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Faire une série à l’ère de Twitter

Faire une série à l’ère de Twitter
Christophe Brico

Dans un article publié sur le site du New-York Times le 09 août 2013 (Lien) six créateurs et scénaristes de séries ont été interrogés sur les nouveaux comportements face au réseaux sociaux, mais aussi, et plus généralement sur un état de la télé moderne, dans la perspective des grands networks, du câble ou encore de la V.O.D. (Video on Demand) via Netflix, essentiellement. On trouve réunis dans ce prestigieux panel et dans le désordre : Shonda Rhimes (Grey’s Anatomy, Scandal), Robert & Michele King (The Good Wife), Scott Buck (Dexter), Terence Winter (Boardwalk Empire), Carlton Cuse (Bates Motel) et Beau Willimon (House of Cards).

Le constat est flagrant : nous sommes passés d’une période dans laquelle l’expérience télévisuelle consistait à allumer sa télé, regarder un épisode, attendre une semaine, au fait qu’il arrive désormais qu’on regarde une saison entière d’un seul coup, parce qu’elle est diffusée ainsi -c’est le cas de Netflix -, on poste sur twitter le grand retournement de situation à ses centaines de followers, ou encore mobilise des milliers de personnes sur Facebook pour se plaindre d’une intrigue ou encore demander le retour d’un show annulé, comme ce fut récemment le cas pour Veronica Mars.

Chacun d’entre eux entretient un rapport différent avec les réseaux sociaux. Shonda Rhimes est connue pour son investissement massif (voir sa page twitter), et surtout celui de l’ensemble de l’équipe de Scandal. A l’opposé, Michele & Robert King, de leur propre aveux, sont des observateurs des réseaux, et non des participants.
Au final le constat est un peu contradictoire. Le principal apport des nouveaux moyens de visionner une série (notamment via la V.O.D.) a pour conséquence une tendance beaucoup plus « feuilletonante » des séries. En effet, c’est la qualité de l’histoire à long terme qui va capturer une audience. Mais le modèle économique, notamment des networks, implique une certaine audience à chaque diffusion, financée par la pub. Dès lors, comme le précise Shonda Rhimes, le fait que tout le monde (l’équipe du show) soit sur Twitter, renforce la sensation pour le spectateur de faire partie d’une expérience “live”, et donc l’envie d’être devant son écran chaque semaine.

Mis à part Michele & Robert King, tous les showrunners admettent utiliser les réseaux sociaux afin de faire la promotion de leur show. Carlton Cuse avoue même avoir twitté avec sa propre mère pour faire la promotion de Bates Motel. Pour les King, la réserve vient du fait de faire face à l’agressivité des internautes. Les fans s’approprient l’histoire et les personnages et critiquent âprement les choix des scénaristes. Pourtant, comme le mentionne Scott Buck : “J’entends ce que vous dites, mais je crois à cette histoire et je vais la conduire vers sa fin logique”. Néanmoins, sur l’écriture, l’ensemble des interviewés admet qu’à des degrés divers, ils ne savent pas nécessairement où va leur show. Beau Willimon dit de l’écriture télévisuelle qu’elle est “plus comme du jazz que comme une symphonie”, une improvisation maîtrisée sur un schéma établi.

Interrogés sur l’intrigue autour du personnage de Kalinda en fin de saison 3 de The Good Wife, les King évoquent l’incompréhension du public. A ce titre, l’apport des réseaux sociaux est de mettre en évidence les moments de l’intrigue qui ne passent pas du tout auprès du public. Comme le mentionne Carlton Cuse, même si votre histoire paraît logique et cohérente, quand vous écrivez “vous êtes tout de même dans une bulle. Au moment où le public devient impliqué, la bulle éclate”.

« Chaque épisode que vous faites est un épisode que vous ne pouvez plus faire »

Enfin, l’article se conclu sur le modèle de diffusion du point de vue de l’écriture. En effet, tous s’accordent sur le fait que le principe de 22 épisodes par saison est trop lourd et devrait être réduits à 13, voir même 10 épisodes. Comme c’est d’ailleurs le cas sur le câble notamment. Pour Beau Willimon, une vraie fenêtre s’ouvre vers une déconstruction totale de ce format de diffusion, en nombre d’épisodes, mais aussi dans leur durée, et dans le concept même de saison. Et sur la difficulté de faire durer un show qui marche, Terence Winter aura la phrase symbolique : “Chaque épisode que vous faites est un épisode que vous ne pouvez plus faire”.

Retrouvez l’article intégral sur www.nytimes.com
Crédits: NYTimes/ Ward Sutton

Tags
New York Times Robert & Michele King The good wife Scott Buck Dexter Terence Winter Boarwalk Empire

Commentaires

  1. Répondre
    Targan82

    J’aime bien les séries avec 22 – 24 épisodes, mais s’ils font 40 minutes on arrive entre 880 minutes et 960 minutes. Avec des saisons de 13 épisodes de 60 minutes comme True Blood par exemple on arrive à 780 minutes. Ce n’est pas beaucoup moins finalement!

    Par contre il y aura toujours le contre exemple de l’un ou de l’autre en fonction de comment la série a été traitée.

  2. Répondre

    Cher Targan82,

    Merci pour ce commentaire.

    En réalité on est sur une différence moins importante de durée (entre 43 et 46mn pour les network et entre 46 et 52mn pour le cable) ce qui fait 946mn pour une saison de network face à 676mn pour une saison du cable. Donc tout de même pratiquement 30% de temps d’antenne supplémentaire pour 40% d’épisodes en plus (donc des proportions comparables). On est donc bien sur une réelle différence substantielle de fiction à créer pour un network.

    Déjà que le cable a du mal à tenir le choc avec 13 épisodes de 52mn, la remarque concernant les networks semble tout de même pertinente.

    Bonjour chez vous.

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