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Invitation au voyage…dans le générique de NYPD Blue

Invitation au voyage…dans le générique de NYPD Blue
Marine Di Meglio

Si l’on se réfère à la définition communément admise, le générique d’une série télé est tout simplement la partie où l’on indique le titre, les noms des acteurs et des divers collaborateurs. Bref, un simple objet technique destiné à aligner une série de noms et pourtant… Pourtant ils sont bien plus que ça, particulièrement dans les séries télés dont ils font sans aucun doute partie intégrante. Ils sont la “page de présentation de la série”, une sorte de concentré de celle-ci et de son ambiance. Mais ils sont aussi bien souvent des objets d’art et parfois même des objets cultes pour les fans. Notre série de la semaine est une très grande série, 12 saisons au compteur et elle fêtait en 2013 ses 20 ans: NYPD Blue.


Relatant au jour le jour la vie quotidienne des enquêteurs de police du commissariat de la fictive 15ème circonscription de Manhattan, chaque épisode suit une journée durant laquelle les inspecteurs enquêtent sur deux affaires différentes. La chose évidente à propos de NYPD Blue c’est qu’elle est un véritable témoignage d’une ville, New-York. Et le générique est un excellent aperçu de cet état de fait: un trafic gigantesque humain et urbain qui sature l’écran de toutes parts pour dessiner le portrait de cette immense ville.

La musique de ce générique est due au talent de Mike Post (déjà aux commandes de la musique de la grande sœur de la série, Hill Street Blues) qui a d’ailleurs été nommé pour son travail sur la série en collaboration avec Danny Lux aux Emmy Awards ainsi qu’aux BMI films & tv awards. Au départ, forte et rythmique, elle reflète le côté ultra-occupé de New-York et de ses habitants et capte efficacement son audience en la plongeant directement dans son univers, telle celle du générique d’Urgences. Quand les personnages sont introduits, elle ralentit, en restant tout de même puissante, tout comme l’image et les transitions entre les plans, permettant ainsi à l’audience de se concentrer sur les personnages.

Dès son lancement, cette série a été marquante pour son immersion très réaliste dans le travail de la police criminelle mais aussi pour sa grossièreté, sa violence causée par les enquêteurs et sa nudité partielle ce qui était très nouveau en 1993, surtout sur un canal hertzien. Du côté de l’image, elle a marqué de part sa manière de filmer avec la fameuse «Shaky cam» faite de décadrages et de faux raccords, développée par le cinéaste Gregory Hoblit qui avait déjà collaboré avec Steven Bochco sur Hill Street Blues et LA Law. Une technique bien entendu utilisée dans le générique. On y retrouve aussi des transitions abruptes entre les prises qui soulignent l’atmosphère animée de la série, des zooms rapides pour accentuer l’effet dramatique, des plans établissant le lieu où se passe la série, New-York et aussi des plans fixes pour présenter les personnages.

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Comme dit précédemment, cette séquence d’ouverture place de manière efficace le décor de la série New-York. Et pour cela bien entendu, elle utilise des plans panoramiques de ces immenses buildings, symboles de la Big Apple et plus généralement de « l’American Dream » mais aussi des plans plus triviaux et quotidiens qui dressent le portrait de cette ville tentaculaire. Par exemple, le signe iconique présent dans toutes les rues « DON’T WALK » suivi d’un plan avec une jeune fille courant dans la rue qui, une fois encore, souligne le côté actif de New York mais surtout le fait que les gens ont tendance à ignorer ces règles qui semblent parfois inutiles pour mener leurs vies bien occupées. Il peut également y avoir un lien vague avec la criminalité puisque traverser au feu rouge est une infraction et que « NYPD Blue » est une série policière. En plus d’établir une vision de New-York et de la vie qui s’y déroule, la séquence d’ouverture suggère également le genre de « NYPD Blue« : le drame policier. L’insigne de la police, même montré pour un court laps de temps, clôt le générique avec le titre ce qui établit clairement le thème de la série.

Des plans en plongée et en contre-plongée sont souvent utilisés dans la série pour montrer clairement l’importance de telle ou telle chose et en souligner l’infériorité ou supériorité. Dans la séquence d’ouverture, aucun de ces plans n’est utilisé ce qui suggère que les personnages sont tous égaux en dépit de leur hiérarchie professionnelle montrée par leurs badges et uniformes. Il y a un mélange évident de personnes de différentes origines raciales et de personnages masculins/féminins dans la série et grâce à la réalisation du générique identique pour chacun d’entre dans leur présentation, tous semblent avoir un statut égal. De gros plans sur les visages des personnages, plus longs que les autres plans, permettent aussi au spectateur de voir leurs émotions et dans une certaine mesure, leur caractère général et leur comportement dans la série. Cela permet au public de se familiariser et de s’identifier à eux. Des gros plans qui sont aussi utilisés pour suggérer leur implication personnelle dans la série, dans les postes qu’ils occupent et vis-à-vis de New York en dépit de tous les crimes et autres choses négatives qu’ils voient dans leur travail. Si la série est centrée sur un duo de personnages principaux, il s’est vite avéré que le cœur de la série n’était autre que le personnage d’Andy Sipowicz, pourtant présenté au départ comme secondaire à son partenaire John Kelly. Ainsi pendant plusieurs saisons, son no, se trouve en second au générique avant de finalement passer en premier pour le reste de la série, à la place qui lui revient, au départ de l’acteur jouant son second partenaire.

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Les plans utilisés pour le générique ont été tournés en décors réels dans la ville de New-York, contrairement à la majorité de la série elle-même qui était tournée dans les studios de la Fox à Los Angeles. Quant aux plans de la parade chinoise, ils ne sont pas originaux et viennent du film L’année du dragon tournés en 1985. Pour l’anecdote, la série a conservé pendant 12 ans dans son générique le placement d’un panneau publicitaire Coca-Cola, filmé dans les rues de Manhattan. Bien que l’apparition soit brève, les codes de couleurs de la marque sont bien assez marquants pour permettre l’identification de la marque. Un placement de produit discret mais pourtant bien présent.

Pour conclure, le générique de « NYPD Blue » capture efficacement l’intérêt du public et dresse le portrait de New-York et de ce qu’on peut s’attendre à voir dans la série. Comme la série, il a marqué son époque et reste fréquemment cité parmi les meilleurs génériques de séries tout en ayant inspire bien d’autres génériques.

Crédits: ABC

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