Emmy 2014: Retour sur le palmarès
La nuit dernière se tenait la grand-messe de la télé américaine (et anglaise), sur NBC, la diffusion des Emmy étant tournante entre les networks, présentée par Seth Meyers. Au-delà de l’exercice de style de la récompense et du discours, la soirée des Emmy est traditionnellement un grand show, dans lequel les remises de prix sont entrecoupées de numéros de pur entertainment. Retour sur la 66ème édition.
The Cable Guy
Alors que la cérémonie fait le prime time d’un Network, ce sont les séries du câble qui sont à l’honneur voire des séries de SVOD comme Orange is the New Black, qui faisait partie des shows totalisant le plus de nominations. C’est d’autant plus vrai qu’avec 4 Emmys le grand gagnant de la soirée est Breaking Bad, Bryan Cranston ayant eu celui du Meilleur rôle masculin dans un drama, Aaron Paul celui du Meilleur second rôle masculin dans un drama, Anna Gunn celui du Meilleur second rôle féminin dans un drama et enfin la série a obtenu le très prestigieux Emmy du Meilleur Drama. C’est donc une fois de plus un carton plein pour AMC. Il faut toutefois relativiser. La série s’est terminée cette saison, et c’était l’ultime occasion de lui rendre hommage, même si les 3 acteurs, notamment, avaient déjà remporté ces récompenses.
D’autres séries du câble ne sont pas en reste, même si les résultats sont loin d’être à la hauteur des pronostics. Fargo n’obtient que que l’Emmy de la Meilleure Mini-Série, Orange is the New Black celui de la Meilleure actrice invitée pour Uzo Aduba, et American Horror Story: Coven s’en sort plutôt bien avec deux Emmys : Meilleure Actrice pour Jessica Lange et Meilleur second rôle féminin pour Kathy Bates. HBO ne fait pas un très bon score sur cette 66e édition, et sa série phare de cette cérémonie, True Detective, n’a rien remporté si ce n’est l’Emmy de la meilleure réalisation pour l’épisode 4 (avec son fameux plan séquence), et ce, malgré la présence très remarquée de Woody Harrelson et Matthew MacConaughey à la soirée. Julia-Louis Dreyfuss sauve la mise avec son Emmy de Meilleure Actrice de Comédie pour Veep.
This is England
Côté networks c’est un peu “on prend les mêmes et on recommence”. Modern Family part encore avec quelques statuettes, notamment celle de la Meilleure comédie et celle du Meilleur second rôle masculin dans une comédie pour Ty Burrell. Jim Parsons lui remporte à nouveau l’Emmy du Meilleur acteur de comédie pour The Big Bang Theory, Et Julianna Margulies celle de la Meilleure actrice dans un drama pour The Good Wife. Bref, rien de très nouveau ici.
La véritable surprise vient sans doute d’Outre-atlantique (pour eux, donc chez nous), et de l’épisode “His Last Vow” de Sherlock, qui remporte trois Emmys : Meilleur scénario de mini-série pour Stephen Moffat, Meilleur acteur de mini-série ou film pour Benedict Cumberbatch et Meilleur second rôle masculin dans une mini-série ou un film pour Martin Freeman. Ces deux derniers n’étant pas présents à la cérémonie, alors même que Martin Freeman était également amplement nommé pour Fargo. Absence remarquée, et seul Stephen Moffat ira sur scène recevoir son prix. Notons également les nombreuses nominations, sans victoire, de Luther et Downtown Abbey.
Enfin, il serait injuste de ne pas mentionner les hommages rendus, par les uns et les autres. Bien entendu Billy Cristal, qui a rendu hommage à Robin Williams, d’une manière assez drôle finalement, mais aussi, et peut-être surtout, Ryan Murphy à Larry Kramer, présent sur scène, lors de la réception de l’Emmy du Meilleur film de télévision pour The Normal Heart, produit et diffusé par HBO et dont la moitié du cast était également nommé (notamment Mark Ruffalo, Julia Roberts, Matt Boomer et Jim Parsons).
Cette 66ème édition des Emmy n’a donc rien de très révolutionnaire, si ce n’est, peut-être, de renforcer l’idée que les standards auxquels nous étions habitués, et sur lesquels se mesurent encore la télévision aujourd’hui, sont de moins en moins pertinents. Qu’il s’agisse des canaux de diffusion – les Networks étant relativement absents des récompensés -, ou de la forme – Orange is the New Black en comédie ? -, la multiplicité des formats, des tons ou encore des multiples possibilités de diffusion témoignent de la floraison créative (au moins en quantité) de l’entertainment domestique et de la difficulté qu’ont les institutions les plus conservatrices à les faire rentrer dans des cases.
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Cathy