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Un Commentaire

Pilote d’essai: Selfie (ABC)

Pilote d’essai: Selfie (ABC)
Christophe Brico

La review

Pilote
7
Casting
8
Scénario
7
Envie de voir la suite
8
7.5

#Jeregarderailasuite

Série décriée avant même sa diffusion, sur l’argument de l’usage des réseaux sociaux, Selfie a débuté sa diffusion officielle le 30 septembre dernier sur ABC. Signant le retour à la comédie de John Cho (Harold & Kumar, Flash Forward), et la première série américaine pour Karen Gillan (Doctor Who, Guardians of the Galaxy), le show se pose comme une adaptation contemporaine du classique de Bernard Shaw : Pygmalion.

Pygmalion

Eliza Dooley (Karen Gillan) travaille dans le service commercial d’une compagnie pharmaceutique et est absolument obsédée par son image et sa célébrité virtuelle sur différents réseaux sociaux. Suite à un incident humiliant, elle décide de changer son image et fait appel au génie du marketing de sa boîte, Henry Higgs (John Cho).

Avant de rentrer dans les détails du sujet de Selfie, commençons par un constat simple : la série est une comédie rythmée, drôle et qui oscille perpétuellement entre de l’humour potache et un ton de comédie romantique pas désagréable. Karen Gillan, en excès la plupart du temps, est contrebalancée par un John Cho qui interprète un personnage plutôt réservé. Ce n’est pas nouveau, mais ca marche. Il faut sans doute citer également le nom de la créatrice de la série, Emily Kapnek, qui a officié sur Suburgatory et un peu sur Parks & Recreation. Bref, les 22 minutes du pilote permettent de passer un plutôt bon moment.

Sur la mise en scène, il y a évidemment une profusion d’incrustations diverses de SMS, Tweets, Instagrams ou autres sur l’image, procédé largement développé par Sherlock, qui fait sens ici, même si l’usage en est parfois un peu excessif. Si la série survit aux audiences, il faut espérer que le système s’équilibrera.

My fait Lady

Revenons sur le projet initial. Selfie est une adaptation (libre) de la pièce “Pygmalion” (1914) de Georges Bernard Shaw, qui avait, elle-même été adaptée en comédie musicale au cinéma par Georges Cukor en 1964 sous le titre “My fair lady”, faisant ainsi entrer l’oeuvre dans la culture populaire. Il est sans doute intéressant de noter, à ce stade, que Selfie, fête donc exactement le siècle de la pièce de Shaw. Rappelons rapidement l’histoire de la pièce (et du film de Cukor) : Eliza Doolitle est une fleuriste de Londres qui tombe par hasard sur le Professeur de phonétique Henry Higgins. Ce dernier est frappé par la vulgarité de la demoiselle, et fera le pari, par un apprentissage du langage et des bonnes manières, de transformer la vulgaire fleuriste des bas fonds en une parfaite jeune fille de la haute société.

video-selfie-saison-1

 

La pièce, qui a marqué par son exploration de la société des apparences – pas encore du spectacle à l’époque -, trouve avec Selfie une nouvelle itération qui, si elle se fonde, comme la comédie musicale de Cukor, sur une certaine légèreté par rapport à son sujet, les deux sont globalement des comédies romantiques, ne manque pas d’intérêt quand au discours de fond.

Revenons donc en 2014. Un siècle après Shaw et le théâtre, Cukor et le cinéma, c’est au tour de la télévision de s’emparer du sujet. Ici les réseaux sociaux, les amitiés virtuelles, les célébrités instagrammées, le narcissisme en haute couture sont les expressions de la vulgarité. Dès lors, en face, la réponse est justement non plus un spécialiste du langage mais du marketing. On remet au goût du jour, mais le fond reste identique : on parle des apparences et de la façon dont celles-ci influent sur la perception que la société a de l’individu. La série ne se pose évidemment pas comme une grande réflexion moderne ou encore un pamphlet social, mais bien comme une comédie dont le principal objectif reste le plaisir du spectateur.

Le pilote, au-delà du discours, nous offre donc une série de scènes assez drôles (le début dans l’avion, le mariage, l’arrivée dans la boîte où les personnages travaillent), et quelques moment assez touchants, comme la dernière partie de cet épisode. Le duo Gillan/Cho fonctionne assez bien, même si, l’absence de différence d’âge importante entre les deux personnages, laisse à penser que le show s’orientera assez rapidement vers la Rom’ Com’.

Selfie se pose comme une comédie de bonne facture, drôle, parfois touchante, portée par des acteurs qui défendent le projet et définitivement contemporaine.

Crédits: ABC