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Un Commentaire

Pilote d’essai: American Crime (ABC)

Pilote d’essai: American Crime (ABC)
Alexandre LETREN

La review

Le pilote
8
Le scénario
8
Le casting
7.5
Envie de voir la suite
8.5
8

On en redemande!!!

Dès le 5 mars sur ABC et le 10 sur Canal+ Séries, la nouvelle série coup de poing débarque sur nos écrans. Incontestablement l’une des séries très attendues des derniers Upfronts, American Crime, la nouvelle série John Ridley (scénariste de 12 years a slave) entreprend de secouer la fiction de network et d’aller « chasser » sur les terres du câble diront certains.
Ou simplement de rappeler que l’on peut produire de très grandes fictions sur les networks. American Crime, future grande série?

Toute la presse en parle : un jeune couple de Modesto, en Californie, a été agressé dans sa maison. Matt Skokie, un ancien combattant, est mort tandis que sa femme, Lily, inconsciente, s’accroche à la vie. Alors que sa famille espère un miracle, quatre suspects sont sur le point d’être arrêtés. L’affaire provoque un séisme au sein de la communauté attisant les tensions ethniques.
Un récit coup de poing qui expose les points de vue des victimes, des accusés et de leurs familles.

Disons le d’emblée: le pilote d’American Crime est sans doute ce que l’on a vu de plus puissant sur les grandes chaînes américaines depuis bien longtemps. Tant en terme de richesse de personnages, de richesse narrative, ou de potentiel sur le long terme.
En seulement 42 minutes, American Crime ne prend aucun gants et nous dresse de manière très crue (notamment sur un network), un état de la société américaine d’aujourd’hui.

Avant toute chose, American Crime est une série sur les non-dits et sur le manque de communication qui frappe notre société. Ce qui frappe dans ce pilote, c’est que les personnages ne se parlent pas. Que ce soit au sein de la ville, Modesto, ou au sein des clans, des familles. Et ce sont ces non-dits qui vont entraîner le déferlement de violence qui va frapper cette communauté.

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Autre point fort: ses personnages. Ils sont nombreux. Trop pouvait-on craindre. En série chorale, American Crime devait en 42 minutes nous donner les enjeux et caractériser de manière très efficace chacun des personnages en première ligne (d’autres suivront par la suite). C’est le point déterminant qui conditionne la volonté de suivre ou pas une série. C’est le point qui a manqué à une autre série de ABC, Resurrection. Ce n’est assurément pas le cas ici. Chaque personnage est parfaitement identifié, caractérisé et placé au cœur de l’intrigue, au cœur du drame qui va les frapper. Les auteurs ont su nous montrer ce qui constitue le socle, le fondement de chacun d’entre eux….pour mieux les bousculer par la suite, les secouer. A l’image du meurtre qui frappe au cœur d’une communauté, les répercussions frapperont au cœur de chaque être. Les voir vaciller pour certains dès les premières minutes est réellement très fort. Les compositions de Felicity Huffman ou de Timothy Hutton sont saisissantes (avec, par exemple, ce moment très fort où il identifie dignement, sans rien laisser transparaître, le corps de son fils,pour mieux s’écrouler par la suite une fois seul).

En épousant tout à la fois le point des familles des victimes comme ceux des présumés coupables et de leurs proches, la série s’offre la possibilité de brasser un éventail de réactions face à un même événement.

Si on ajoute à tout cela une réalisation soignée et une écriture pointue qui ne ménage rien ni personne, n’hésitant pas à nous montrer les aspects les moins reluisants de la ville (la photo n’enjolive rien, certains plans de ville font même penser par moment à des images de documentaire), tout en n’oubliant jamais qu’elle est une série. Ça semble étrange de dire ça tant ça devrait être la norme, mais le pilote d’American Crime conjugue à la fois l’exigence d’une oeuvre qui veut dire des choses sur notre société, et la force narrative d’une série qui ne recule donc pas ses effets de manche, soignant ses rebondissements (puissants mais à « hauteur d’hommes »).

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Il est bien entendu trop pour savoir si la suite de la série sera à la hauteur de ce pilote remarquablement mené, mais on a du mal à imaginer comment il pourrait en être autrement. Réellement bluffé par ce pilote, par les personnages mis en place, jamais manichéens ce qui permet de ne jamais se mettre totalement que d’un seul côté, celui bien naturel des victimes. On est sans arrêt balancés d’une émotion à l’autre comme on passe d’un point de vue à l’autre. Une très grande réussite.

DIFFUSION A L’HEURE US A PARTIR DU 10 MARS 2015 
SUR CANAL+ SERIES 
Chaque semaine, un épisode en V.O.S.T. à 21H40 (10 et 17 mars)
puis à 20H50 (à partir du 24 mars)
Disponible sur CANAL+ A LA DEMANDE

Crédits: ABC Studios