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Parenthood: la fin des séries familiales?

Parenthood: la fin des séries familiales?
Charlotte Calignac

Tout le long de sa diffusion chaotique sur NBC, Parenthood, qui s’est terminée en janvier dernier, a été très peu regardée. Au-delà de son positionnement à un horaire et un jour difficile pour une chaîne qui peine à se relancer, et en dépit d’excellentes critiques publiées au cours de ces 5 dernières années, cette série de Jason Katims, librement inspirée d’un film des années 80, a eu toutes les difficultés du monde à rassembler des foules. Pourtant, elle était la dernière réelle série de famille à l’antenne sur un grand network (ABC Family est sur le câble) depuis la fin en 2011 de Brothers and Sisters.

Partout, les séries d’action se multiplient tandis que les séries de famille sont reléguées au second plan. À l’heure actuelle, c’est bel et bien ABC Family qui diffuse Switched at Birth et The Fosters qui tiennent parfois cruellement du soap et du choc pour le choc.

Switched at Birth ou The Fosters font un peu comme Grey’s Anatomy, The Good Wife, The Americans et de nombreuses autres séries : il y a une telle distance entre la réalité du quotidien et les fictions dramatisées que même une identification aux personnages n’empêche pas un certain détachement.

Dans Parenthood, certains problèmes m’ont paru tellement banals que les émotions et les réactions, dramatisées bien sûr, faisaient que j’avais un investissement personnel dans ces histoires fictives. La série sur le fait d’être parent, et les relations entre les membres d’une famille ne sont pas un documentaire — ma famille ne ressemble en rien à celle des Braverman.

Mais il y a une sensation de familiarité quand les frères et sœurs parlent tous en même temps, les uns au-dessus des autres, se lancent des piques passives-agressives ou se soutiennent, se comprennent mal, ou ne supportent pas une critique. Du coup, quand Katrina et Adam acceptent que leur fils souffre d’Asperger et doivent renoncer plus que jamais à l’idéal de l’enfant qu’un parent se fait, de nombreux parents ou futurs parents peuvent s’y identifier. Quand le mariage de Joel et Julia se dégrade tout au long de deux saisons et demi au point que plus personne ne sait qui est fautif et qui ne l’est pas, c’est aussi un enjeu émotionnel fort qui tape où ça fait mal.

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Ce sont les liens tissés entre les membres, les influences que les uns peuvent avoir sur les autres, et les difficultés qu’être parents représente qui est parfois mis à l’état brut sur 6 saisons.

Les premières saisons sont particulièrement réussies, notamment un arc narratif sur le cancer qui, de mon côté, a fait remonter des souvenirs et renforcé mon investissement dans cette histoire. Les Braverman parlent énormément, crient beaucoup, et finalement ce sont les silences et les regards en arrière-plan qui font parfois des effets de choc, qui donnent l’impression qu’on pénètre réellement dans l’intimité d’une famille.

Les dernières saisons sont plus difficiles à apprécier de mon côté, avec la réussite miracle de Kristina et Adam sur des sujets ridicules qui n’ont rien à faire dans la série. Elles fonctionnent malgré tout car un intérêt est porté en parallèle sur d’autres sujets : comment devenir adulte, que faire si l’on n’est pas fait pour des études, comment ne pas reproduire à un moment charnière de sa propre vie ce que ses parents ont fait ? Là encore, ces thèmes ont parfois fait un peu trop écho à du vécu, et s’y confronter peut être la raison pour laquelle les audiences étaient faibles.

Nombreux sont ceux qui perçoivent les séries comme une échappatoire. La crise, on la vit déjà à la maison, pas besoin de voir d’autres gens la subir dans une série. Un parent malade à qui l’on doit dire au revoir, non merci la déprime. C’est tout à fait compréhensible. Mais c’est particulièrement ce qui m’a plu dans Parenthood, et que je trouve difficile à trouver dans les séries d’action. Parce que parfois, voir du positif sur le long terme malgré les drames, apprécier et savourer les petites victoires de gentils personnages à bon fond et à vie simple, ça fait du bien.

Ça fait aussi beaucoup pleurer.

Ce qui est amusant, c’est que Parenthood est à la fois l’anti-thèse de Friday Night Lights (lieu hyper libéral d’un côté, très religieux et traditionnel de l’autre) et une espèce de monde parallèle dans les sujets abordés (la famille, le sport, l’avortement, la parentalité). C’est particulièrement flagrant quand on voit que 50% des guests viennent de la précédente série de FNL. L’écriture, l’humour, la réalisation sont estampillés « Jason Katims » de bout en bout.

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Une belle série en tout cas. Faite d’une multitude de moments simples mais puissants, où un silence et un sourire peut rivaliser avec une explosion sanguinolente, et avoir plus d’impact émotionnel qu’une scène de torture. Bon sang, que ça faisait du bien. Les bonnes « séries de famille » manquent cruellement sur les networks.

Crédits: NBC

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Parenthood season 6 The Fosters
  • Tommy Brad

    Modern Family

    • Charlotte Calignac

      Modern Family est une sitcom et une comédie, non un « drame ». Son format et son propos n’en font pas une « série de famille ».