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Invitation au voyage… dans le générique de Halt and Catch Fire

Invitation au voyage… dans le générique de Halt and Catch Fire
Claire Tirilly

Si l’on se réfère à la définition communément admise, le générique d’une série télé est tout simplement la partie où l’on indique le titre, les noms des acteurs et des divers collaborateurs. Bref, un simple objet technique destiné à aligner une série de noms et pourtant… Pourtant ils sont bien plus que ça, particulièrement dans les séries télés dont ils font sans aucun doute partie intégrante. Ils sont la “page de présentation de la série”, une sorte de concentré de celle-ci et de son ambiance. Mais ils sont aussi bien souvent des objets d’art et parfois même des objets cultes pour les fans. Une nouvelle série signée AMC est toujours un événement. Halt and catch fire n’échappe pas à la règle et son superbe générique non plus.

Petit rappel des faits, Halt and catch Fire est une série centrée sur le point de vue d’un visionnaire de l’informatique à l’ère du développement des ordinateurs personnels (PC, pour Personnal Computer), soit les années 80.

Le nom même de la série fait référence à un code inarrêtable qui surchargeait processeur d’un ordinateur, le rendant impossible à utiliser. En gros, c’est une blague de geek des années 80.

Mais Halt and catch fire, avec ses couleurs ternes, presque sombres, et ses personnages plus ou moins antipathiques, se veut plus qu’une série de geeks. Les personnages sont plongés dans un univers tendu, un univers de requins, et sont prêts à en découdre avec la grande entreprise IBM pour aller au bout de leurs rêves, dans une course à l’exploit technique.

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Tout logiquement, le générique de Halt and catch Fire s’habille de rouge. Une course commence entre plusieurs pixels blancs. Dans le fond apparaissent les portraits en noir des deux personnages principaux. L’un des pixels prend plus de vitesse, dépasse tous les autres pour entrer dans un nouveau territoire sur fond noir, que l’on découvre au plan suivant être une tête. Puis il vient briser en quatre un carré, qui se démultiplie pour former ce qui ressemble à un processeur. La course continue, sur des silhouettes noires sur rouge. La musique, déjà tendue, s’intensifie, et le pixel, désormais seule lumière dans un univers noir, continue de foncer vers un nouveau territoire constitué de plusieurs couches de lumière incandescente rouge. On change d’angle, on prend de la distance, et ce territoire est en fait un carré dont la lumière blanche se renforce au fur et à mesure, pour presque éclater sur un fond rouge le titre de la série, précédé d’un pixel. Le tout se termine sur ce qui ressemble à une LED rouge qui brille à l’avant d’un ordinateur.

Le générique de Halt and Catch Fire se veut à l’image de la série: ambitieux, intense (à peine 30 secondes), déroutant.

Il joue aussi sur le titre de la série. Clairement, le pixel fou est le processeur qui surcharge l’ordinateur.

Et puis surtout, il semble se vouloir une métaphore de tout un ensemble d’idées que défendraient la série.

Le pixel qui arrive dans la tête, c’est peut être la façon dont une idée peut surgir dans votre esprit et tout changer. Il heurte un simple carré qui se divise en quatre puis se démultiplie pour devenir un objet complexe. Une idée peut en effet tout changer. Elle peut exploser votre cadre et vous permettre de voir le monde de façon différente, plus minutieuse, précise, complexe, sans que l’on sache si c’est une bonne ou une mauvaise chose.

On peut aussi voir cette collision comme la preuve que nos héros sont prêts à tout pour arriver à leurs fins, même à tout casser sur leur passage. Et que ce passage, justement, pourrait être la source de connaissances nouvelles et inattendues.

La course continue du pixel donne l’impression aussi que la métaphore peut être beaucoup plus humaine. Le générique rappelle en effet des conceptions connues de la courses des spermatozoïdes pour atteindre un ovule. Après de nombreux obstacles, un spermatozoïde est en tête et rien ne peut l’arrêter. Pas même l’épaisse protection de son but. Leurs collision finale provoque un phénomène intense, un bébé.

La musique, qui gagne en intensité tout au long du générique, accompagne parfaitement la progression en cours. Elle prend de l’épaisseur, du rythme en même temps que les images jusqu’à souligner d’un son l’accomplissement du processeur. Elle renforce aussi la tension que veut mettre en exergue la série.

On pourra aussi noter que les personnages sont dessinés, reconnaissables, mais pas hyper précis. Peut-être pour se dire que plus que les ingénieurs, c’est la course dans laquelle ils se sont lancés qui a de l’importance. A la fin ne compte que la lumière, le résultat.

Et quel résultat? A peine un bipbip de LED sur un appareil indéterminé, mais au cœur duquel réside la puissance et les efforts de la technique.

Le générique de Halt and Catch Fire, dans sa brièveté, réussit sans aucun doute son objectif: nous interdire, nous faire réfléchir, et nous donner envie de continuer par la tension qu’il pose. La série, par contre, un peu moins.

Crédits: AMC/ Art of the title