Low Winter Sun: Un remake sous influences
La review
LA SERIE
6LE SCENARIO
5LE CASTING
7Diffusée depuis le 11 Août 2013, Low Winter Sun, la nouvelle série d’AMC, cherche clairement à préparer l’après Breaking Bad. Adaptation d’un téléfilm anglais de 2006, l’exercice du remake a déjà réussi à la chaîne câblée avec The Killing. A la tête de ce cop show sombre, on trouve Chris Mundy qui avait déjà fait ses armes sur Hell on Weels sur la même chaîne. Premier regard sur les débuts de ce show.
8 Miles
Ouverture sur le visage de Mark Strong. Dialogue animé entre deux hommes dans une cuisine de restaurant. Couleurs chiasseuses et cadrages nerveux. Un meurtre, les traces sont effacées. Le lendemain matin, tout ce petit monde se retrouve au commissariat. On est dans une histoire de flics pourris.
Les premières minutes du show essaient immédiatement de nous mettre dans une ambiance particulière. Le show doit être sombre, sans échappatoire. Le quatuor de tête chez les flics joue immédiatement cette partition : Mark Strong (Franck Agnew), qui jouait déjà dans l’original, dans le rôle du flic moitié bad-ass, moitié grand cœur; Lennie James (Joe Geddes) que l’on avait pu voir dans Jericho ou The Walking Dead, incarne un flic ripoux de manière ostensible; Ruben Santiago-Hudson (Charles Dawson), l’ancien Capitaine du Commissariat de Castle en supérieur qui protège ses fesses; et David Costablie (Simon Boyd), sorti de Suits, qui campe un inspecteur des affaires internes, entre arrogance et naïveté.
Face à eux, on nous décrit l’environnement criminel de cette équipe de flics. Un vague parrain qui dirige le quartier, simplement évoqué lors des premiers épisodes, répondant au doux nom de Skelos; une bande de jeunes qui se rebellent contre l’autorité du dit parrain et essaient de monter leur propre réseau, parmi lesquels on retrouvera Sprague Grayden (Maya Callis), elle aussi rescapée de Jericho, rare personnage féminin un peu développé dans ces premiers épisodes.
Tout cela se passe à Detroit. Choix pertinent puisque la ville, ancien bastion de l’industrie automobile des USA, a subi la crise de plein fouet, et s’est déclarée en faillite. Cet environnement, post cataclysme financier, fait de la cité un univers un peu plus sauvage, un peu plus désespéré.
Assez rapidement, on se retrouve devant une série qui joue sur des codes assez connus, et finalement, reconnus. On est devant un peu de The Shield par ci, un peu de The Wire par là.
Et c’est sans doute là que le bât blesse.
Loose yourself
Concrètement, les premiers épisodes de Low Winter Sun évoquent une série sous influence. A tel point que les acteurs jouent cette partition de manière ostensible et, du coup, essaient un peu trop, en font un peu trop. Idem pour la mise en scène. Les choix de décors, de plans, de couleurs. Tout est mis en oeuvre pour créer cette grisaille ambiante. Grisaille de vie, de décors, et de morale. A priori, le soin avec lequel l’ensemble est réfléchi devrait constituer un atout fort du show. Malheureusement, il lui manque pour le moment l’atout principal qui en ferait une réussite : les enjeux.
En effet, la série oublie, à ce stade, un élément essentiel pour que cela fonctionne : Il faut trouver le moyen de créer un lien entre le spectateur et les personnages dont on raconte l’histoire. Il faut que, même pourris jusqu’à la moelle, ils soient en partie sauvés. C’est le cas de Walter White (Breaking Bad) ou de Vic McKay (The Shield). Ces deux personnages qui peuvent être des monstres sont aussi créés de façon à ce que le public s’attache à eux. C’est la qualité qui manque à Low Winter Sun. Les enjeux, les motivations des personnages principaux ne sont pas suffisamment développés pour que le public s’attache à eux. Dès lors, lorsque ceux-ci sont mis en danger, on ne peut qu’être indifférent. C’est du coup toute la tension dramatique qui retombe. On n’a pas peur pour eux, on n’a pas envie de les sauver.
Au final on est devant un show qui fait toute la démonstration du talent technique de son équipe, qu’il s’agisse des comédiens, qui essaient, ou de la réalisation qui met bien en atmosphère cette ambiance désespérée et crasseuse. Hélas, l’écriture fait défaut et l’on reste à la porte de cette histoire. Les audiences ne sont pas excellentes (en moyenne, 1,4 millions par épisode alors qu’ils étaient 2,5 millions devant le pilote, une tendance qui démontre dors et déjà que le bouche à oreille n’a pas fonctionné), espérons que ce sera un signe pour que les auteurs redressent la barre de l’écriture.
Crédits: AMC
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