Ce matin, France 4 avait convié les journalistes afin de leur présenter sa nouvelle identité. Depuis quelques mois, la rumeur courait : est-ce que France 4 allait muter en une sorte de chaîne bicéphale, consacrant une grande partie de sa grille aux enfants et ses soirées aux jeunes adultes ? La crise étant passée par là, le service public devait opérer une remise en question de sa chaîne hybride alors que celle-ci commençait tout juste à se sentir bien dans ses pompes. Un gros chantier mis en œuvre par France Télévisions qui promet de valoriser la fiction, la création, les jeunes talents et l’expérimentation, notamment en élargissant son dispositif transmédia, et qui commencera à s’installer progressivement à partir de janvier 2014.

« France 4 est très novateur. (Cette chaîne) n’a jamais cédé à la télé-poubelle, la télé-réalité, et elle n’a jamais le pantalon baissé pour faire de l’audience. (…) C’est une des seules chaînes de la TNT qui n’essaie pas de faire une version light du hertzien et qui fait un vrai travail de laboratoire ». Simon Astier pour Season One.

Un laboratoire. C’est ainsi que se définit France 4. Dans une démarche qu’elle a déjà initié ces dernières années, la chaîne compte bien confirmer ce cap et ainsi, affirmer une identité qui lui est propre (et qu’elle a eu du mal à trouver à ses débuts). Histoire de dissiper les rumeurs, Bruno Patino, directeur général délégué aux programmes et au développement numérique chez France Télévisions, nous rassure : il n’est pas question d’avoir une chaîne à deux visages. Elle restera une chaîne pour un public jeune, avec une offre qui évolue en fonction des cases horaires. Un nouveau rendez-vous « animation » pour les enfants et des fictions calibrées pour les jeunes adultes, avec des projets pensés pour tous les supports. Face à une nécessité de « renouveler ses codes », France 4 ambitionne donc de révolutionner le service public. Qualité, innovation, logique de contre-programmation, expérimentation sont les maîtres-mots de cette nouvelle orientation. Une évolution de la formule éditoriale qui se fait, rappelons-le, dans un contexte d’économie générale au sein du groupe France Télévisions.

La nouvelle grille coûtera ainsi près de 44 millions d’euros, un budget légèrement en baisse par rapport à l’an passé. A titre de comparaison, le coût de la grille de W9 s’élève à 80 millions d’euros. Un budget serré donc, comme le souligne Sandrine Roustan, directrice des programmes de France 4 : « Nous avons beaucoup d’ambition et l’envie de faire plein de choses, mais à un moment donné c’est bien d’avoir des preuves d’amour, et là, ça manque un peu ».

Côté fictions, peu d’annonces pour le moment. Il faudra attendre la prochaine conférence en octobre pour en savoir davantage. France 4 confirme cependant l’orientation SF et fantastique déjà entreprise depuis 2012, avec des séries dites « identitaires ». Comme on l’a appris il y a quelques jours durant Comic Con Paris, la rentrée de France 4 mettra à l’honneur Doctor Who, avec une soirée spéciale pour les cinquante ans, le docudrama de Mark Gatiss, An Adventure in Space and Time, sur la genèse de la série et la rediffusion en access prime-time des saisons 1 à 6 (de l’ère moderne, donc). Pour info, la saison 7 dernièrement diffusée a rassemblé en moyenne 5,6% du public. Un succès d’estime, donc, mais dont Sandrine Roustan se félicite en nous expliquant que France 4 ne fait pas la course à l’audience à tout prix.

Le deuxième gros événement série de cette rentrée sera, bien sûr, la saison 3 d’Hero Corp. La série de Simon Astier, ressuscitée après trois ans de coma. Comme on vous l’expliquait dans un précédent billet, cette diffusion sera précédée, et accompagnée, d’un dispositif transmédia incluant une appli Hero Corp, des jeux sous forme de quêtes et d’énigmes à résoudre, des bonus et surtout une websérie qui fera le lien entre les saisons 2 et 3. A ce jour, l’application Hero Corp a été téléchargée 6000 fois et le teaser comptabilise déjà plus de 60 000 vues. Et pour les retardataires qui seraient passés à côté de cette série fantastique made in France, une séance de rattrapage est prévue avec les diffusions des saisons 1 et 2 entre juillet et août.

On retrouvera également la saison 2 de Teen Wolf les samedis soirs, et Metal Hurlant Chronicles, dont le tournage est en cours, reviendra pour une saison 2 en 2014.

France 4 s’aventure aussi vers de nouveaux formats et donne sa chance à de jeunes talents dans le cadre d’un appel à projets lancé l’année dernière. Quatre d’entre eux ont été retenus, deux de 26 minutes et deux de 52 minutes, pour réaliser un pilote : Louve, Dédale, Jet Lag et Gagnant/gagnant. Celui qui sera sélectionné par la chaîne verra sa série produite et diffusée.

Toujours sur le terrain de l’expérimentation et de la conquête de nouveaux médias, Studio 4.0 consacrera son prochain numéro des Nuits 4.0 aux webséries. Pour rappel, Studio 4.0, lancé le 13 octobre 2012, dans le cadre de la branche Nouvelles Ecritures, permettait à quelques talents du web, confirmés ou non, de faire leurs preuves avec le soutien de France 4. La plateforme a ainsi donné le jour à VRP, Les Indégivrables, Les Opérateurs, la saison 3 du Visiteur du Futur et bien d’autres.

Pour finir, quelques chiffres donnés lors de la conférence de ce matin (nous avons choisi de ne garder que ceux qui concernaient de près ou de loin la fiction) : France 4, c’est 1000 heures d’animation par an, 8 millions d’euros investis dans la création (documentaires et fictions) et 5,2 millions de vues pour Studio 4.0.