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Il était une fois…Urgences, la mort de Mark Greene (2/3): La lettre

Il était une fois…Urgences, la mort de Mark Greene (2/3): La lettre
Claire Tirilly

La mort du Docteur Greene fut l’une des meilleures storylines d’Urgences. Les scénaristes, confrontés au challenge de tuer un personnage principal et de renouveler la série, font un travail exemplaire, répartis sur trois épisodes. Après nous être intéressés à l’épisode “La ceinture d’Orion” dans le dernier article, voyons ce qui se passe dans “La Lettre”.
“La lettre” est l’épisode 20 de la saison 8, soit deux épisodes après “La ceinture d’Orion”. Entre temps, la vie aux Urgences du Cook County à repris son cours normal. Pratt prend ses marques, la vie d’Abby est perturbée par son alcoolisme, les patients se suivent et se ressemblent.

L’épisode s’ouvre sur un plan du fax qui imprime une lettre manuscrite, puis la caméra se déplace sur Carter et Lewis qui discutent. Encore une fois, rien d’étonnant, ni de spécial. Et puis, un peu par hasard, Carter s’approche du fax pour en vérifier le contenu, et découvre la lettre. Et quelle lettre. Assis sur le comptoir de l’accueil, il commence à la lire à voix haute. C’est une lettre d’adieux, écrite par Greene à toute l’équipe. Peu à peu, les membres du staff s’approchent. Abby, Luka, Haleh… Tous écoutent presque religieusement, faisant parfois quelques commentaires, entre rires et pleurs. Greene rend dans sa lettre un vibrant hommage au service dans lequel il a travaillé si longtemps.

Mark: “When it comes to patient care, I know my absence will hardly be felt.”

Haleh : ”I’m not so sure about that”

(“Et en ce qui concerne le soin des patients, je sais que vous ne verrez même pas mon absence.” “Je n’en suis pas aussi certaine.”)

Et il ajoute que rester aux Urgences du Cook County fut la meilleure décision qu’il ait pris dans sa vie.

Puis Carter s’arrête. Et la camera s’arrête elle aussi sur son visage alors qu’il découvre la dernière page de la lettre. Un plan sur le visage de Lewis, il y a plus que quelques blagues et un adieu dans ce courrier. Les larmes au bord des yeux, Carter annonce à son audience que Mark est décédé ce jour là, à l’aurore. La musique devient soudain pesante, le silence de l’équipe aussi. Carter se reprend, s’écarte. demande qu’on mette la lettre sur le tableau d’affichage. Chacun retourne à ses occupations, tous sauf Lewis dont on lit sur le visage la tristesse de voir partir quelqu’un on a aimé.

Générique.

Retrouvez Invitation au voyage…dans le générique de Urgences

On s’attend alors à un flashback sur ces instants où Mark Greene écrit, assis au bord de la plage. Mais il ne viendra pas, pas dans cet épisode en tout cas. “La Lettre” va nous permettre d’observer l’impact de la mort de Mark sur ceux qui l’ont accompagné aux urgences pendant toutes ces années, et imposer Jonh Carter en nouvelle figure de proue de l’équipe. C’est donc un épisode de transition.

Voyons donc ce qui se passe au travers de plusieurs personnages clé de la série.

La mort de Mark ébranle Kerry Weaver d’une façon qu’elle n’imaginait pas. Elle s’aperçoit que plus qu’un collègue et qu’un subalterne, elle a perdu un ami. Depuis quelques saisons, les scénaristes ont décidé de rendre le personnage de plus en plus humain, notamment en incluant sa vie personnelle, et cet épisode renforce encore ce sentiment. Kerry Weaver, la femme d’acier, se laisse même dépasser par ses émotions et s’énerve contre un patient alors qu’elle voit Romano lire La Lettre.  Il s’agit ici de finir les intrigues, entre autres en explorant l’idée que malgré la compétition, et les désaccords, Weaver et Greene portent l’un pour l’autre un profond respect et une certaine forme d’amitié.

Susan Lewis quand à elle tente de gérer la situation du mieux qu’elle peut, tout en cherchant des réponses à cette mort qu’elle juge inacceptable. C’est une partition émue et belle que joue ici l’actrice, faisant directement echo à leur histoire. Car Greene et Lewis, c’est l’une des storylines les plus injustes de la série envers les fans. En saison 3, tout est fait pour que Greene et Lewis finissent ensemble. Mais Sherry Stringfield veut quitter la série et nos amoureux s’avoueront leurs sentiments sur le quai d’une gare, sans n’en rien faire. De là naît aussi une profonde amitié.

Romano quant à lui se lance dans une tirade sur l’injustice du cancer alors qu’il décide d’opérer une jeune patiente dont le cancer est découvert par hasard.

Nul doute que le décès de Greene provoque chez Carter une grande tristesse. Mais ce n’est pas l’axe qui est choisi par les scénaristes ici. L’absence de Greene fait de Carter le plus ancien médecin du service, et il est en quelque sorte son légataire, celui qui doit reprendre le flambeau. Cette idée, déjà abordée à la fin de “La ceinture d’Orion” est renforcée tout au long de l’épisode. Tout d’abord, c’est lui qui lit la fameuse lettre et qui prête donc sa voix aux mots de Greene. Puis il prend la direction des choses en salle de trauma, tout naturellement, à l’image de son mentor. Il décide aussi de prendre en main Abby, qui a recommencé à boire, et de l’aider à retrouver le bon chemin. Et tout au long de l’épisode, il endosse ce rôle qui lui a été confié, conseillant, aidant, tenant la main de ce SDF mourrant de l’épisode 18, qui le prend pour Greene. Carter a enfin quitté sa coquille d’addict, d’étudiant en médecine hyper-sensible et devient un homme fort et un médecin fort, et même s’il a besoin de reprendre le stéthoscope de Mark pour y croire, nous, on le sait déjà.

Il est aussi difficile de faire l’impasse sur l’une des plus drôles scènes de l’épisode: le passage obligé au bar pour célébrer la mémoire de Greene. Et quel bar. Le Lava lounge, un lieu bizarre et drôle, où Greene avait fêté un de ses anniversaires, il y a un éternité. Il y a quelque chose de tendre de voir s’y réunir une partie des urgences pour raconter des blagues et des souvenirs, peut-être aussi une façon très américaine de dire au revoir.

Et puis voilà un jour d’été, le ventilateur agite l’air des urgences, l’une des pages de la lettre volette doucement, révélant la trace du temps qui a passé, puis s’envole vraiment, sans que personne ne s’en aperçoive. Le deuil c’est aussi ça, avec le temps, on avance, et on passe à autre chose.

L’une des questions les plus légitimes en regardant cet épisode est de se demander pourquoi il ne suit pas la chronologie normale. Pourquoi est-ce qu’il n’arrive pas après l’épisode où Mark meurt effectivement? Il y a selon moi plusieurs raison à cela.

Tout d’abord, contredire la chronologie permet de créer une attente chez les spectateurs. Ca fait des mois qu’on nous prédit la mort de Greene, et ça arrive, enfin presque. A l’issue de l’épisode il est difficile de ne pas attendre le suivant avec impatience. Il pose des questions: Que faisait Greene sur cette plage? Comment est-il arrivé là? On fait durer « le plaisir ».

Ensuite, contredire la chronologie permet de clore les storylines en laissant un moment de calme, l’épisode 21, centré sur Greene, avant le grand season finale. On fait le point une dernière fois sur les intrigues, on laisse aux personnages le temps de faire un dernier adieu avant de les relancer sous la pression de l’épisode final. Episode qui se doit d’être assez fort pour accrocher les spectateurs pour la prochaine saison sans deux de ses piliers.

 Enfin parce que ça permet de se concentrer sur l’impact de ce départ sur les personnages en réservant à Greene un moment exceptionnel, consacré uniquement à lui.

Greene est un pilier de l’équipe, de la série, il aura le droit à un départ en trois actes, à faire pleurer dans les chaumières, et c’est justifié. “La Lettre” en est l’acte 2, celui de la transition. Après l’adieu de Greene aux Urgences dans l’épisode 18, “La Lettre” est l’épisode miroir, l’adieu des Urgences à l’un de ses médecins préférés. Il ne reste plus alors qu’à voir comment Greene va dire adieu à sa vie, et nous aussi. Mais ça, c’est un autre épisode, “Sur la plage”, et un autre article aussi.

Crédits: NBC

Retrouvez Il était une fois…Urgences, la mort de Mark Greene (1/3): La ceinture d’Orion

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Anthony Edwards Urgences La mort de Mark Greene
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