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Un Commentaire

Maison Close: « Un bordel bien ordonné » (Episodes 1 à 4)

Alexandre LETREN

La review

LA SERIE
6
LE SCENARIO
5.5
LE CASTING
6.5
ORIGINALITE
6.5
SAISON 2 PAR RAPPORT A SAISON 1
6
6.1

MOYEN

Trop de démonstration tue la démonstration

Maison Close est de ces séries françaises, trop rares, qui vont connaître les joies d’être « remakées » par nos amis américains. Le pilote est en train d’être finalisé. Et quand on voit ça, on se dit que de chemin parcouru depuis le lancement de la saison 1 en 2010. La saison 1 n’avait pas laissé indifférente en son temps. La saison 2 est donc très attendue, sous la plume de nouveaux scénaristes, Franck Philippon et Cécile Ducrocq, et mise en scène par Mabrouk El Mechri (Episodes 1 à 4) et Jerôme Cornuau (Episodes 5 à 8).

Les temps sont durs pour le Paradis et ses pensionnaires : non seulement la maison close fait face à de graves difficultés financières, mais de surcroît, l’accession au pouvoir d’un maréchal royaliste signe le retour de l’Ordre moral qui, en matière de prostitution, signifie l’application stricte d’une réglementation avilissante pour les prostituées. Pour résister aux exigences du nouveau commissaire principal Torcy, patron de la police des mœurs, et conserver ainsi leur liberté conquise de haute lutte à l’issue de la saison 1, Véra, Rose et les autres filles du Paradis décident, en accord avec Hortense, de s’associer avec Mosca et ses hommes, et voilà les pensionnaires du Paradis contraintes de cohabiter avec une bande de monte-en-l’air parisiens aux mœurs plus que douteuses. Bien vite, nos héroïnes se retrouvent coincées entre une police réactionnaire, désireuse de renvoyer les filles à leur ancien statut, et ces voyous violents appâtés par l’immense potentiel de la prostitution de rue. Bientôt une véritable guerre des trottoirs éclate entre bandes rivales et nos filles se retrouvent au cœur des hostilités. Une fois de plus, Véra, Rose, Hortense et les autres vont devoir se battre pour leur propre survie. Et pour gagner un peu de cette liberté dont elles rêvent…

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Dire que la saison 1 était une réussite de bout en bout serait faux. Bien au contraire. Mais la série avait l’avantage d’innover et de nous entraîner vers une vraie création, une série qui tranchait vraiment dans le flot permanent de séries policières en tout genre. Visuellement sublime, dotée d’une bande son des plus originales (inspirée du Marie-Antoinette de S.Coppola), Maison Close souffrait d’un rythme assez lent qui pouvait, c’est le moins que l’on puisse dire, dérouter le téléspectateur le moins patient. Aussi on espérait que cette saison 2 saurait nous surprendre en s’inscrivant dans les pas de sa saison 1.
Disons le tout de suite, il y a de très bonnes choses dans cette première partie de la saison. Mais dès les premières minutes, on comprend assez vite que cette nouvelle saison porte en elle un défaut caractéristique des séries françaises: celui de proposer non pas une saison 2 c’est-à-dire inscrite dans la continuité de la saison précédente, mais plutôt une suite, calquée sur le modèle d’une « suite » d’un film au cinéma: « Il ne s’agit pas à proprement parlé d’une suite mais d’une histoire différente avec des personnages que l’on continue de faire évoluer » (Jacques Ouaniche Producteur chez Noé Production Int.). Pour être clair, on reprend les personnages de la saison 1 mais on réinvente la série.
C’est le soucis que l’on rencontre quand il n’y a pas une continuité d’auteurs de la série d’une saison à l’autre et qu’on laisse les nouveaux scénaristes « faire leur série » avec les mêmes personnages au lieu de leur demander de prolonger les histoires amorcées en saison 1. Même s’il serait injuste de ne pas reconnaître que Philippon et Ducrocq ont plutôt bien réussi à se mettre dans les pas des auteurs de la saison 1.
Mais si je dis qu’il y a cette impression d’avoir une suite d’un film plutôt qu’une saison 2, c’est qu’il n’y a que de trop peu, voir quasiment pas d’allusions à ce qu’il s’est passé dans la saison 1. Gaillac, le frère d’Hortense, assassiné dans la saison 1, n’est que trop peu mentionné. Et cette impression est renforcée par l’ellipse temporelle de 2 ans qui fait qu’on ne retrouve pas nos personnages là où on les avait laissé en fin de saison 1 mais dans de toutes nouvelles situations. Un peu comme si on cherchait à « effacer » la saison 1 (ce qui m’étonnerait mais le doute est permis).

Le point positif de cette saison 2 est indéniablement l’apport de la nouvelle arche narrative, portée par le nouveau personnage Mosca.
Avec cette arche, la série aborde enfin les sujets et pose enfin l’atmosphère que l’on aurait aimé voir dès la saison 1.
Le pari est clair pour cette saison 2: donner à Maison Close les allures d’un western urbain: « Avec l’arrivée de Mosca à la tête du Paradis, c’est dans un univers scorsesien que nous avons souhaité plonger nos personnages. Un véritable western urbain où la maison close fait office de saloon au coeur duquel viennent s’affronter shérif et bandits de grand chemin » (Philippon/Ducrocq, scénaristes). Leur volonté affichée est de créer une série de gangsters mais du point de vue des femmes, en l’occurrence les filles du Paradis. Dans cette première partie de la saison, les pions se mettent en place de chaque côté: Torcy, le commissaire est prêt à provoquer une guerre des rues pour faire tomber Mosca, et Mosca, flambeur et joueur mais avide de pouvoir, va faire ce qu’il faut pour asseoir de plus en plus son pouvoir, débordant du simple cadre du Paradis pour empiéter sur la rue (avec un nouveau visage de la prostitution, celui des Insoumises, filles de la rue). Ce qui se joue ici c’est ni plus ni moins que le nouveau visage de la prostitution tel qu’on le connaît aujourd’hui, où les proxénètes des rues l’ont emporté sur les tenanciers de bordels. Les choses sont mises en place, plutôt habilement d’ailleurs avec une montée en puissance de la tension au fil des épisodes; Mosca laisse de plus en plus percevoir son vrai visage, un visage qui a de quoi faire peur car sous ses airs de charmant jeune homme, il cache en réalité une brute qui n’hésite pas à tuer pour imposer son autorité (un rôle très bien campé par Michael Cohen). Le commissaire Torcy aura en fin d’épisode 4 une phrase qui nous laisse présager de bonnes choses pour la suite: « La guerre des rues va pouvoir commencer« .

Si Maison Close saison 2 renoue avec certains des travers de la saison 1 (un rythme lent, une volonté trop nette de vouloir en mettre plein la vue à chaque image, des plans souvent inutiles et qui ne servent précisément qu’à « montrer »), elle sait aussi relancer la série dans une nouvelle direction des plus intéressantes, qui permet de donner plus d’épaisseur à toutes ces comédiennes (mention spéciale à Valérie Karsenti et Anne Charrier), mais aussi à donner à la série une atmosphère et une ambiance qui lui va vraiment bien.
C’est donc sur un bilan contrasté que s’achève cette première partie mais, notamment grâce aux épisodes 3 et 4, on ressent une grande envie de voir la suite pour voir jusqu’où les scénaristes vont emmener nos personnages et quel destin peut bien les attendre…

Source: Dossier Presse Canal+
Crédits Photos: © Canal + (France)

A noter aussi un livre, Histoire des Maisons Closes par Caroline Andrieu (Ed Chêne) et dans lesquelles vous retrouverez des illustrations d’époque mais aussi des clichés de la série de Canal+


Maison Close saison 2 c’est à partir du 4 février 20h45 sur Canal+…Très bientôt la seconde partie de ce dossier …

Redécouvrez l’émission Season One consacrée en septembre 2010 à la saison 1 de la série ICI

  • Emma

    La vraie faiblesse de la saison 1 de Maison Close est son scénario. Plus les épisodes passent, plus l’on voit les scénaristes se débattre dans leur développement … L’intrigue initiale est trop faible et le personnage « principal » vite épuisé.. alors la série repart vers une autre histoire, une autre arche narrative, un autre fil rouge …avec des protagonistes principaux qui changent, tout en essayant de masquer le tour de passe passe… C’est quand même un peu dommage pour une mini série ! Espérons que la saison 2 aura su trouver une intrigue principale à la hauteur !