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3 Commentaires

Pilote d’essai: Jane the virgin (CW)

Pilote d’essai: Jane the virgin (CW)
Charlotte Calignac

La review

Pilote
5
Casting
5
Scénario
5
Réalisation
5
Envie de voir la suite
5
5

Mouaisssssssssssss!!!

17 juillet 2014. Alexandre demande en réunion de travail à ce que nous nous répartissions les pilots de la rentrée pour pouvoir en faire des critiques. Je joue des coudes, obtiens à l’arrachée How To Get Away With Murder, fais un pied de nez à Christophe en lui chipant The Flash et… réalise à son rictus amusé que je viens de me faire avoir. Et oui. Je dois reviewer Jane the Virgin.

Autant dire que j’ai passé un été pourri à compter le nombre de jours qui me séparaient de ce fatidique 13 octobre (il est possible aussi que j’ai passé un été de rêve et que j’avais oublié que cette série existait, l’histoire ne dira pas quelle fut la réalité !).

Je ne voulais pas regarder Jane the Virgin. Je ne voulais pas entendre parler de Jane the Virgin. J’ai vu la bande annonce de cette série en mai ou juin et me suis bidonnée de rire pendant vingt bonnes minutes en me demandant qui avait bien pu avoir cette idée débile, qui avait pu se dire « tiens, et si on en faisait une série ! » et qui avait bien pu vouloir dépenser des millions pour l’acheter.

Triple déception, donc. Quadruple même si on compte le fait que je m’attendais à une sitcom (donc à ne perdre que 20 minutes de ma vie) et qu’en fait, c’est une dramédie. De 40 minutes.

Je ne voulais pas regarder parce que je suis un peu comme les biches qui se font percuter par des 36 tonnes : je sais ce qui va se passer, mais je reste figée de fascination jusqu’à l’inévitable. Je regarde souvent les séries, même si elles sont nulles (surtout si elles sont nulles ; vous lisez là la critique d’une fille qui est allée au bout de Charmed cinq ans après son annulation, au bout de True Blood, des Frères Scott, et de bien d’autres séries qui donnent même plus envie de manger du pop corn tellement on en a fait une overdose).

Jane the Virgin, c’est la toute dernière trouvaille de la CW et fort heureusement ça ne durera que 13 épisodes (cette saison). C’est vaguement inspiré par une télénovéla vénézuélienne ce que la série assume à 2000%. De la voix-off over-the-top aux clins d’œil de la culture sud-américaine en passant par les personnages principaux originaires de cette même culture, on a de la satire télénovéla un peu partout. Jane the Virgin, c’est l’histoire de Jane, 23 ans, qui veut attendre le mariage pour perdre sa virginité, et qui se retrouve inséminée artificiellement par la gynécologue remplaçante qui a découvert sa femme en train de la tromper la veille. Évidemment, le père de l’enfant est le mec dont elle était amoureuse adolescente et il ne peut plus avoir d’enfant à cause d’un cancer. Évidemment, ils sont tous les deux en couple : elle va se marier, lui est malheureux avec sa femme qui le plus immense stéréotype du monde et qui est probablement directement sortie du set des Feux de l’Amour.

Voilà voilà.

Je suis fan de séries américaines mais s’il y a bien un sujet qui me fait systématiquement grincer des dents ce sont les storylines sur les bébés. Dans 90% des cas, les grossesses dans les séries (américaines) sont subies, et dans 10% des cas elles sont le résultat de galères atroces où le couple a lutté pendant des années pour y parvenir. Je ne me souviens pas avoir jamais vu une série où les personnages parlent d’arrêter leur contraception et parviennent « normalement » à avoir un enfant (c’est sûr ça fait moins de drame). C’est à chaque fois pour les personnages soit une surprise absolue, soit une galère monstre. Et quand les grossesses sont des surprises on a toujours droit à la même histoire qui aboutit automatiquement soit à une fausse couche (comme c’est pratique) soit à la décision de garder le bébé parce que de nos jours sur les networks américains tout le monde se fiche de voir des couples gays s’embrasser (et c’est tant mieux) mais il est encore impossible de parler librement d’avortement sans passer pour un monstre.

jane-virgin

Donc Jane the Virgin, avec son personnage central bien religieux (« Dieu » figure littéralement sur les choses que notre héroïne préfère) me faisais d’ores et déjà lever les yeux au ciel. Ça sent dès la bande annonce le réchauffé de chez réchauffé.

Il ne faut pas se leurrer : le pilot n’a strictement rien d’original. Tout ce que vous pensez qu’il va se passer s’y passe. Évidemment Jane vit un conflit interne (normal en même temps), évidemment le père du bébé veut le garder (normal aussi), évidemment le fiancé de la fille n’en veut pas (soit, ça aussi ça se comprend). Mais du coup, j’ai pas envie de m’investir dans cette histoire : je l’ai vue un nombre incalculable de fois. Je l’ai déjà vue mieux faite, je l’ai déjà vieux moins bien faite, et finalement j’en ai rien à faire.

Il n’y a eu aucun effort de nuance de faite. Le père du bébé est le gentil riche dont on ne comprend pas pourquoi il s’est marié avec sa femme ignoble et on est supposé le plaindre. Le mec de Jane a un tout petit peu plus d’épaisseur puisqu’on comprend qu’il n’est pas clean qu’au milieu de l’épisode. Mais déjà ce triangle amoureux m’ennuie. Je m’en fous. J’en ai même marre de voir des triangles amoureux dans toutes les séries, à toutes les sauces. Ça ne m’intéresse pas de voir une nouvelle déclinaison absurde d’une famille décomposée/recomposée avec un couple phare à qui l’on met des bâtons dans les roues tout aussi absurdes pendant cinq saisons (ou 10).

La série est présentée comme une comédie et je reconnais que là-dessus ça va plutôt bien. L’actrice principale a un bon timing, des mimiques amusantes pas (encore) insupportables, et elle a suffisamment de charisme pour rendre son personnage attachant. Elle a réussi à me faire sourire sincèrement plusieurs fois.

Par contre, tout le côté soapesque n’est vraiment pas pour moi et c’est ce qui m’a le plus gonflée. Toute la storyline sur le père de Jane m’a fait lever les yeux au ciel, j’avais deviné direct qui c’était comme 100% des gens qui ont déjà regardé une série (même si, l’espace d’une scène, j’ai cru que la mère de Jane était transsexuelle et qu’on avait droit à une déclinaison de Transparent… mais non, apparemment je vais vraiment chercher trop loin). Et la partie sur la femme du père du bébé était juste insoutenable.

En fait, le seul truc qui m’a vraiment intéressée, c’est l’histoire de la gynécologue et de sa femme que j’ai trouvée assez rafraîchissante en terme d’humour/soap mélangé. Le quiproquo était pas trop mal fait.

jane

Est-ce que je vais regarder la suite ? Probablement, parce que je suis masochiste et que j’avais supplié Alexandre de ne pas me faire regarder ça puisque je me connais et que je sais que si c’est bien nul, je ne lâche pas. Même que je peux même trouver ça bien, un jour (probablement dès le prochain épisode, en fait). Je serais donc dans le coin, là, à droite, à bouder et à me gaver de pop corn devant les prochains épisodes.

Crédits: CW