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Un Commentaire

Pilote d’essai : Masters of sex, éloge du plaisir

Pilote d’essai : Masters of sex, éloge du plaisir
Delphine Rivet
  • Le 30 septembre 2013
  • http://twitter.com/DelphineRivet

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe, sans jamais oser le demander… Diffusé ce dimanche soir sur Showtime, Masters of sex s’attaque à l’épineux problème de l’orgasme. Si les chaînes câblées nous ont habitués à montrer la chose sans complexe ni artifice, rarement ces dernières s’étaient « penchées dessus » de cette manière. L’exercice est périlleux, mais Masters of sex, ou du moins son pilote, est une belle réussite.

Adaptée de la biographie de Thomas Maier, l’un des pionniers de la sexologie, la série raconte comment, dans les années cinquante, un gynécologue-obstétricien respecté par ses pairs, le Dr William Masters (Michael Sheen), a choisi de mener clandestinement des études scientifiques sur les mécanismes de l’orgasme. Pour l’aider dans ses recherches, il engage Virginia Johnson (Lizzy Caplan), une jeune femme libérée (pour son époque) qui ne ressent aucune gêne à évoquer la sexualité féminine avec lui. Ensemble, ils mèneront des expériences in vivo qui feront jaser la profession, car jugées tantôt subversives tantôt futiles, mais qui poseront la première pierre d’une sexologie moderne.

Créée par Michelle Ashford (The Pacific), la série nous parle de sexe et nous le montre, sans aucune pudibonderie, mais sans pour autant verser dans la vulgarité. Loin de se vautrer dans le voyeurisme, Masters of sex nous force à nous poser en tant qu’observateurs, certes, mais d’un point de vue scientifique. Nous sommes ici dans l’analyse comportementale, l’étude des stimuli, les réactions en chaîne, la métaphysique du plaisir. Pour contrebalancer cet effet « blouse blanche », la série aborde avec beaucoup de délicatesse ses personnages, que ce soit nos deux héros, les patientes du cabinet d’obstétrique ou les cobayes des expériences. Masters of sex est avant tout l’histoire de ces pionniers, le Dr Masters et Virginia Johnson, des obstacles qu’ils ont croisés sur leur route, et du déni quasi-systématique d’une époque dès qu’il est question d’évoquer la bagatelle. Mais il serait bien mal venu d’en conclure que la série se cantonne à son époque, justement. La problématique qu’elle pose ici est encore tout à fait pertinente de nos jours.

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Les personnages principaux sont abordés avec finesse, on les découvre couche après couche, dans toutes leurs contradictions. Le Dr Masters, spécialiste de la fertilité et curieux de comprendre les secrets de l’orgasme, est coincé dans un mariage ennuyeux. Dormant dans des lits séparés, sa femme et lui ne parviennent pas à faire un enfant et le sexe s’est transformé en acte médical. Virginia, de son côté, est une femme émancipée, capable de parler du plaisir féminin et de son expérience personnelle à un homme qu’elle vient de rencontrer. Elle ne veut pas d’attaches et exprime librement ses envies. Mais lorsqu’elle explique à son dernier amant qu’elle n’attend rien de lui, ce dernier ne l’entend pas de cette oreille. Elle se heurte ainsi à une conception ultra traditionnelle de la relation homme/femme, nourrie par des siècles d’hypocrisie et de conditionnement.

Côté casting, Michael Sheen et Lizzy Caplan sont fantastiques de justesse. Jamais dans l’excès, leur approche du rôle est sensible. On regrette cependant que leur performance, combinée  l’écriture, éclipse presque entièrement celle des personnages secondaires. Un bémol qui devrait s’estomper au fil des épisodes.

Le pilote de Masters of sex est délicat et élégant, mais ne s’interdit pas des scènes plus légères, sans jamais tomber dans la vulgarité ou le grotesque. Brillant, il ne perd pas de vue son propos et ne se laisse pas enfermer dans une étude sociologique qui aurait pu s’avérer barbante. La rencontre de ses deux personnages principaux, et de leurs propres convictions sur le sujet, est également une belle réussite. La suite devra en revanche laisser un peu plus de place aux rôles secondaires et ne pas s’endormir sur ses lauriers.

Masters of sex sur OCS City dès le 11 octobre

Crédits: Showtime

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Lizzy Caplan Masters of sex Pilot Masters of Sex season 1 Michael Sheen