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4 Commentaires

Pilote d’essai: The Leftovers (HBO)

Pilote d’essai: The Leftovers (HBO)
Christophe Brico

La review

LE PILOTE
9
LE SCENARIO
9
LE CASTING
8.5
8.8

HYPNOTISANT

HBO est sans doute une des chaînes du câble qui porte une grande responsabilité dans l’émergence de ce fameux “nouvel âge d’or” de la télévision dont on parle tant. Avec The Leftovers (diffusé depuis le 29 juin et tous les lundis sur OCS City en France) la chaîne démontre sa capacité à mettre à l’antenne des projets exigeants qui impliquent une réelle adhésion du spectateur pour espérer durer. La vision du pilote de la nouvelle série de Damon Lindelof démontre à quel point ce pari est un numéro de funambule qui est perpétuellement en risque de chuter.

All that you can’t leave behind

La série est l’adaptation d’un roman de Tom Perotta du même titre, ce dernier co-écrivant le show avec Damon Lindelof, bien connu pour son travail sur Lost.

Trois ans avant le début de l’histoire, un enlèvement massif a fait disparaître 2% de la population mondiale. Aujourd’hui, ceux qui restent (littéralement “TheLeftovers”), doivent gérer les conséquences de cet événement totalement inexpliqué. Dans la petite bourgade de Mapleton on suit les destins croisés de plusieurs personnages au coeur desquels la famille Garvey, père, mère, fils et fille. A la veille du troisième anniversaire de la disparition, ces personnages brisés vivent dans une société à la brutalité sourde et aux éclats de violence, entourée par de mystérieux groupes comme les “Guilty Remains” (G.R.) qui ont fait voeux de silence. En filigrane, le mystère de l’enlèvement plane et parfois se découvre un peu, sans être l’unique focalisation du drame.

the-leftovers 2

Avant toute autre considération, il est sans doute essentiel de mentionner que The Leftovers est de ces projets-concept qui ne s’accommodera que d’une audience captive. Difficile à la vue du pilote, d’envisager de regarder un épisode par-ci ou par-là. C’est une histoire qui implique que l’on se plonge complètement dedans, et plus encore, que l’on adhère à une narration qui ne cherche absolument pas à ratisser large. C’est à prendre ou à laisser tel quel. Que l’on aime ou pas, le show est audacieux, tant sur le fond que la forme, et démontre une certaine volonté de ne pas simplement proposer un produit habilement marketté, mais bien d’essayer de faire une télévision plus créative. Ce n’est pour autant pas un amas de tout et n’importe quoi, mais au contraire une histoire maîtrisée et portée par un casting qui a l’air assez habilement choisi au premier abord. Le quatuor Justin Theroux (Kevin Garvey), Amy Brennan (Laurie Garvey), Chris Zylka (Tom Garvey) et Margaret Qualley (Jill Garvey) étant solidement soutenu par Liv Tyler (Meg Abott), Christopher Eccleston (Matt Jamison) et Michael Gaston (Dean).


Missing you

Il y a une réelle volonté de proposer une oeuvre radicale dans The Leftovers. Au-delà du concept et du mystère de la disparition de ces 2%, la construction de la narration et la mise en scène sont entièrement tournés vers des personnages brisés, souvent habités d’une violence sourde. Une communauté aux relations brutales, dans la famille comme en société. Dès l’ouverture il n’y a rien de romantique dans cette séquence accompagnée des pleurs aigus d’un bébé qui évoquent immédiatement une réalité crue. Au fil de cette première heure, on sera témoin de matraquage, d’étouffement sexuel, d’abattage froid de chien ou encore de cigarette au réveil. Et de la société traumatisée de Mapleton qui accepte cette brutalité sans réelle révolte.

La mise en scène de Peter Berg démontre une fois de plus que le monsieur est finalement plus a l’aise avec la télé que lorsqu’il pond des blockbusters épileptiques. Rappelant sa façon charnelle de raconter le Texas pauvre dans Friday Night Lights, il imprime à The Leftovers un regard au plus près et sans complaisance. Mise en image indispensable pour imprimer à cette histoire son cœur fondamentalement humain, et malgré un ou deux faux raccords, l’esthétique du show lui octroie un réel point de vue et permet une belle mise en valeur des personnages sans rien dévoiler de superflu. Une séquence dans laquelle le personnage de Tom, sous l’eau dans une piscine poussant un hurlement sourd, résume à elle seule le point de vue de la série.

Sans s’embarrasser d’explications, The Leftovers impose au spectateur d’adhérer faute de rester à la porte de ce drame. On reconnaît aisément la patte de Damon Lindelof dans le procédé. C’est celui d’une promesse. La promesse d’une histoire de personnages qui se trouvent confrontés à un événement aux proportions mythologiques, et dont on raconte le parcours personnel et émotionnel. C’était déjà la proposition de Lost et, à l’instar de cette dernière, les débuts sont complètement cryptiques, ne donnant aucune réelle direction au public, posant simplement le postulat sans même suggérer la direction dans laquelle celui-ci va se développer. C’est toujours un choix dangereux, prenant le risque de s’aliéner une audience, voire plus simplement, de ne pas offrir un développement et des enjeux à la hauteur de l’ambiance posée dès l’ouverture du pilote. Damon Lindelof sait raconter des histoires, mais beaucoup doutent encore de sa capacité à les conclure, et c’est bien la ligne fine sur laquelle avance The Leftovers.

Fascinant, parfois dérangeant, The Leftovers est une histoire qui ne peut pas laisser indifférent, dans le fond comme dans la forme. Une série qui cherche définitivement à imprimer une marque singulière dans une télévision ultra formatée. Et rien que pour ça, elle vaut la peine d’y jeter un œil et une oreille.

Crédits: HBO

  • Deadwood

    The Leftovers reste pour moi un ovni. J’ai essayé de trouver quelque-chose qui aurait pu me faire rentrer de plein pied dans la série. Mis à part le destin de la famille du policier qui parait intéressant. Après le mystère de la disparation des 2% de la population qui se trouve même aborde dans le 1er épisode qui aurait pu rendre la série captivante.
    Espérant que le deuxième épisode m’apportera un certain intérêt sinon je risque d’arrêter la série.

    • https://season1.fr Christophe Brico

      Cher Deadwood,

      Merci de votre commentaire.

      Il me semble que c’est exactement le parti pris du show, on nous livre cette histoire d’une façon crue, qui implique une adhésion à l’ambiance, aux personnages, plus qu’à l’histoire, au premier abords.

      Chez moi ca marche totalement, pas besoin de plus pour avoir carrément envie de voir l’épisode deux.

      Mais c’est totalement casse gueule et nombreux seront ceux qui n’iront pas au-delà du pilote, sans doute.

      Bonjour chez vous.

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