De tous temps, le mythe du Diable est présent dans toutes les cultures, portant différents noms et différents visages. Son retour sur Terre est annoncé dans beaucoup de prophéties et il signifierait ni plus ni moins que la fin du monde. L’Apocalypse. Toutes les formes d’art l’ont mentionné, il était évident que les séries allaient elles aussi s’en emparer. Car Satan, Lucifer ou Legion, qu’importe le nom qu’on lui donne, est le méchant ultime.
Le mal absolu peut revêtir à la télévision différentes formes (homme, femme ou enfant) mais son arrivée est un ressort dramatique inépuisable. A l’occasion de la sortie dans les salles le 21 août du film Conjuring avec Vera Farmiga (Bates Motel), nous revenons sur quelques incarnations du Malin dans les séries télévisées.

Dans The Conjuring qui sort le 21 août, les personnages du film auront affaire à un cas de maison hantée et de possession démoniaque. Deux phénomènes mystérieux aussi terrifiants l’un que l’autre et que l’on associe souvent à l’oeuvre du Diable, seul capable de ramener les morts à la vie. Le couple Warren chargé d’enquêter sur ces phénomènes paranormaux (ce couple a vraiment existé) va devoir, avant de décider ou non d’intervenir, vérifier si la famille dit vrai. En d’autres termes, déterminer si oui ou non la maison est hantée. Les « vrais » Warren préfiguraient ainsi d’autres enquêteurs qui ont, eux aussi, cherché à percer les secrets du Malin.
On pense bien entendu à Mulder et Scully dans X-Files qui ont eu bien souvent leur quota d’apparitions démoniaques ou encore le personnage qui inspira la série de Chris Carter, Carl Kolchak dans The Night Stalker. Ou encore l’équipe réunie autour de Derek Rayne dans Poltergeist The Legacy (inspirée du film de Steven Spielberg) qui enquête sur des phénomènes paranormaux et autres cas de possession.

Mais en matière d’enquêteur tentant d’empêcher l’Apocalypse, deux « héros » nous viennent à l’esprit. Tout d’abord, les frères Winchester dans Supernatural. Les 5 premières saisons de la série amènent à cet événement qu’est l’Apocalypse et le retour de Lucifer (Mark Pellegrino, Jacob dans Lost) sur Terre. Après un long périple, Dean et Sam Winchester finiront en saison 5 par renvoyer Lucifer dans sa cage. Si Lucifer est clairement apparu dans Supernatural, il y a une autre série mettant en scène l’Apocalypse dans laquelle Il n’est jamais montré et il s’agit de Millenium. Si en saison 1, la série se concentre uniquement sur la traque de tueurs en série, dès le final de cette saison et encore plus en saison 2, la série se concentre entièrement sur cet événement majeur qui finira par « débuter » en fin de saison 2 avec un épisode véritablement sombre. Franck Black porte sa malédiction, sa croix comme un fardeau dont il ne semble parvenir à se défaire. Mais si il tente d’empêcher Sa venue sur Terre, Franck Black ne le rencontre jamais. Ce qui n’est pas notre cas, le Diable nous est très souvent apparu dans bon nombre de séries télé.

Une fois n’est pas coutûme, commençons par la France qui ne s’est pas toujours mise à l’écart pour nous le présenter même si les cas sont moins nombreux que dans d’autres pays.
En 1971, la très curieuse mais passionnante série La brigade des maléfices nous présente une de ces incarnations.

La brigade des maléfices ne figure sur aucun document officiel de la préfecture de police. Personne dans le public ne soupçonne son existence, et pourtant chaque jour s’étend le champ de ses activités. Bien des enquêtes menées par les plus fins limiers de la police judiciaire s’arrêtent soudain devant l’impossible, l’incroyable, le surnaturel. C’est alors qu’intervient Guillaume Martin Paumier, chef de la brigade des maléfices. Sherlock Holmes de la féerie, Maigret de la sorcellerie moderne, expert en sciences occultes, familier de l’invisible, l’inspecteur Paumier ne refuse aucune des lois ouvertes sur l’inconnu. Il a accepté d’ouvrir pour nous quelques dossiers, de nous faire participer à quelques unes de ses étranges enquêtes…

Dans l’épisode baptisé La septième chaîne, Paumier croise la route de son ennemi juré, Diablevert incarné par l’excellent Pierre Brasseur. Diablevert a pris possession d’une mystérieuse chaîne de télé qui pousse les gens au meurtres.

Autre incarnation du Diable dans une série  française: Léonard Vassago dans Plus belle la vie. Campé par le très bon Jean-François Garreaud (La crim’), il se présente tout d’abord aux habitants du Mistral sous le visage d’un étrange homme d’affaires. Mais petit à petit, il apparaît évident que quelque chose de louche  se trame autour de Vassago (disparitions, apparitions mystérieuses,…). Il tentera de détruire certains habitants du quartier avant de disparaître, brûlé vif devant le commissariat. Intrigue emblématique de la série, elle aura néanmoins décontenancé les fans qui ont trouvé que la série allait peut-être un peu trop loin.

Traversons l’Atlantique à présent où les cas d’incarnation du Diable sont bien plus nombreuses. Le Diable peut avoir on l’a dit différents visages. Différents visages que l’on a pu voir dans différentes séries.
Au rayon du visage le plus charmant, on trouve celui de Christina Nickson (Elisabeth Harnois) dans la série Point Pleasant.

Lors d’une violente tempête, Christina, une adolescente de 17 ans, s’échoue sur une plage près de Point Pleasant dans le New Jersey. Secourue par Jesse Parker, la jeune fille est confiée à la famille du médecin local, et, rapidement, elle sympathise avec la fille de la famille, Judy Kramer. Au fil des épisodes, Christina tente de découvrir qui elle est réellement et ce qui est arrivé à sa mère disparue peu de temps après sa naissance.

A mesure que Christina va découvrir son identité (fruit du Diable et d’une mortelle), elle va devoir décider si elle embrasse ou non sa destinée qui est de gouverner la Terre au nom du royaume des Ténèbres. Petit détail de l’anatomie de Christina: le chiffre 666 est gravé dans son œil.

Pour retrouver le visage qui vous glacera le plus le sang, rendez-vous à Trinity en Caroline du Sud pour rencontrer le Shérif de la ville, Lucas Buck (Gary Cole) dans American Gothic (produite par Sam Raimi).

Le sherif Lucas Buck règne d’une main de fer sur la petite ville de Trinity. Personnage diabolique doté de pouvoirs surnaturels, il fait de la vie de ses concitoyens qui lui désobéissent un enfer… quand il ne les fait pas disparaître…Il prend aussi en charge l’éducation d’un jeune garçon nommé Caleb, à qui il compte bien inculquer sa façon de voir les choses.

On ignore tout de la véritable nature de Lucas Buck mais il ne fait aucun doute qu’il vient directement du royaume des ténèbres. La série fait d’ailleurs souvent référence à la Bible et se veut comme une parabole de la lutte entre le Bien (Caleb) et le Mal (Lucas Buck). Une opposition que l’on retrouvera de manière assez identique dans une série absolument somptueuse: La caravane de l’étrange et l’inquiétant Frère Justin (Clancy Brown).

Après la mort de sa mère qui le rejetait par peur et après la saisie de ses terres, Ben Hawkins, un jeune homme doté du pouvoir de guérison et de résurrection, évadé de prison, nouvellement sans domicile trouve refuge au sein de la troupe afin d’échapper à la police. Il est tourmenté par des rêves étranges et prophétiques qu’il partage avec un prêcheur méthodiste, Justin Crowe, vivant en Californie. Ces deux personnages seront finalement réunis dans une lutte entre le Bien et le Mal qui est tout sauf manichéenne.

Une série esthétiquement superbe et à l’histoire réellement maîtrisée. Avoir mis le Malin sous les traits du prêtre est dérangeant à souhait et en même temps terriblement audacieux.

Mais le Diable sait aussi se montrer jovial, blagueur même si il ne perd pas pour autant de son pouvoir, surtout quand il prend les traits de Ray Wise dans Reaper.

Le jour de son vingt-et-unième anniversaire, Sam Oliver rencontre le Diable, puis découvre que ses parents ont vendu son âme au Diable avant sa naissance. Ainsi, Sam se retrouve à travailler pour le Diable qui lui demande de récupérer les âmes qui se sont enfuies de l’enfer. Pendant ses missions Sam sera aidé de ses deux meilleurs amis, Sock, et Ben.

Ray Wise, immortalisé par son rôle de Leland Palmer dans Twin Peaks, est l’un des acteurs rêvés pour jouer le Diable. Son sourire carnassier en fait la parfaite incarnation.

Passons rapidement sur le fait que le Diable a aussi pointé le bout de son nez dans des soaps comme Des jours et des vies (Marlena Evans Black a été possédée par deux fois) ou encore Passions et mentionnons la très courte 666 Park Avenue.

Un jeune couple tout juste débarqué du Midwest emménage dans une résidence new-yorkaise très chic de l’Upper East Side, dont ils deviennent les gérants. Ce qu’ils ignorent, c’est que tous les habitants ont signé un pacte avec le Diable afin que leurs plus profonds désirs soient assouvis et que leur plus grandes ambitions se réalisent. Peu à peu, ils découvrent que des forces obscures se jouent dans cet édifice

Terry O’Quinn (Lost, Millenium) campe ici un être démoniaque qui pourrait être le Diable. Mais comme souvent dans ce genre d’intrigue, on ignore si l’on a affaire au véritable Maître du Royaume souterrain ou à l’un de ses sbires. Reste que si la série sera vite oublié, Terry O’Quinn possède ce qu’il faut de mystérieux pour porter un tel rôle.

On aurait pu trouver car il existe surement d’autres exemples de séries qui ont mis en scène ce personnage à la charismatique et inquiétant qu’est le Diable (cette question est abordée dans l’ultime saison de Buffy). Personnage fascinant, très souvent incarné comme on l’a vu, il semble pourtant continuer à inspirer les scénaristes. En regardant The Conjuring, je me suis fait la remarque que ces deux personnages  feraient de très bons personnages de séries, personnages qui pourraient tenter demain de traquer et éliminer pour de bon le Diable. Mais doit-il vraiment être éliminé? Le bien n’existe pas finalement que parce que le Mal existe aussi?