Les adaptations de comics n’en finissent pas d’envahir le petit écran (et le grand !). C’est donc au tour de NBC de proposer sa série adaptée de comics en diffusant Constantine adaptée de la BD DC initialement titrée “Hellblazer”, aujourd’hui “Constantine” (depuis le reboot de toutes les séries DC en 2012). Univers sombre et surnaturel, Constantine ne se situe pas dans un univers de héros colorés en costumes, mais dans celui de l’occulte et de l’éternelle bataille entre le bien et le mal.

The Clairvoyant

Diffusée depuis le vendredi 24 octobre sur NBC, Constantine arrive en fin des nouveautés de cette première partie de saison pour la chaîne. La série est développée par Daniel Cerone (qui fut showrunner de Dexter) et David S. Goyer, le compagnon de Christopher Nolan sur ses Batman et toute la franchise DC qui s’en suit, mais surtout, le garçon est un grand amateur (on peut même dire expert à ce niveau là) de comics, puisqu’il a déjà travaillé sur de nombreuses adaptations telles que The Crow, Blade et même l’adaptation télévisée Marvel : Nick Fury: Agent of S.H.I.E.L.D. (1998). Autant dire que le duo annonce plutôt du bon sur la série.

John Constantine est un détective de l’occulte, un exorciste, qui s’est volontairement fait enfermer dans un asile. Après un rapide rappel de la nature surnaturelle du monde et du danger qu’elle représente, il reprend du service pour sauver la fille d’un de ces amis.

Le cast de la série fonctionne plutôt bien. Au cœur, le personnage éponyme est interprété par un Matt Ryan à la mèche blonde et la barbe de 3 jours. Cocktail de détective des années 40, avec la gouaille d’une petite frappe londonienne, et la clope éternelle au bec, l’acteur nous propose un de ces personnages un peu provoquant, sur la brèche, qui porte son destin comme un fardeau. Mission accomplie pour Matt Ryan que l’on a envie de continuer à regarder dans les prochains épisodes. A ses côtés on trouvera la jeune Lucy Griffith (Liv Aberdeen) qui ne sera présente que dans le pilote, le rôle féminin étant décalé au personnage de Zed Martin interprétée par Angelica Celaya. Enfin il faut mentionner les 3 personnages qui tournent autours de Constantine, son side-kick et plus vieil ami, Chas Chandler (Charles Halford), Ritchie Simpson le scientifique agréablement porté par Jeremie Davies (Que l’on a pu voir dans Lost) et enfin l’ange Manny (Harold Perrineau, autre rescapé de Lost).

Enfin sur l’emballage, il faut bien entendu mentionner le réalisateur de ce pilote, Neil Marshall, dont on a pu voir le travail au cinéma avec les excellents Dog Soldier, The Descent, Doomsday, mais surtout qui officie régulièrement à la télévision, notamment sur Game of Thrones (pour laquelle il a été nominé aux Emmy) et Black Sails. A ce titre, la réalisation de ce pilote est efficace, et nous offre une esthétique de qualité. Les effets spéciaux également sont assez réussis ce qui est toujours un plus en télévision.

The Prophecy

Avant d’entrer concrètement dans l’avis sur ce pilote, il faut également mentionner que le personnage de John Constantine a déjà fait l’objet d’une adaptation cinématographique en 2005 par Francis Lawrence, avec Keanu Reeves dans le rôle titre, et qui fut un relatif échec commercial (75 millions de $ de recettes aux USA pour un budget de 100 millions). Sans doute la télévision est-elle un meilleur média pour développer ce personnage qui a besoin de plus d’1h30 pour s’installer.

Ce pilote est globalement de plutôt bonne qualité. Comme dit plus haut, la réalisation est efficace, les effets spéciaux de bonne qualité, le jeu du cast nous offre quelques personnages haut en couleurs (à l’exception de Liv Aberdeen, qui fort heureusement sort du casting récurrent du show), et le scénario est efficace sans briller par son originalité. On peut dire “Mission accomplie”, sur cet épisode qui pose les bases d’un personnage et de son univers. Malheureusement une autre série à succès s’est déjà emparée du même sujet, et réussi depuis 10 ans à capter un auditoire : Supernatural.

C’est au fond le problème majeur de ce pilote, et sans doute de la série. En effet, Constantine utilise non seulement un univers très similaire, mais surtout joue exactement sur les même cordes. John Constantine est un peu Dean Winchester, les Anges sont fourbes, on utilise des signes occultes, on y voit une sorte de purgatoire, il y a toujours des conversations pesantes et parfois absurdes entre les entités surnaturelles et le héros. Bref, c’est pratiquement du copier/coller. Certes, vous me direz que le comics dont est tiré la série, Hellblazer est arrivé avant (1988), cela n’empêche pas que l’adaptation, elle, ne peut faire l’économie de la comparaison. D’ailleurs le comics n’a cessé d’évoluer depuis la création du personnage par Alan Moore dans Swampthing.

Dès lors il est bien difficile de ne pas comparer les deux shows. L’un ayant pris le temps d’installer son univers (bien deux saisons pour poser réellement toutes les bases), l’autre nous demandant d’y adhérer immédiatement. L’un étant une création originale, l’autre étant une adaptation de comics, lui-même déjà adapté au cinéma, obligeant les scénaristes à tenir compte d’une histoire pré-éxistante. On peut aisément comprendre la volonté de NBC de ne pas être à la traîne de la mode du comics, et également de vouloir se démarquer en adaptant un personnage qui n’est pas un super héros, voire qui est un anti héros. Le dernier network en rade de super, CBS, ayant bientôt une Super Girl sur son antenne, et étant déjà partie prenante de The CW, qui est loin d’être en reste de ce côté là. Enfin, force est de constater que les univers DC ont une place de choix sur le petit écran, avec cette saison 3 nouvelles séries sur des networks en ajoutant The Flash (CW) et Gotham (Fox). C’est assez impressionant face à Marvel qui n’a qu’une série adaptée en cours de diffusion, et des mini-séries prévues sur ABC et Netflix.

Au final, Constantine est une série qui s’annonce de qualité correcte, mais manque cruellement d’originalité. Face à une concurrence bien installée, il est difficile d’envisager un avenir radieux au show, et il lui faudra développer un univers narratif et visuel de très haut niveau pour espérer gagner la bataille.

Crédits: NBC