Il n’est rien de plus casse gueule pour une série que de devoir dire adieu à son personnage principal. Comment justifier la continuité d’une série nommée Falco sans Falco? Comment maintenir l’attention du public et des fans vers une série qui va, qu’on le veuille ou non, changer? Des défis majeurs qui ont touché bon nombre d’auteurs de fictions mais qui reste un sacré défi à relever. Falco le relève haut la main. La preuve en 3 points.

Les événements tragiques de la fin de la saison 3 ont bouleversé la vie du lieutenant Falco et de son entourage. Alors que Philippe Chéron, incarcéré, attend son procès pour meurtre et tente de survivre dans un monde qui n’est pas le sien, Falco fait tout pour être présent pour Pauline et Carole, durement éprouvées. Innocenté par les déclarations de Chéron, le flic se bat sans relâche pour sortir son ami de prison avec l’aide de Romain Chevalier, nouvellement papa. Alors que Falco et toute la brigade sont sur les traces d’un tueur en série qui fait surgir du passé le spectre d’un enfant-tueur, les ombres du passé planent. Les migraines de Falco se font de plus en plus présentes et il voit rôder autour de lui un homme aux intentions troubles. Les mystères liés à son coma sont-ils résolus ? Falco va-t-il pouvoir enfin trouver la paix ? Et que veut cet individu mystérieux à Falco et ses proches ?

• Une transition maîtrisée. Sans rien révéler de ce qui arrivera ni comment le départ de Falco sera traité, on peut néanmoins aisément dire que la manière choisie par les auteurs est la bonne. Le risque est grand de voir le public partir en courant une fois le sort de Falco réglé. Souvenons-nous d’une série comme Profiler. Sam Waters fait ses adieux dans le double épisode d’ouverture de la saison 4 avant d’être remplacée par une nouvelle profileuse. Autrement dit, si votre cœur battait pour la première, vous pouviez quitter la série car le reste de la saison est presque un reboot. Et c’est bien l’écueil qui a été évité ici: Falco sans Falco est bien une suite, pas un reboot. Et pour réussir, les auteurs ont intelligemment construit ce début de saison. Ainsi, les deux premiers épisodes sont quasiment intégralement consacré à Falco (une enquête et le fil rouge) Maxime et Claudia (les deux petits nouveaux ndlr) sont presque absents); dans le 3ème, c’est l’inverse, on voit Maxime à l’oeuvre dans une enquête et on nous montre vraiment son futur fil rouge, Falco est à son tour presque « absent ». Le 4ème résout tout ce qui doit l’être autour de Falco.
  Ainsi l’épisode 3 fait office « d’hameçon » tant est si bien qu’on a juste envie de continuer, même Falco parti. Et toujours sans rien révéler, les dernières séquences de Sagamore Stévenin dans la série sont très réussies et très touchantes.
  
• Des nouveaux personnages solides. La réussite du nouveau visage de la série tenait pour beaucoup à la réussite du « nouveau » casting. Il fallait un comédien suffisamment différent pour ne pas avoir l’impression de refaire ce qui avait déjà été fait, et en même temps pas trop éloigné afin que la série ne change pas totalement de visage. David Kammenos est un excellent comédien et la mayonnaise prend tout de suite. Maxime, le nouveau flic atypique, est « lumineusement torturé » et offre ainsi un visage différent de celui de Falco, bien que parfois, on le verra dans un épisode sur les femmes battues, sa conception de la justice ne diffère pas tant que ça de celle de Falco. Mais ce qui en dit long sur ce nouveau personnage, c’est son aversion pour les armes- il n’en porte pas- et le fait qu’il a lui aussi dû mettre sa vie entre parenthèses durant de longues années (comme Falco avec son coma).
  Autre belle découverte et vraie révélation: Anne Sila dans le rôle de Claudia, chanteuse de cabaret et ancienne prostituée. Finaliste 2015 de The Voice où elle avait déjà excellé, la sublime jeune femme au look soigné entre dans la série avec une classe et une facilité déconcertante.
  Enfin que les fans de la première de la série se rassure, un personnage prend de la hauteur en cette saison: Chéron, personnage que les auteurs ont particulièrement soigné dans cette saison et qui devient le cœur du fil rouge de la série.
  
• Un renouvellement de la mythologie. Comme Profilage, le sel d’une série comme Falco réside aussi dans son alternance entre épisodes bouclés et fil rouge distillé tout au long de la saison. Bien que très réussie au début de la série, on avait un peu le sentiment en fin de saison 3 de la fin de quelque chose. On ne voyait plus trop ce que les auteurs allaient pouvoir raconter. Bizarrement, le départ du héros de la série leur donne la possibilité de totalement relancer leur intrigue. En déplaçant le curseur vers Chéron, la série se donne de l’air frais et peut tisser autrement sa toile. Et c’est aussi par la mythologie que le titre de la série pourrait continuer de se justifier. Car comme Maxime n’est à priori pas le jumeau démoniaque caché de Falco, et qu’il n’est pas prévu de faire Mademoiselle Falco (comme Mademoiselle Navarro un temps), c’est donc le fil rouge qui va lier d’une manière ou d’une autre « l’ancienne série » à « la nouvelle ». Nous n’avons pour l’instant pu voir que 6 des 8 nouveaux épisodes mais croyez moi, ça se tient très bien et ça saura vous tenir en haleine jusqu’à la fin.

Alors que Falco pouvait donner parfois l’impression de s’enfoncer dans la noirceur et de venir à bout de sa mythologie, cette saison 4 lui donne le coup de fouet nécessaire pour poursuivre encore plusieurs saisons. Plus lumineuse, portée par de nouveaux comédiens qui réussissent leur entrée, Falco sait se réinventer sans trahir la série qu’elle était dans les saisons 1 à 3 et qui a su séduire le public. Au delà du sentiment que l’on porte à Sagamore Stévenin et à son personnage, il faut VRAIMENT laisser sa chance à cette nouvelle version de la série et aux petits nouveaux car ils le méritent grandement…et la série aussi. 

Crédits: TF1/ Philippe Le Roux