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OCS impose sa Signature dans le paysage sériel français

OCS impose sa Signature dans le paysage sériel français
Alexandre LETREN

En l’espace d’un peu plus de deux ans et demi, OCS est devenu un acteur indispensable de la création de fictions françaises. En parvenant à imposer des marques fortes comme Lazy Company ou Q.I, la chaîne a montré qu’il fallait compter sur elle. Forte d’un label intéressant, OCS Signature, et d’une ligne éditoriale cohérente, OCS est aujourd’hui « la petite chaîne qui monte ».
Pour revenir sur la saison écoulée, nous avons rencontré Boris Duchesnay, Directeur des programmes de la chaîne avec qui on revient sur les séries lancées cette saison, la stratégie de la chaîne, mais aussi sur l’arrivée de Netflix.

Boris-Duchesnay

Season One: Comment vous décririez la « Signature » OCS?

Boris Duchesnay: Il y a un mot qui revient souvent et qui va peut-être paraître présomptueux mais c’est l’audace. Une audace de la part des créateurs de nos séries. Une audace qu’ils doivent et que nous même on attend. L’idée est pour nous de faire une fiction française différente de celle que l’on voit ailleurs. Et pour marquer notre différence et offrir une alternative à ce que l’on voit ailleurs, il faut qu’on aille sur d’autres thèmes, sur d’autres façons de raconter des histoires. Et n’oublions pas non plus qu’en tant que chaîne payante, on se doit d’avoir une exigence de qualité et une audace vis à vis de nos abonnés. Les gens ne s’abonnent pas à OCS pour voir la même chose que sur les autres chaînes, ils veulent être surpris, étonnés, secoués.
Et dans ce cadre là, on redéfinit d’ailleurs notre méthode de travail avec les producteurs en ne faisant pas comme sur les autres chaînes qui ont une manière de travailler sans doute un peu plus « intrusive » auprès des producteurs et des auteurs. Ce qui au passage n’est pas non plus anormal étant donné qu’ils mettent plus d’argent dans le projet que nous, nous sommes en moyenne à 50% du devis apporté par OCS. C’est la raison qui nous pousse à laisser plus de liberté aux auteurs car on ne se sent pas de trop intervenir avec la quantité d’argent que l’on met. En clair, quand on investit environs 50 000 € par épisode de 26 minutes, il y a une certaine décence à ne pas être trop intrusif dans le process. Le fait de ne pas trop intervenir permet aussi aux producteurs et aux auteurs d’être beaucoup plus rapides dans leur rythme de production, et il y a un gain de temps mais aussi d’argent parfois.

Season One: Est-ce qu’il y a des critères sur lesquels vous êtes intransigeants? 

B.D: Au départ, c’est avant tout une rencontre, être séduit par une idée, par une manière de raconter une histoire. C’est avant tout ça qui nous intéresse au début. Nous n’avons pas de dogmes très précis de ce que l’on attend des auteurs et des producteurs, ni d’exigences précises pour accepter un projet. Il se dessine cependant une ligne éditoriale sur 2 piliers: le pur divertissement d’un côté (Lazy Company, FranceKbek, Zak), et la dramédie de l’autre (Q.I, In America). On essaie d’être originaux et présents dans ces deux registres.

qis2

Season One: J’ai la sensation qu’il y a eu un changement d’axe cette saison. Avec Zak ou Q.I on était sur de la fiction plus « classique », et avec les 3 dernières, on va plus vers une fiction sinon « méta », ou du moins « référencée ». C’est un hasard ou c’est quelque chose qui est souhaité?

B.D: Vous avez tout à fait raison, mais c’est un hasard, je n’y avais pas du tout pensé comme ça. Cela vient essentiellement de la personnalité des auteurs qui ont vu et revu des séries américaines, qui sont pétris de ces références là. Donc c’est un hasard mais c’est quelque chose qui me plaît beaucoup de voir des auteurs français se nourrir des séries américaines sans les plagier et en imposant un vrai ton français, ce qui correspond à cette nouvelle génération d’auteurs. Quand on me pitche des histoires, si je sens qu’il va y avoir des références que je peux aussi avoir, ça va éveiller mon intérêt.

Season One: En même temps, c’est assez « terrible », vos séries prouvent qu’avec peu d’argent on peut faire de bonnes séries (rires). A ça, tous les auteurs nous ont dit la même chose: ils aimeraient avoir bien entendu plus de budget, mais c’est cette contrainte qui les pousse aussi à se dépasser, à être ingénieux.

B.D: Ce n’est pas non plus nouveau. Vous le retrouviez déjà dans le cinéma à l’époque de La nouvelle vague. La contrainte du peu d’argent pousse à se dépasser pour que ce « peu d’argent » se voit le moins possible à l’écran. Les auteurs sont animés par cet esprit là et, en même temps, ils ont une vraie exigence visuelle. Quand on regarde par exemple Lazy Company, c’est impressionnant de voir ce qu’ils sont parvenus à faire avec peu de moyens. Leur série est comparable en qualité de production à ce qui est fait pour d’autres chaînes avec plus de moyens. Je comprends que ça puisse créer une petite onde de choc dans la profession du coup. Mais on ne l’envisage que comme une étape et non une fin en soi. On espère avoir plus de budget à l’avenir. On est aujourd’hui conforme à l’économie que l’on a, ça ne fait que 6 ans que l’on existe et on est quasiment aussi présents médiatiquement pour nos séries françaises que les autres chaînes qui sont là depuis plus longtemps. Ce qui joue aussi c’est que l’on travaille beaucoup avec des gens qui démarrent un peu dans le métier donc ils sont « vierges » de toutes règles, sans habitudes de travail avec d’autres chaînes, d’où leur audace ou leur inventivité.

lazy

Season One: Le fait que ce soit vous qui accompagniez les séries OCS depuis le début et qu’il n’y ait pas, comme ailleurs, de changements réguliers dans les responsables de la fiction, ne joue pas aussi dans le succès et la régularité de vos programmes? Un peu comme à Canal+. 

B.D: Oui vous avez sans doute raison. Avec Guillaume Jouhet, on a défini la ligne éditoriale. Une fois cette ligne éditoriale définie, c’est évidemment un plus que ce soit la même personne qui l’accompagne jusqu’au bout. Cela permet un meilleur accompagnement des projets, une meilleure façon de faire avancer le modèle économique. Chez Canal+, ils ont fait un travail incroyable, ils sont passés par plein d’étapes et c’est le même responsable de la fiction qui a accompagné tous les projets depuis le début.
On a un autre avantage c’est que l’on s’affranchit de l’audience. Bien sûr, le but est que les gens regardent nos séries mais on part du principe qu’on est sur une niche d’audience que l’on doit avant tout fidéliser. En forçant le trait exprès mais si on a 10 personnes qui regardent une série et que ces 10 personnes reviennent chaque semaine, le pari est en partie rempli pour nous.
Notre but est de capter une audience. Ayant 4 chaînes linéaires, il serait idiot de chercher à capter toute l’attention sur une chaîne précise à un horaire précis un jour précis. On va donc plutôt regarder une audience cumulée, sur la fin de vie d’une série. A la différence d’une chaîne commerciale dont la mission est d’anticiper les goûts du public, la nôtre est plutôt de proposer quelque chose au public en espérant qu’il aime. Notre « mission » devient donc de tenter des choses.

Season One: Comment peut évoluer la « Signature » dans quelques années? On reste sur comédie/dramédie ou vous souhaitez vous ouvrir au drame par exemple?

B.D: C’est une question que je me pose souvent et je n’ai pas encore la réponse. Déjà, on souhaite creuser ce format de 26 minutes. On veut aller sur des choses encore plus originales
Maintenant, sur le ton, j’ai le rêve de pouvoir faire une bonne série d’action, quelque chose de spectaculaire, dans l’action totale. Mais bien entendu, cela réclame des moyens différents. En tout cas, on ne s’interdit rien dans l’exploitation des différents genres. Et le fait que l’on soit de plus en plus médiatisés attire vers nous de plus en plus de producteurs qui viennent avec des projets de plus en plus originaux. C’est nouveau car auparavant, les producteurs, sans doute façonnés par des méthodes de travail avec d’autres chaînes, ne nous amenaient pas de projets aussi originaux mais plus des déclinaisons de ce qu’ils avaient déjà fait.
Le 52 minutes m’intéresse aussi forcement mais ça nécessiterait de redessiner notre méthode de travail. La grande liberté que permet le 26 minutes devient beaucoup plus dure avec du 52′. On est obligés d’avoir une implication artistique plus importante.

Season One: Cette saison, vous avez proposé 5 fictions originales, ce sera à l’avenir votre rythme de croisière?

B.D: On est effectivement sur cette ligne là, 4-5 fictions par saison. On vise à peu près 2 nouvelles saisons et 2 nouveautés. Pour FranceKbek, on discute en ce moment du renouvellement pour une saison 2 qui se passerait au Québec; Lazy Company saison 3 en tournage cet été; In America saison 2 au Brésil et qui se tournerait en août-septembre; la nouveauté Bang Bang en tournage cet été pour une diffusion j’espère début 2015; et Q.I saison 3 dont je vais découvrir les épisodes fin juin pour une diffusion en octobre. Et, si je me décide assez vite, peut-être d’autres nouveautés que l’on pourrait tourner en fin d’année et avoir fin 2015.

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Season One: Est ce que vos séries s’exportent bien?

B.D: C’est timide mais ça commence un peu. Lazy Company a par exemple été vendue en Allemagne et en Israël ce qui est au passage assez amusant au vu du personnage du méchant. On a des touches pour Q.I au Portugal. Mais notre premier marché c’est avant tout la France avec la marque OCS. Si elles s’exportent, c’est du bonus pour les auteurs et pour nous.
Mais on est très fiers de leur avoir donné une belle exposition qui fait sens sur OCS City.

Season One: Mais du coup, votre partenaire HBO regarde ces créations?

B.D: On est « Génération HBO » depuis octobre et on va les voir avec Guillaume Jouhet le 20 juin pour leur montrer ce que l’on a fait de OCS City et leur présenter par la même occasion nos « Signatures ».

Season One: Une production originale qui fait parler d’elle, une grille de séries US haut de gamme, l’ajout de US+24 sur vos antennes linéaires,… On peut dire que vous ne craignez pas du tout l’arrivée de Netflix?

B.D: Il ne faut jamais sous-estimer un nouvel entrant. Mais je vous accorde que l’on est pas trop mal armés pour lutter contre Netflix. Grâce à la présence de HBO, on a un label de qualité très important chez les fans de séries en France. On peut ajouter le US+24 ou la disponibilité de toutes les saisons précédentes des séries que l’on diffuse, qu’on peut « binge viewer » et qu’on avait développé bien avant la possible arrivée de Netflix en France.

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Season One: Et un outil de recommandation comme sur Netflix est envisageable sur OCS GO ou pas?

B.D: Bien entendu on regarde tout y compris un outil de recommandation. Mais pour l’instant la réponse à l’outil de recommandation est surtout la thématisation. Le linéaire est pour nous le meilleur outil de recommandation puisque l’on peut y montrer ce que les gens pourront ensuite retrouver sur le non linéaire. Nous avons d’ailleurs un avantage par rapport à Netflix c’est que nous avons deux modèles qui cohabitent: le linéaire et le non linéaire, là où Netflix n’a que le non linéaire.
Sur OCS GO, on fait aussi de la recommandation mais en thématisant (guerre, polar, un acteur,…). On trouve ça plus intéressant et fiable qu’un algorithme qui reste très hasardeux. Par exemple, dans une même thématique, on va glisser un ou deux films « décalés », que personne ne serait allé chercher et que le public va ainsi pouvoir découvrir. C’est aussi une manière pour nous de revaloriser nos productions propres, parfois un peu fragiles, comme nos pré achats de films français qui n’ont pas eu le succès escompté en salle et que l’on revalorise de cette manière.

Crédits: OCS/ Netflix

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Merci à Boris Duchesnay pour son temps et à Isabelle Di Costanzo d’avoir organisé cette rencontre