Pour celles et ceux qui apprécient l’Histoire, Franck Ferrand, grâce à ces deux émissions Au cœur de l’Histoire (Europe 1) et L’ombre d’un doute (France 3), est un grand vulgarisateur de l’Histoire, genre si difficile à faire aimer. Grâce à son talent de narrateur, Franck Ferrand est de la famille des conteurs, un fils spirituel de Alain Decaux ou de Pierre Bellemare. Lors de la conférence de presse de France 3, nous avons pu discuter avec lui et lui demander son avis sur les séries historiques:

« Je crois beaucoup aux séries télé, beaucoup moins aux films. Ce que je trouve formidable avec la série c’est qu’elle a la durée et la profondeur psychologique pour raconter l’Histoire. Avec la série télé, on peut suivre nos personnages durant des dizaines d’épisodes et à la fin, on finit par savoir qui ils sont, ce qui leur donne une dimension extraordinaire. Certains comme les Anglais sont très doués pour faire ça, à l’image de Downton Abbey, absolument remarquable. Nous, on a plus de mal mais regardez, Un village français fonctionne très bien. Je pense qu’avec le temps, on va y arriver de mieux en mieux. Les Tudors est assez catastrophique sur le plan historique, mais c’est bien fait car ça donne envie aux gens d’aller se renseigner sur cette période. Même une série comme Game of Thrones qui n’est pas spécifiquement historique, repose sur un tel contexte historique que je pense que ça peut donner envie aux gens de s’intéresser par exemple à l’Histoire de Byzance. 
Je suis beaucoup moins attiré par les films historiques qui tentent de vous présenter un personnage historique. 9 fois sur 10 c’est raté, et encore je suis gentil en disant ça. Je préfère que l’on fasse une histoire plus fantaisiste mais qui donne envie aux gens d’aller voir la vérité, plutôt que de prétendre leur montrer une vérité qui n’en est pas une. Pour revenir aux Tudors, c’est une série semi-érotique présentée avec des allures de séries historiques. Les personnages ne sont pas du tout bien cernés et l’Histoire y est maltraitée, sans parler des décors et des costumes absolument ridicules. Prenez l’exemple du Cardinal Wosley dans les deux premières saisons, qui circule en carrosse à une époque où il n’avait pas été inventé. »

Avec le recentrage de France 3 autour de l’Histoire, j’ai eu envie de lui demander si il pouvait traiter d’une époque historique dans une série, laquelle ou lesquelles il choisirait:

« Il y en a deux pour la France sur lesquelles j’espère un jour pouvoir travailler, ce qui est mon objectif à terme, écrire une série. J’adorerais travailler sur une série qui se passerait du temps de la Révolution, qui commencerait en 1780 et finirait en 1810. Un Downton Abbey de la Révolution française! Il y a une seconde époque qui est très belle, certes un peu moins vendeuse à l’internationale (et il faut y penser quand on fait une série) c’est la Belle Epoque. Et notamment, j’aimerais faire une série sur l’année 1897 car dans cette année, on a tout eu: le vol du premier avion, la première projection de cinéma, l’entente franco-russe, le procès d’Oscar Wilde, l’incendie du Bazar de la charité, l’année où les femmes ont commencé à s’imposer, où le journalisme débarque en force, l’époque du capitalisme tout puissant, de l’expansion des colonies,…En somme, c’est l’époque du sommet de l’Occident, l’époque où la civilisation occidentale a connu ses derniers grands feux. »

A la rentrée, L’ombre d’un doute revient sur France 3 tous les premiers lundis de chaque mois et effectue un retour aux sources: « Pendant longtemps, l’émission était une émission d’enquêtes et c’est ce que j’aimais tant, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle je suis venu à la télé. En arrivant en prime, nous avons renoncé à l’enquête et je trouvais ça beaucoup moins intéressant à faire. La chaîne et le producteur ont sans doute eu raison puisque nous sommes encore là. Mais en septembre, on renoue avec l’enquête et je retrouve mes sujets.
Pour la première, on va s’intéresser à Napoléon et se demander si sa défaite est du fait d’une trahison car il avait tout pour gagner. La seconde émission tournera autour des derniers rebondissements de l’affaire sur Louis XVII. »

Crédits: Europe 1/ Showtime/ France 3
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