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Invitation au voyage…dans le générique de Odysseus

Alexandre LETREN

Si l’on se réfère à la définition communément admise, le générique d’une série télé est tout simplement la partie où l’on indique le titre, les noms des acteurs et des divers collaborateurs. Bref, un simple objet technique destiné à aligner une série de noms et pourtant… Pourtant ils sont bien plus que ça, particulièrement dans les séries télés dont ils font sans aucun doute partie intégrante. Ils sont la “page de présentation de la série”, une sorte de concentré de celle-ci et de son ambiance. Mais ils sont aussi bien souvent des objets d’art et parfois même des objets cultes pour les fans.
Nous allons aujourd’hui nous intéresser à la conception du générique de la série événement de Arte, Odysseus, et nous avons rencontré Laurent Brett qui a conçu le générique avec la collaboration de Remy le Rumeur.

odysseus logo

Odysseus est le pari complètement fou relevé par Frédéric Azémar de conter l’histoire de la petite île d’Ithaque avant et après le retour de Ulysse de son Odyssée. Comment les uns et les autres vont tenter de s’emparer de son trône en son absence, puis comment il va lui reprendre le pouvoir sur son île. Amour, histoires de famille, rivalités politiques,…tous les éléments sont réunis pour une grande fresque épique. Le générique de la série contribue à ce souffle.

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Season One: Comment vous êtes-vous retrouvé à travailler sur le générique de Odysseus?

Laurent Brett: Je me suis arrivé sur le projet par l’intermédiaire de la monteuse de la serie, Catherine Schwatrtz avec qui j’avais travaillé sur  le film « La conquête » de Xavier Durringer (il vient de réaliser la série « La source  » dont j’ai également fait le générique), elle m’a proposé de les rejoindre dans l’aventure et de faire un générique qui soit à la hauteur de ce projet. J’y suis donc arrivé tardivement. J’ai su que dès le départ, les producteurs avaient la volonté faire quelque chose
d’ambitieux pour le générique mais avaient attendu le. Ils voulaient me donner les moyens de faire un beau générique.

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Season One: Qu’est ce que l’on vous dit quand vous arrivez sur le projet? Vous avez carte blanche? On vous a demandé de faire des propositions? Comment cela s’est passé?

L.B: On me donne des références, comme Rome bien entendu. Mais quand on regarde le générique de Rome, on est dans l’idée de marquer une ambiance avec la ville, les personnages. Dans le brief des producteurs, on me demande d’être assez proche des gens, de privilégier le casting et le grandiose de la série. On ne souhaite pas aller dans quelque chose de trop graphique mais de mettre en avant ce que la série a de grand (romance, action, privilégier les décors et combats).

rome 2

Par rapport à cette demande, je fais un point sur ce que j’ai vu des épisodes de la série (pas encore terminés en post production donc loin du résultat final ndlr). Les musiques sont encore maquette mais donnent bien l’ambiance.Les premières idées qui me viennent tournent autour du trône d’Ulysse que tout le monde convoite (idée qui finira par s’amenuiser dans le générique final) et de faire des projections car à ce moment là, le générique de Goldfinger (les images sont projetés sur le corps d’une femme recouverte d’or ndlr) me vient comme une référence évidente car la projection me semble l’outil idéal pour utiliser les images de la série en gardant un style graphique et sensuel.

james-bond-goldfinger

J’ai donc eu envie de projeter des images de la série sur des objets, sur des corps. A ce moment là, je trouve que le trône est un objet très intéressant car objet de la convoitise par excellence. Pour proposer mon projet, je vais faire des photos des restes des éléments du tournage et fait des photomontages pour présenter mon idée.Tout le monde est emballé des producteurs à la chaine.
Ce que je souhaitais au départ raconter c’était une histoire un peu onirique entre le retour du guerrier, l’attente de la reine et la convoitise du trône, le tout en projection sur des corps ou des objets.. Il reste dans le générique final quelques unes de ces idées comme lorsqu’Ulysse prend son arc ou au tout début lorsqu’il bombe les épaules et tous les plans de Penelope et ou l’on voit des projections dessus. Quand j’ai proposé ma première version montée, ils ont trouvé que le fait de projeter des images sur le trône, n’était pas très clair. Nous avons changé les plans du trône (pour n’en garder qu’un ou deux au final), recentré sur les personnages principaux et je suis au final très
satisfait du résultat.La seule chose est que le générique s’est tourné plus vers la « romance » et moins vers la guerre comme je le souhaitais en finalité.

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Season One: On retrouve dans votre générique deux grandes tendances de génériques: la création pure et la projection d’images issues de la série. Cela donne quelque chose de plus complexe…

L.B: Il y avait cette attente de privilégier le casting et le côté grande fresque. J’ai joué le jeu en remettant en avant les plans jouant ce rôle, quitte à avoir un générique plus « old school », Les comédiens sont biens servis sans que cela ne soit kitch car les images sont très léchées.

Season One: Et il raconterait quoi ce générique? Il débute donc sur ces mains s’ouvrant telles un livre que l’on va lire et dont la première image est Ithaque, cœur de l’intrigue. Il raconte la même chose que ce vous souhaitiez raconter dans votre première version?

L.B: Tel qu’il est construit, il se déroule plus comme une bande annonce, avec moins d’enjeux narratifs que ce que je voulais au départ. Il va dès lors montrer tout ce que l’on va voir dans la série: de l’aventure, de l’amour et des trahisons. Il est assez long donc il donne une bonne notion du rythme de la série. Mais il raconte des choses pour moi ce premier plan ce sont les mains de Penelope qui protège Ithaque de tous les assaillants, seule.

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Season One: A quel moment de l’élaboration du générique découvrez-vous la musique?

L.B: Pour la musique, il y a eu de long moment d’hésitations entre deux versions alternatives de la musique, différentes dans la construction mais assez proches rythmiquement et porteuses d’un univers très riche. Je trouve juste qu’elle manque un peu d’envolée sur la fin ce qui n’aidait pas les images à prendre une envolée épique qu’elles auraient mérité. Elle manquait d’évolution. On l’a reçu au milieu de notre création et elle fut composée sur la première maquette que l’on avait fait.

Season One: Combien de temps pour faire ce générique?

L.B: Cela a duré assez longtemps. On a mis deux jours pour tourner tous nos éléments. Un mois pour faire la maquette et encore un mois pour retravailler dessus et sortir un générique définitif. Environs 8 semaines. On a eu beaucoup d’hésitations sur le montage, le rythme, le sens des plans.
Mon activité principale est le générique de film dans lequel j’ai une grande liberté de création. Pour la télévision on a plus de compte a rendre aux différents intervenants, producteurs, réalisateurs, directeurs artistiques, diffuseurs c’est donc plus difficile d’aller au bout de ces idées. C’est un exercice plus compliqué, mais je suis très fier de ce générique car ce type de production est a encourager en France !

Source: Interview enregistrée au Studio Sabotage avec Laurent Brett
PRODUCTION DE LA SERIE: Making Prod & GMT & ARTE France
Musique du générique: Bernard Grimaldi