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5 Commentaires

Pilote d’essai: Black-ish (ABC)

Pilote d’essai: Black-ish (ABC)
Christophe Brico

La review

Pilote
1
Scénario
1
Casting
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Envie de voir la suite
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En vrai c’est zéro plus zéro égal…

La rentrée des séries, c’est la rentrée des comédies. Au chapitre des nouveautés, ABC nous propose Black-ish, comédie communautaire, tournée en single-caméra. Produit old school, qui s’inspire de prédécesseurs tel que le Cosby Show, ce pilote a le record des 22 minutes les plus douloureuses que j’ai passé cette rentrée.

Painted Black

Black-ish nous raconte l’histoire de la famille Johnson, des CSP++ (ou famille bourgeoise) américains, au travers des yeux du père de famille, André, cadre d’entreprise, en passe d’obtenir une promotion, André est obnubilé par sa couleur et les questions d’intégration et d’identité qu’elles posent, au travers de son job ou de sa famille.

La série est créée par Kenya Barris, qui avait déjà officié sur The Game série centrée autour de femmes de footballeur. On sent déjà un certain goût pour jouer des clichés. Le cast est mené par Anthony Anderson, que l’on a pu voir dans Treme, et l’on notera l’étonnante présence de Lawrence Fishburne (Hannibal, Matrix, Man of Steel). Le pilote alterne les scènes “en société” (boulot, école) et les scènes de familles, les unes servant à répondre aux autres et inversement.

Avant de rentrer plus avant dans la critique de cet épisode, permettez-moi de m’abandonner au “je”, pour une fois, tant cette série pose pour moi des questions encore sans réponse et qui vont bien au-delà du simple show lui-même. Néanmoins, et préalablement à tout discours sur l’aspect “communautaire” de cette série, qui est une vraie interrogation, il faut mentionner que Black-ish n’a pas su me faire rire une seule fois, et n’a décroché que quelques rares sourires. Ces 22 minutes, qui parurent plus longue qu’un épisode de Rectify, furent non seulement d’un profond ennui, mais en plus fait d’une façon tellement archaïque que l’on se demande s’il est encore possible de faire de la télévision comme ça en 2014.

True colors

Alors voila, nous y sommes. Il faut parler de l’angle de la série. Certes sympathique, pas provocateur pour un sou, en tout cas dans les situations qui nous sont montrées, mais portant un discours qui me paraît totalement dépassé, voire contre-productif. En effet, Black-ish nous est clairement présenté comme une série dont le cœur est de parler des afro-américains, « des blacks », quoi. Evidemment, on esquive un peu l’angle social dans le postulat de départ, une famille bourgeoise, mais celui-ci nous est constamment rappelé au fil de l’épisode, notamment dans une scène dans laquelle le personnage d’André arrive dans sa boite, en passe d’avoir sa promotion, et salue tous les autres « blacks » qui travaillent là, avec une voix off qui porte en substance le discours “ma victoire, c’est un peu leur victoire à tous.

blackish1

Et là j’ai vraiment l’impression d’avoir loupé un épisode.

Depuis de nombreuses années, tout l’enjeu de la représentation des afro-américains dans la télé US, a justement été de tenir compte le moins possible de la couleur. Bref, d’engager des actrices ou acteurs pour interpréter des rôles et point. On pense à Kerry Washington dans Scandal pour qui la question de la couleur ne s’est jamais posée, ou encore Lawrence Fishburne, qui figure au cast de Black-ish, dont le Morpheus de Matrix n’a aucun lien avec la couleur, et profite simplement de l’immense présence de son comédien. Ce même comédien ayant interprété Jack Crawford dans Hannibal ou Perry White dans Man of Steel, deux rôles précédemment interprétés par des acteurs blancs, sans que la question de la couleur soi même posée. Et si l’on peut également, et honnêtement, admettre que la question a fait débat en dehors du show, le personnage de David Palmer (24h Chrono) interprété par Dennis Haysberth, lui, n’a que très rarement utilisé la couleur comme argument.

A l’inverse, il est vrai que l’humour culturel est très souvent présent dans de nombreuses comédies ou sitcom américaines, sans en être l’argument. Et s’il y a une tradition de la comédie Black (on pensera au Prince de Bel Air, notamment), cela faisait quand même un certain nombre d’années que l’on en voyait plus vraiment à la télévision.

Bref, ces exemples me semblent résumer le point où, au commencement de la vision du pilote de Black-ish, je me trouvais. Et là, pendant 22 min, je me retrouve face à une comédie hyper-premier degré, dont la couleur est l’unique argument, et qui honnêtement ne m’a pas fait rire. A l’aune de rédiger cet article je fais quelques recherches, comme toujours, et là que vois-je : du 86% sur Rotten Tomatoes, du 77% sur Metacritic ! Et même si ces scores sont pondérés par du 50% (plus ou moins) des internautes, ca donne quand même l’impression d’avoir loupé un truc.

Alors voilà, il faut conclure. Vous l’aurez compris, je n’irai pas au second épisode de Black-ish. La série m’a semblé être d’un autre temps, d’une époque ou cette question, celle de la couleur, était encore une question. Je pensais naïvement qu’à l’heure d’une communication globale, nous avions dépassé ça.

Crédits: ABC

On vous invite à découvrir un avis totalement à l’opposé de celui-ci ici

  • Charlotte Calignac

    J’ai pas vu Black-ish, mais je souhaite rebondir sur un de tes arguments si tu le veux bien !

    « Depuis de nombreuses années, tout l’enjeu de la représentation des afro-américains dans la télé US, a justement été de tenir compte le moins possible de la couleur. Bref, d’engager des actrices ou acteurs pour interpréter des rôles et point. On pense à Kerry Washington dans Scandal pour qui la question de la couleur ne s’est jamais posée[…] »

    Je ne suis pas vraiment d’accord (quelle surprise, n’est-ce pas ?). La question de l’ethnie est parfaitement centrale à la culture américaine, et même si des efforts en termes de « quota » ont été fait (en embauchant un max de diversité et non pas que des blancs de la WASP) les origines des personnages incarnés sont indissociables de la « race » (au sens américain du terme) à laquelle ils appartiennent. Surtout dans Scandal. D’abord, Kerry Washington est une héroïne noire parce que Shonda Rhimes était dépitée de l’absence de personnages de ce genre dans le paysage audiovisuel U.S. Ensuite, Olivia Pope est bel et bien traitée comme un personnage afro-américain, sinon par les blancs, au moins par les autres personnages noirs : son père lui répète qu’en tant que femme noire, elle devra faire deux fois mieux pour parcourir la moitié de ce que les blancs ont fait. La question de l’ethnie est plus que jamais cultivée, entretenue et analysée. C’est pourquoi je ne suis pas surprise qu’on fasse une série à la « Prince of Bel-Air » qui se concentrent sur ce que veut dire être un afro-américain en 2014, sur la question du rêve américain, sur la bourgeoisie et la façon dont elle est perçue et vécue.

    Ça veut pas dire que Black-ish est bien (encore une fois, je n’ai pas vu, donc je n’ai pas d’avis) mais par contre, la question de l’origine ethnique et l’héritage qui l’entraînent restent des sujets systématiquement explorés, même en 2014.

  • https://season1.fr Christophe Brico

    Chère Charlotte,

    Si l’aspect ethnique existe bien dans la société américaine, tout l’enjeu, justement, de mettre de la diversité dans leur télé est de la gommer, avec le temps. Quand sort « Dans la chaleur de la nuit », c’est avant tout l’histoire d’un noir, quand on va voir, aujourd’hui, un film avec Denzel Washington ce n’est pas très différent que d’aller voir film avec Tom Cruise.

    Tu parle de Shonda Rhimes, mais avant Scandal, s’il y a toujours eu des personnages de couleur dans ses shows, c’est le premier dont c’est le rôle principal, et à part le dialogue, unique, avec papa pope que tu évoque, rarement (voir jamais avant), la question de son ethnie n’est au coeur de l’intrigue. Idem d’ailleurs dans le pilote du récent « How to get away with murder ». J’aurais pu parler de Halle Berry dans l’excecrable « Extant », Taye Diggs dans « Day Break ». Et ce n’est pas parce que Shonda Rhimes porte un jugement sur la présence d’afro-américains en leading part que ca change le fond.

    Attention je ne suis pas naïf, je pense juste que nous avons la chance d’être dans un dynamique de création dans laquelle la question de la couleur se pose de moins en moins… Pourquoi revenir en arrière ?

    Bonjour chez toi.

  • mia

    Hey la prochaine fois essaie de dire ‘noir’ tu verras tu verras ça ne fais pas mal…

    Je sais qu’en France ,vous n’avez pas l’habitude de voir des non blancs a la télé ( et dans tous autres secteurs de la vie public) mais aux usa , c’est banal.

    Blackish à cartonné pour ses débuts, impatient de voir la suite.

    • http://twitter.com/alexandreletren Alexandre LETREN

      Ok mais quel rapport avec ce que dis Christophe? A aucun moment il ne parle de ce que vous dites.

    • https://season1.fr Christophe Brico

      Chère Mia,

      Pas de problème avec les teines et les couleurs, que je mentionne d’ailleurs dans l’article (peut-être fais-je usage du mot anglais « Black », mais est-ce différent ?).

      En revanche, par souci du lecteur, j’essaie d’éviter les répétitions, donc les synonymes sont nécessaires.

      En revanche, ce qui est plus intéressant c’est qu’effectivement la série a fait un démarrage honorable pour ses débuts (11 millions de nos jours c’est pas mal du tout), ce qui soulève quand même quelques questions.

      Sans même parler de l’aspect communautaire, c’est juste une mauvaise série…

      Bonjour chez vous.