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6 Commentaires

Il était une fois…Julie Plec et la CW (1/3): Rise and fall de The Vampire Diaries

Il était une fois…Julie Plec et la CW (1/3): Rise and fall de The Vampire Diaries
Charlotte Calignac

Julie Plec est une productrice de télévision qui a commencé avec Kevin Williamson. Rencontré sur la production de Scream, le créateur de Dawson l’a prise sous son aile et de là en découle une solide amitié. Fan de teen drama, elle devient showrunner de sa première série : la sympathique Kyle XY dont j’ai vu la première saison et qui m’avait laissé un plutôt bon souvenir.

En 2009, alors que Twilight explose dans les librairies et au box office, et tandis que True Blood fait des records d’audience sur le câble, la CW veut profiter de la popularité des vampires auprès des adolescentes (leur cœur de cible) et commande une adaptation des (très mauvais) livres The Vampire Diaries, écrits il y a vingt ans.

Julie-Plec

CW. Adaptation. Livres pour les ados sur des vampires avec un triangle amoureux entre deux frangins et l’insupportable Reine du lycée. Si vous avez plus de vingt ans, vous venez de frissonner à ces deux lignes. À l’époque, j’ai eu la même réaction.

D’où ma surprise lors de la saison 1. Plec et Williamson ont fait des choix scénaristiques qui fonctionnaient très bien. Passés les premiers épisodes où la série se cherchait un peu et jouait sur l’horreur autant que sur les ficelles habituelles du genre des teen dramas, la saison a évolué avec de solides épisodes qui en ont fait une belle surprise et une jolie réussite.

C’était plus réussi que les livres, et le trio principal était assez bien écrit. Tous les personnages avaient des motivations qui venaient alimenter une intrigue générale très bien menée. Les humains avaient leur vie de lycéens avec leurs drames familiaux terre à terre plus ou moins intéressants. Les vampires fonctionnaient sur des buts plus cyniques, voire carrément plus noires. La série n’hésitait pas non plus à tuer ses personnages importants. À l’époque, on était plus surpris quand les personnages restaient en vie que lorsqu’ils mourraient vraiment.

La saison 1 couvre en 22 épisodes ce que certaines séries se réservent sur deux voire trois saisons. Elena était un personnage tragique mais empathique et terriblement humain, ce qui contrastait avec les décisions des Salvatore. Et le triangle n’en était pas vraiment un. Elena était avec Stefan qui était clairement le love interest le plus logique, tandis que Damon tombait petit à petit sous le charme de la jeune fille. Les relations étaient compliquées mais claires, et suffisamment nuancées pour passer de vrais bons moments.

La saison 2 fut très réussie aussi. En parfaite continuité avec la saison 1, et en dépit d’une storyline un peu ratée pour Damon au moment des sweeps de printemps, on nous présentait une nouvelle mythologie directement liée aux personnages principaux, du moins à Elena et à Katherine. Apparaissaient, à la fin, les Originaux avec tous leurs bagages familiaux et leurs pouvoirs de dingues. Ça en jetait assez visuellement et sur le plan scénaristique, il y avait ce qu’il fallait de drame, de la catharsis comme j’aime, et un nouveau départ pour la saison 3.

Tout le monde ne sera pas d’accord avec moi, mais la saison 3 a été exceptionnelle pendant 9 épisodes. J’ai rarement vu un aussi haut niveau sur autant d’épisodes. La menace que représente Klaus est non seulement omniprésente, mais là encore directement liée aux personnages principaux, mais cette suite d’épisodes est très bien écrite, dramatique, romantique et émouvante. On nous prépare un nouveau méchant encore plus méchant, encore plus compliqué à vaincre que Klaus en la personne de son père… Puis tout va à vau-l’eau.

Vampire-Diaries-Season-3-Klaus

 

Julie Plec et la CW ont fait une erreur colossale : se laisser séduire par l’appât du gain. Enfin, sur le plan financier, ce n’est pas une erreur, mais sur le plan de l’histoire, ils se sont tirés une balle dans le pied qui a fait baisser la qualité de la série lentement mais sûrement. Le but de la saison 3 était de tuer Klaus, puis d’enchaîner sur la saison 4 avec Elena devenant vampire. Julie Plec savait que la chaîne était d’accord puisqu’ils avaient pitché cette fin pour la saison 2, sans que la CW ne bronche. Or, au 9ème épisode, Julie Plec évoque la possibilité d’un spin-off centré sur Klaus, personnage adoré par les fans en dépit de sa violence. Joseph Morgan, l’(excellent) interprète du personnage a une conversation avec les producteurs et la décision est prise de ne pas tuer Klaus.

Il s’agit alors de faire deux choses pour les producteurs : entamer la rédemption de ce personnage inhumain, tout en établissant un univers entier dans lequel il pourrait évoluer afin qu’il ait sa propre série. Klaus devient alors presque un personnage principal, au point d’éclipser Damon, Elena et Stefan. On lui crée une connexion sortie de nulle part avec Caroline, et on passe la fin de saison à utiliser de la magie fondée sur la famille bordélique de Klaus. Klaus devient de facto impossible à tuer. Ce qui n’a aucun sens et est terriblement frustrant sur le plan narratif.

Le choix ne m’a pas plu, mais la saison 3 se termine sur une séquence visuellement réussie, et l’apogée des contrastes entre les Salvatore dans leur rapport à Elena. Elena devient vampire, et les spectateurs étaient en droit d’attendre une nouvelle direction pour la série qui avait droit à un nouveau départ. En mettant tous ses personnages au même niveau de puissance on était en droit d’espérer une dynamique plus fraîche entre les personnages et une redéfinition du triangle amoureux où Elena n’était plus simplement une demoiselle en détresse mais une réelle actrice de sa vie.

The_Vampire_Diaries_Saison_4_Episode_1_Elena_vampire

 

La saison 4 a été une colossale déconvenue. D’abord parce que les Originaux sont devenus des personnages centraux antagonistes au trio principal que ce dernier ne peut ni vaincre, ni tuer, ce qui est extrêmement agaçant et inintéressant. Ensuite, parce que la vampirisation d’Elena a complètement détruit le personnage qui ne s’est plus défini que par ses relations aux Salvatore. Enfin, parce que cette storyline de remède au vampirisme était inutilement sur-compliquée, sans aucun sens au final, et qu’elle était fondée sur le principe de sauver quelqu’un qui ne voulait pas l’être pour des mauvaises raisons. L’ensemble a fait des deux personnages masculins des hypocrites tyranniques et d’Elena la vision la plus misogyne qu’on ait eu d’une héroïne depuis longtemps.

Avec le départ des Originaux pour leur propre série (dont je parlerai dans mon prochain article), on était en droit d’espérer que la saison 5 change les choses. Ses ennemis invincibles partis, Elena avait choisi un frère Salvatore et enfin fini le lycée (pour ce qu’elle y est allée, c’est surprenant qu’elle ait eu son diplôme). Il y avait une perspective de renouveau qui pouvait être fun. D’ailleurs, les premiers épisodes l’étaient : Elena n’était plus torturée et son amitié avec Caroline était à nouveau exploitée. Loin des Salvatore, elle avait à nouveau son mot à dire et elle était même drôle. Paul Wesley (Stefan Salvatore) en profite pour s’éclater dans son rôle de méchant qui lui va comme un gant.

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Le problème de la saison 5 est double. Les scénaristes ont absolument tenu à terminer cette histoire de Silas qui avait pourri la saison 4 et ne faisait aucun sens. Certes, les acteurs s’y sont donné à cœur joie et même si personne ne comprenait rien ça avait au moins le mérite d’être distrayant (on ne peut pas en dire autant de la suite). Lorsqu’ils en ont enfin terminé avec cette histoire aussi stupide que complexe, ils se sont inspirés des pires moments de Buffy et ont fait appel à l’outil narratif le plus pourri de toute l’histoire des outils narratifs pourris.

J’ai nommé : le retcon.

Le retcon, c’est la continuité rétroactive. C’est à dire expliquer quelque chose à la fin, comme si c’était prévu depuis le début. La série l’avait déjà fait en fin de saison 3 et ça m’avait irritée mais c’était tolérable.

Là, en saison 5, c’est juste du gros foutage de gueule et une preuve de fainéantise de la part des scénaristes. Elena découvre que son père, médecin, faisait partie d’une société secrète dans une université et qu’il torturait des vampires pour… on ne sait pas trop. Sauver l’humanité ? Amuser les riches de la haute société ? Et, miracle des miracles, Damon se souvient spontanément qu’il a été un de ces vampires torturés pendant 5 ans, mais personne n’était au courant, parce qu’il ne l’a jamais dit à personne au point qu’il l’avait lui-même oublié jusqu’à ça lui revienne subitement en mémoire.

Non.

Suspension de la crédulité, ok. Série surnaturelle, avec du scientifique mélangé, bof, mais pourquoi pas. Un nouveau passé aux personnages… allez, je veux bien. Mais là, c’est du n’importe quoi. Damon aurait laissé sa petite amie se barrer dans une fac dont il connaissait la société secrète et il ne l’a pas prévenue ? Il se fait ré-enlever comme soixante ans plus tôt pour… s’échapper en cinq minutes ? Et le méchant a trois labos secrets différents ? Puis Damon décide qu’il est méchant et rompt avec Elena alors qu’elle lui dit qu’elle se fout éperdument qu’il soit un psychopathe ?

C’est sans parler des épisodes entiers passés à essayer de ressusciter le personnage le moins aimé de la série et le plus mal utilisé : Bonnie, la sorcière qui rate tous ses sorts sauf quand ça arrange tout le monde. Et qu’on voit encore moins depuis qu’elle n’est plus (totalement ?) morte.

Au-delà du fait que cette chute de qualité me gâche mon plaisir depuis deux ans maintenant, je suis en colère pour une autre raison.

Il y avait des centaines d’histoires à raconter. L’arc de rédemption de Katherine est intéressante et permet à Nina Dobrev de jouer autre chose qu’une chouineuse malheureuse. Elle révèle même le talent comique de l’actrice, qui reste édifiante de talent. Mais pourquoi la série s’acharne-t-elle à rester à Mystic Falls ? Le passage à l’université aurait été le moment idéal pour lâcher cette petite ville où tout le monde meurt et permettre aux personnages de vivre d’autres histoires sans étouffer. Plus personne n’a de motivation pour quoi que ce soit. Elena voulait découvrir qui avait tué sa colocataire… et elle tombe sur la réponse par hasard, sans trop chercher, sans trop de surprise non plus. Caroline passe une saison entière à attendre Tyler tout en lui pourrissant sa boîte vocale pour se faire larguer après avoir couché avec lui douze fois en un épisode (classe). Les Salvatore sont jaloux et possessifs et compliqués mais ne font rien d’autre que sauver Elena. Encore. Et encore. Et encore. Matt passe trois épisodes à se regarder en vidéo être possédé.

For Whom the Bell Tolls

Ce n’est plus l’histoire d’une ado dynamique qui se défend contre des créatures plus puissantes qu’elle, qui lutte contre un destin magique, se sert de ses valeurs et espoirs pour grandir et humaniser deux frères qui se haïssent. Ce n’est plus une histoire où les personnages réagissent et dont découlent des conséquences. C’est l’inverse : les personnages qui se conforment à ce que l’histoire attend d’eux. Tant pis pour la continuité, ou le sens que peut avoir une histoire.

Cette chute de qualité a plusieurs explications. Le départ de Kevin Williamson pour sa propre série (The Following), l’appât du gain à travers un spin-off, ou le fait que quelques scénaristes des débuts soient partis vers d’autres shows, ont participé à l’essoufflement d’une série qui marchait à cent à l’heure à la belle époque où personne n’en attendait rien. Le fait que Julie Plec soit productrice exécutive et showrunner de trois séries en même temps contribue également à cette qualité médiocre que, du coup, je retrouve dans ses deux autres productions actuelles.

C’est dommage parce que le capital sympathie et l’intelligence de la série avec sa volonté de faire d’Elena une adolescente décidée et courageuse ont été réduits à néant. Et que je ne m’amuse plus du tout quand je regarde The Vampire Diaries. J’ai trouvé ma série pop corn/glace devant laquelle je lève les yeux au ciel en bénissant le second degré. Mais au lieu de le faire en ricanant d’amusement, je le fais avec un sourire amer.

À l’aube du 100ème épisode (avec la possible mort du seul personnage qui vaut encore la peine) j’ai du mal à faire me dire que je vais arrêter la série. J’ai toujours de l’espoir que les producteurs se reprennent et repartent sur de meilleures bases. Mais je ne sais pas vraiment pourquoi.

Crédits: © The CW Television Network

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  • gordien

    Bonjour

    J’ai vu les 3 premières saisons et la 3ème commençait déjà à m’ennuyer pas mal, d’ou le fait que je n’ai pas encore vu la 4. Au grand désespoir de ma femme, totalement dépendante de moi en ce qui concerne les séries 😀
    Ton article m’a donné encore moins envie de regarder la suite, surtout quand je vois ce que j’ai d’autre sur le feu…

    Merci de m’éviter de perdre mon temps.

    • Charlotte Calignac

      Bonjour Gordien !
      En effet, si tu t’es arrêté sur la fin de 3ème saison, pas la peine de te fader les deux suivantes. Si ça redevient bien, tu pourras toujours être épargné de deux saisons bien chiantes. Je ferai sûrement un point de fin de saison, dans le pire des cas !
      De rien, le plaisir est pour moi ! Merci à toi d’avoir commenté !

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  • lydie forget

    c trop bien

  • lydie forget

    i love the vampires diaris is beautiful