pour lui d’exister dès lors qu’il se trouve en présence de Donald Sutherland; efficace aussi dans les fils rouges mis en place tout au long de la saison et qui concerne à la fois le personnage de Louis Daniel et celui de Carl Hickman (William Fichtner), personnage qui n’est pas sans rappeler Mahone, le personnage qu’il campait dans Prison Break: « C’est quelque chose que l’on me dit souvent. Ils ont effectivement quelques points communs. Ils sont policiers tous les deux et ont une tendance à tomber dans des drogues. Mais au final, ils sont très différents. On a plus vu le côté sombre de Mahone que celui de Hickman » (William Fichtner).
Il faudra en revanche être beaucoup plus patient pour les enquêtes et passer notamment le très long premier épisode de la série qui certes pose les bases de ce que sera la série mais veut visiblement trop en dire et étend beaucoup trop l’histoire du tueur en série que l’équipe traque. Certes, il y a un twist plutôt malin à la fin et qui fonctionne bien…sauf qu’en multipliant les intrigues, on a oublié de nous intéresser à certains personnages « très importants » pour la suite de la série. Par la suite, les enquêtes deviennent beaucoup plus intéressantes, les histoires plus rythmées.
Crossing Lines n’est donc pas la série la plus originale du moment, elle emprunte beaucoup de choses que l’on a déjà vu ici et là, à commencer par Criminals Minds. Mais bien produite, bien interprétée et efficace, elle devrait à n’en pas douter séduire le public de TF1. Reste que diffusée dans la case du jeudi de TF1, elle se démarque tellement (et pas toujours pour le meilleur) des autres productions franco-françaises comme Falco ou Profilage qu’elle brouille un peu plus la ligne éditoriale de la chaîne. A noter que malgré des audiences décevantes aux Etats-Unis, la série a été renouvelé pour une seconde saison dont le tournage a débuté il y a quelques semaines.
Vous retrouverez durant la diffusion de la série des interviews plus complètes de Ed Bernero et Rola Bauer, de Donald Sutherland, de William Fichtner et de Tom Wlaschiha
Crédits: 2013 Tandem Productions GMBH, TF1 Productions SAS, Dusan Martincek
Interview de Donald Sutherland enregistrée au 53ème Festival de Télévision de Monte-Carlo
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