Marvel’s Daredevil saison 2: En rouge et noir!
Parmi les nombreuses adaptations cinématographiques ou télévisuelles inspirées par des comics, les séries Marvel’s Daredevil et Marvel’s Jessica Jones figurent très certainement en tête de liste en termes de qualité et de respect du matériau d’origine. Après une première livraison parfaitement réussie, le super-héros aveugle revient, sur Netflix dès le 18 mars, pour une seconde saison qui, à la vue de ses sept premiers épisodes, confortent l’excellente impression laissée l’an dernier….
Retrouvez la critique de la saison 1 ici
Résolument destinées à un public adulte, les œuvres inspirées des comics Marvel et diffusées sur Netflix sont d’une noirceur et d’une violence en adéquation avec l’imagerie des justiciers urbains que représentent originellement les héros qu’elles dépeignent. Ravis par les treize premiers épisodes de la série mettant en vedette Daredevil puis par ceux suivant la détective brutale et torturée Jessica Jones, les fans de comics attendaient néanmoins fébrilement la deuxième partie des aventures du justicier aveugle. Car originellement, l’accord entre le diffuseur et l’éditeur incluait quatre série de super-héros d’une saison avec un regroupement des personnages dans une dernière série, The Defenders. Annoncée un peu à la surprise générale malgré une excellente réception critique et publique, la reconduction de Marvel’s Daredevil pour une saison supplémentaire pouvait laissait craindre une baisse de qualité. Mais en continuité parfaite de sa première livraison, la suite des aventures du justicier de Hell’s Kitchen confirme d’emblée tout le bien que la série inspire.
Dès le premier épisode le ton est donné : dans un prologue concis, quatre braqueurs se retrouvent, lors d’une poursuite urbaine, stoppés par un personnage quasi-invisible. En limitant au maximum les effusions de sang, les vilains sont délivrés à la police pour qu’ils soient jugés des crimes qui leur sont reprochés. Justicier mais pas juge, tête-à-cornes (un autre des surnoms accolés au diable rouge) est un personnage ambigu à la limite de la schizophrénie : dans la bande dessinée d’origine, Daredevil tente indéfiniment d’assainir son quartier en délivrant les délinquants aux autorités compétentes la nuit avant éventuellement d’avoir à les défendre le jour, sous le personnage de Matt Murdock avocat au barreau de New York. Incapable de tuer, il s’en remet aux institutions pour punir ceux qui les méritent. Mais bientôt sur sa route, une nouvelle espèce de justicier, excessivement plus punitive, va croiser son chemin.
Personnage créé par le trio Gerry Conway, Ross Andru et John Romita, Sr., The Punisher (ou Franck Castle pour l’état civil) apparaît pour la première fois dans le mensuel The Amazing Spider-Man de février 1974. Incarné au cinéma par Dolph Lundgren en 1988 dans la version de Mark Goldblatt (sortie il y a peu dans une magnifique édition Blu-ray chez The Ecstasy of Films) puis par Thomas Jane dans la version de Jonathan Hensleigh en 2004 et enfin par Ray Stevenson dans celle de Lexi Alexander en 2008, le Punisher est ici joué par Jon Bernthal, un ancien de The Walking Dead. Magnétique, physique, capable d’émotions comme d’absence d’émotions, Bernthal confirme qu’il est un magnifique acteur tout en s’imposant comme le meilleur interprète du tueur à sang-froid que représente l’ancien soldat. Donnant la plénitude de son jeu dans les scènes qui l’opposent à un Charlie Cox brillant, Bernthal/Punisher impose un point de vue différent de son vis à vis new-yorkais. Symbolisant l’esprit de vengeance et de justice personnelle, n’hésitant à tuer ses cibles au lieu de les confier à la justice, il incarne le côté obscur des icônes aux super-pouvoirs et devient l’origine de discussions entre les deux justiciers aux problèmes communs mais aux résolutions différentes.
Mais, alors que la présence d’une telle figure marvelienne aurait pu suffire au plaisir des aficionados, l’ajout d’un autre personnage d’importance de l’univers de Matt Murdock vient parachever le succès de ce qui s’annonce déjà comme l’un des événement de 2016. Elektra est un personnage créée par Frank Miller dans le comics Daredevil #168 en janvier 1981. Une série régulière lui a été entièrement dédiée en 1995 puis elle apparaît en 2003 dans le film Daredevil de Mark Steven Johnson. Elle y est interprétée par l’actrice américaine Jennifer Garner qui reprend ce rôle en 2005 dans Elektra réalisé par Rob Bowman. Interprétée dans la série par l’actrice française Elodie Yung, cette jeune femme experte en arts martiaux est un élément majeur des aventures du super-héros aveugle de ses trente dernières années. La relation en perpétuel conflit amour/haine qui gouverne l’attitude des deux héros transparaît d’ailleurs parfaitement lors des nombreuses scènes entre les deux acteurs.
Mais la réussite de cette deuxième saison provient également de la sauvegarde des qualités de la première et de la correction de ses légers défauts. Alternant toujours scènes de combats parfaitement filmés – le plan séquence du deuxième épisode de la première saison trouve ici son pendant dans le troisième volet où Daredevil descend un immeuble tout en se battant avec des Hells Angels – et discussion morale voire philosophique sur la notion de vengeance, de justice, de bien et de mal, la nouvelle saison de Marvel’s Daredevil constitue, à la vue des sept premiers épisodes, un show de qualité supérieure à la première. Porté par un casting remarquable et par des personnages secondaires rarement équivalents de faire-valoir, l’œuvre semble même grandir avec ses héros en se mutant parfois en série judiciaire mais également en comédie romantique touchante, preuve d’un début de maturité.
Laissé aux mains des discrets mais brillants scénaristes Doug Petrie et Marco Ramirez, la saison deux enchaîne parfaitement sur les thématiques et la dramaturgie enclenchées l’an passé. Mais en gommant certaines approximations, en évitant de multiplier les intrigues, en écartant le justicier chaque épisode un peu plus du droit chemin et en amplifiant, par la présence de ses deux guests, le côté sombre de son héros, Marvel’s Daredevil accentue sa main-mise sur les séries fantastiques actuelles et confirme son leadership en tant que meilleure adaptation tirée d’un comics.
Violente, sombre, torturée, le début de la saison deux de Marvel’s Daredevil est très certainement l’un des meilleurs shows produit à l’heure actuelle. Bonifiée par l’apport de personnages majeurs de son univers dessiné, l’œuvre diffusée sur Netflix devrait ravir les inconditionnels du justicier aveugle tout en convaincant les néophytes du genre.
Crédits: Netflix/ Marvel
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Nicolas M
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thierry