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3 Commentaires

Paris sera toujours Paris

Paris sera toujours Paris
Alexandre LETREN

La review

LA SERIE
8
LE SCENARIO
7.5
LE CASTING
8
7.8

Coup de cœur. A voir!!!

En septembre dernier, au Festival de la Rochelle, nous attirions votre attention sur une des nouveautés 2015 de Arte, la mini série Paris signée Virginie Bracq.
24h dans la vie de parisiens, 24h qui vont changer leur vie à tout jamais, d’une danseuse de cabaret en passant par des membres du personnel de la RATP, jusqu’au premier ministre.

Après le visionnage des deux premiers épisodes, nous étions emballés, après l’intégrale on peut le dire: Paris est notre coup de cœur de ce début d’année. 

La première grande force de cette série est son casting. A la manière de films comme Magnolia ou de comédies légères comme Love Actually, la distribution de ces histoires joue beaucoup dans l’attachement ou non aux personnages. Et comme dans toute bonne série qui se respecte, les personnages étant centraux, il est nécessaire de bien soigner celles et ceux qui les campent. Et ici, on serait bien en peine de choisir lequel tire le plus son épingle du jeu. Mais sans doute très nettement tout de même, Sarah-Jane Souvegrain (Alexia) ne manquera pas de sortir du lot, déjà par son rôle de danseuse de cabaret transgenre, mais aussi par l’intensité que la comédienne vue dans Ainsi soient-ils lui donne. Quel beau rôle pour une comédienne, et quel pari aussi! Aborder la question des transgenres est un pari risqué et peu couru (à part dans l’excellente Hit and Miss), parfaitement relevé ici. C’est le personnage pivot, celui par lequel s’ouvre et referme la série. Un échange rapide en fin de premier épisode résume bien le traitement du personnage:

– Tu es quoi? (lui demande le fils du premier ministre en découvrant qui est vraiment Alexia)
– Je suis moi!

Tout simplement!!!

Mais citons aussi Jérôme Robart (Nicolas Le Floch, Reporters) toujours remarquable, François Loriquet (Un village français) en premier ministre ou l’étonnant Kool Shen en malfrat très efficace.

Retrouvez notre interview de Sarah-Jane Sauvegrain ici

Alexia

Autre réussite: son mode de narration. Faire une série chorale en seulement 6 épisodes est loin d’être un pari facile. Chacun doit avoir ce qu’il faut à défendre, ne pas passer pour des personnages gadget, juste bon à servir les autres. Pour y arriver, Virginie Bracq a eu recours à un procédé très malin: les personnages sont tous d’une manière ou d’une autre connectés les uns aux autres. Les « rebondissements » tiennent d’ailleurs beaucoup à cet état de fait puisque le but est justement de  savoir comment chaque personnage va être relié à un ou plusieurs autres. Les éléments s’emboîtent à merveille, parfois peut-être de manière un peu gratuite mais ça n’est jamais dommageable. Les éléments de l’intrigue sont assez fluides, les personnages vraiment bien caractérisés ET étoffés ce qui est loin d’être négligeable. N’oublions pas non plus que chaque personnage porte en lui son lot de doutes, de souffrances, d’errance ce qui contribue un peu plus encore à les rendre attachants. Pas un des personnages n’a éveillé en moi la moindre antipathie car on sait toujours habilement nous entraîner dans une autre direction quand ça pourrait le devenir.

Enfin, Virginie Bracq a été vraiment intelligente de choisir de raconter son histoire sur le mode d’une chronique, d’une journée dans la vie de ces gens. Certes, on n’évite pas le syndrome 24 (il se passe vraiment pas mal de choses en une journée) mais, à la différence de la série américaine, quand la série démarre, les éléments qui vont faire vivre nos personnages sont déjà là, et quand elle se termine, ils se poursuivent. Elle évite ainsi soigneusement la course folle en avant visant à boucler à tout prix toutes les histoires à la fin du 6ème et dernier épisode, ce qu’on pouvait craindre légitimement en début de série (la fiction française en est coutumière). Elle se contente de les laisser vivre. Elle termine certains éléments et laissent d’autres se poursuivre. Sans terminer toutes les histoires, la fin de la série n’en demeure pas moins satisfaisante car elle sait terminer un cycle, notamment celui d’Alexia. Mais la série pourrait très bien se poursuivre, avoir une suite. Nos personnages ont encore de belles choses à raconter et on ne serait pas contre les retrouver plus tard.

poker

Paris est une série simple et qui fait du bien, portés par des personnages forts et remarquablement interprétés par une galerie de comédiens formidables. La série sait nous entraîner dans son univers pour ne plus nous lâcher. Terriblement moderne et en même temps pétrie par moment d’un parfum légèrement rétro, baignée par une bande son délicieusement envoûtante signée Hervé Salters, comment dès lors ne pas avoir envie de s’embarquer dans cette histoire de celle qu’on appelle souvent « la plus belle ville du monde »? 

Paris sera diffusée sur Arte les 15 et 22 janvier 2015 (6×52 minutes)

Crédits: Arte France/ Son et Lumière