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Il était une fois…Julie Plec et la CW (3/3): The tomorrow people

Il était une fois…Julie Plec et la CW (3/3): The tomorrow people
Charlotte Calignac

The Tomorrow People, c’est la troisième série showrunnée (si je puis me permettre ce néologisme anglophone) par Julie Plec cette année. C’est aussi le reboot d’une série anglaise des années 70s qui pique atrocement les yeux à l’heure actuelle. C’est beau comme du fait maison.

Le concept, c’est que l’homme a évolué en une nouvelle espèce, les « homo superior » (modestement) et développé trois pouvoirs appelés « les trois T » (rien à voir avec la boy’s band des années 90s) : la téléportation, la télékinésie et la télépathie. Ils sont en revanche incapables de tuer, ça leur donne mal à la tête.

Ces pouvoirs se manifestent à l’adolescence et forcent les concernés à s’exclure socialement. Notre héros, Stephen, est, au début de la série, sous médicaments pour schizophrénie car il entend des voix et se réveille dans le lit des voisins sans aucun souvenir de la façon dont il est arrivé là. Dur.

Le pilot établit plutôt bien les fondements de la série : les Tomorrow People (ils n’ont pas choisi leur nom, et ils sont conscients de sa sonorité ridicule) vivent sous terre, dans le secret. Ils sont traqués par une société secrète (appelée Ultra) composée d’humains « normaux » et de Tomorrow People asservis afin de supprimer les pouvoirs de ceux qui se font connaître. Évidemment, ceux qui se font remarquer sont généralement des mecs qui profitent de leurs pouvoirs pour commettre des délits. Franchement, je ne les blâme pas. Si j’étais eux, je serais riche à millions (mais je ferais des dons à des associations, je suis humaine, quand même).

Les Gentils sont composés de Stephen (Robbie Amell, le cousin de Stephen Amell), Cara (Peyton List, vue dans Mad Men), Russell (Aaron Yoo), et John (Luke Mitchell). Pour la petite anecdote, Julie Plec a du adorer la série australienne H20 parce que pour ses trois séries on a trois à 3 acteurs : Claire Holt (Rebekah de TVD/TO) et Phoebe Tonkin (TVD/TO) ont aussi été connues là-dedans.

Les Méchants sont menés par un mec dont le prénom me laisse dans l’expectative et me déconcentre. Jedikiah. Non, c’est pas une variation de « j’ai du ikéa », mais un « djédakahia » qui m’évoque inlassablement un jedi faisant du karaté. Ce qu’il n’est pas.

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La série a une mythologie établie, et plutôt intéressante sur le papier. Globalement, Stephen est le fils du plus puissant des Tomorrow People. C’est lui qui a guidé John et les autres vers la sécurité, et il aurait disparu pour trouver un endroit plus sécurisé encore où les Tomorrow People pourraient vivre en tout sérénité. Stephen pense qu’il a abandonné sa famille quand il était enfant — tout le monde croit qu’il était schizophrène. En vrai, il a disparu sans laisser de trace, sans que qui que ce soit ne puisse le traquer.

Bon, la série est assez convenue. Évidemment, Jedikiah est l’oncle caché depuis des années de Stephen qui n’avait pas la moindre idée de son existence. Évidemment, lorsque les pouvoirs de Stephen se réveillent, son oncle est au courant et essaie de l’enrôler dans son organisation, tandis que Cara et John tentent de le persuader de se joindre à eux.

Évidemment, Stephen devient un agent double, faisant croire qu’il rejoint Ultra alors qu’il aide en secret les Tomorrow People. Évidemment, Stephen est plus puissant que les autres : il a, comme son père, le pouvoir d’arrêter le temps et peut même utiliser ses pouvoirs dans des pièces qui les bloquent normalement lorsqu’il se concentre.

Je ne vais pas mentir, j’étais hyper excitée par la bande-annonce et la promo de The Tomorrow People. Drama, ados, over-the-top et pouvoirs fantastiques, avec des acteurs made in CW : que demander de plus ?

Entendons-nous bien, la série n’est pas mauvaise. Mais vue l’équipe qui pilote (Greg Berlanti qui est le showrunner d’Arrow, Phil Klemmer qui avait bossé sur Veronica Mars et sur Chuck, plus Julie Plec a qui on doit les trois très bonnes premières saisons de Vampire Diaries), j’en attendais davantage.

On va commencer par ce qui m’a déçue…

D’abord, Robbie Amell est un type super sympa, mais il n’aurait jamais du être le personnage principal de la série. Pour un mec supposé avoir 17 ans, il fait vraiment ses 25. En outre, sur tous les points, John l’écrase. En terme de charisme, et de jeu d’acteur, Luke Mitchell est beaucoup plus convaincant. C’est très dommage parce que Stephen me paraît insupportable et j’ai du mal à comprendre ses motivations ou à vouloir le défendre. Je me suis trouvée systématiquement à être du côté de John, qui devait être un meneur antagoniste à notre héros.

Impossible non plus de shipper Stephen avec Cara. Je ne vois aucune alchimie entre les deux très beaux acteurs. Alors que je suis curieuse de la relation entre Cara et John, par le passé complexe de ce dernier, par sa relation à Jedikiah et ce qui découle de son passé.

Sorry For Your Loss

 

Ensuite, je ne comprends pas pourquoi la série insiste sur le fait de mettre Stephen au lycée. Aucun des thèmes abordés n’est en lien avec l’adolescence, ou ça n’a pas assez de place pour être dignement exploré. Les problèmes des Tomorrow People sont « adultes » : il n’y a pas de place pour une vie normale, donc pour l’école que, du reste aucun des personnages principaux (plus âgés) ne fréquente. Stephen se comporte comme un adulte en allant au « travail », et du coup… je n’arrive pas à me souvenir qu’il est lycéen. Julie Plec n’a pas appris de ses erreurs sur The vampire diaries (où la présence des personnages en cours était très sélective) alors qu’elle s’en était plutôt très bien sortie sur Kyle XY.

J’aurais préféré voir Stephen à l’université où il aurait pu rester chez sa mère par souci financier (ce qui avait fonctionné avec Veronica Mars), donc rester dans un « cocon » familial qui est cher à la série, tout en ayant l’indépendance indispensable aux personnages de ce type de série. Stephen aurait pu faire partie d’un ensemble plus cohérent, et ses « amis » auraient pu se fondre plus facilement dans la masse.

Enfin, la mythologie est… bizarre. Je trouve les raisons de chaque groupe un peu vaseuses. D’abord, je ne comprends pas ce que reproche Ultra aux Tomorrow People puisqu’ils ne peuvent pas tuer. Ils ne se prétendent pas garants de l’ordre établi puisqu’Ultra n’hésite pas à tuer les Tomorrow People qui ne se laissent pas gentiment enlever leurs pouvoirs lorsqu’ils sont attrapés. C’est un génocide sans jamais en être appelé un, sans jamais que ce soit réellement mentionné ou reconnu par les Tomorrow People eux-mêmes. Paradoxalement, Ultra travaille à modifier génétiquement certains Tomorrow People afin qu’ils puissent tuer… et devenir les armes ultimes. Quant aux Tomorrow People, ils ne sont pas très actifs dans leur recherche de copains perdus, se laissant toujours devancer par Ultra et galérant à convaincre leurs camarades de leur gentillesse. Toute cette partie de la série est excessivement maladroite et peu crédible.

En fait, la série n’est jamais meilleure que lorsque les personnages cherchent les limites de leurs pouvoirs, s’en servent pour tout et n’importe quoi, et traquent les réponses à leurs questions. Sauf que c’est 10% d’un épisode. Le reste, c’est du triangle amoureux désagréable, du jeu de chat et souris redondant, et des engueulades entre John (le raisonnable cynique) et Stephen (le chien fou idéaliste) avec Cara (l’objet à gagner) qui va et vient entre les deux hommes qui l’aiment. Super.

…ce qui fonctionne!!!

D’abord, les personnages sont bien définis. Les scénaristes ont pris le temps de nous présenter les personnages et de leur donner une backstory convaincante et intéressante. Ils sont tous différents en s’éloignant petit à petit des stéréotypes. Ainsi, Cara était sourde avant que ses pouvoirs ne se révèlent. Elle a été agressée sexuellement à cause de sa surdité, information qui arrive suffisamment tôt dans l’histoire pour qu’on sente que ce n’est pas un retcon pathos. Au contraire, Cara se sert de son agression comme d’une force et ne se pose pas en victime. J’aimerais qu’elle se définisse comme quelqu’un avant d’être le prix à gagner d’un triangle amoureux, mais elle sait se battre aussi bien que ses collègues masculins et elle a un côté badass que j’apprécie. Russell a une histoire qui me parle d’autant plus que j’aurais sûrement tourné comme lui dans la même situation. Quant à John, c’est la plus intéressante parce qu’elle est directement liée à la mythologie générale, et qu’elle donne de la perspective à Jedikiah, aux Ultras, et à la famille de Stephen par la même occasion. Ce qui vient me conforter dans l’idée que John devrait être le héros de cette série. J’espère que la fin de saison prendra cette direction.

Thanatos

Ensuite, les effets spéciaux sont sympas. Avec des pouvoirs comme ceux-là, il fallait quelque chose de pas trop cheap. La téléportation et la télékinésie ne donnent pas des fou-rires inextinguibles. Je regrette que l’on n’en sache pas plus sur les pouvoirs (comment arrivent-ils à se suivre mutuellement lorsqu’ils se téléportent ? Comment bloque-t-on ses pensées ? Pourquoi Cara est-elle plus télépathique que les autres ?) parce que ce manque de réponse relève trop de la facilité scénaristique, ce qui est dommage (je vous épargne mon serrage de dents à chaque fois que j’entends que les Tomorrow People sont une nouvelle espèce. Si c’était vraiment le cas, ils ne pourraient pas se reproduire avec les humains. C’est con, je pinaille, mais c’est le genre de détail que j’ai beaucoup de mal à dépasser). C’est pas non plus comme si deux ou trois lignes de dialogue pouvaient simplement remédier à ces critiques… Mais au moins, c’est joli. Les combats en téléportation en jettent, et donne un coup de fouet au genre.

Enfin, la série ne se prend pas trop au sérieux. Du concept de base au nom que ce groupe porte, on sent que les personnages savent quand même un peu s’amuser. Russell exprime correctement les critiques qu’on peut faire à la série avec un petit côté méta sympa, et la meilleure amie humaine de Stephen entre rapidement dans la confidence des Tomorrow People. Quitte à ce que Stephen soit un adolescent, j’aurais voulu le voir se taper des délires avec ses pouvoirs (comme tricher à un exam en lisant dans les pensées de la meilleure de la classe, faire une soirée à l’autre bout du monde, ou embêter son petit frère en le rendant bougeant des objets), au lieu d’aller dans un bar tout pourri mais bon… Peut-être plus tard ?

En petit plus qui fait vraiment super plaisir, il y a Jason Dohring qui fait une apparition en tant que guest, et il m’avait vraiment manqué.

En somme, The Tomorrow People est une série sans grande prétention qui cherche encore ce qu’elle veut raconter. Elle souffre de la dispersion de ses créateurs (Berlanti travaille toujours sur Arrow, Plec coordonne trois séries en tout) et prend du coup peu de risques, restant dans des storylines un peu trop convenues. Mais on sent le potentiel derrière, et les derniers épisodes avant le hiatus montraient que les producteurs en ont conscience et cherchent à rectifier le tir. Donc je reste, et je baisse un peu mes attentes. Pour ceux qui sont trop occupés en ce moment, ça fera certainement un marathon sympa cet été.

Accessoirement, pour ceux qui se poseraient la question, « Tomorrow People », c’est super chiant à écrire. Et y a pas vraiment de synonymes utilisables.

Crédits: CW

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