Quand un nouveau drama arrive sur HBO, la chaîne câblée qui a le plus largement participé au renouvellement du format sériel dans les années 90, c’est toujours un petit événement. Cette saison c’est True Detective qui vient crever l’écran des abonnés de la chaîne qui a inspiré Canal Plus. Et c’est encore du très bon.

Directions to see a ghost

De nos jours : le Détective Martin Hart, costume impeccable, se fait interroger dans un bureau froid, mais propre. Rust Cohle, cheveux longs et sales, moustache négligée, tatouages apparents, se fait interroger dans un espace aux couleurs de pisse. Le décor est posé. Les questions ? Une affaire qui a eu lieu 17 ans auparavant, en 1995, la découverte macabre d’une femme rituellement arrangée après son meurtre. Les enquêteurs : Hart et Cohle, 17 ans plus jeunes, un peu plus frais, mais portant déjà en eux les prémices des personnes qu’ils seront dans presque deux décades, et dont nous, spectateurs, sommes les témoins.

La série, dans sa conception est déjà singulière. Il s’agit d’une anthologie, un peu à la manière de American Horror Story, entendez par là que chaque saison racontera une histoire différente, avec des personnages et des lieux différents, a priori. La série est écrite par Nic Pizzolatto, jeune romancier/novelliste dont c’est la première incursion dans le petit écran, et réalisée par Cary Fukunaga, essentiellement connu pour le film Sin Nombre, largement acclamé, mais qui reste également vierge côté télé. Les deux hommes assument la casquette de producteurs exécutifs du show, et Pizzolatto assume en plus le rôle de showrunner. Ajoutons que Pizzolatto écrira les 8 épisodes de la saison, et Fukunaga les réalisera tous. Ce qui garantira une unité de forme et de ton au show, et c’est tant mieux !

Autre point essentiel, le duo d’acteurs qui incarnent les rôles principaux. Woody Harrelson (Martin Hart) et Matthew MacConaughey (Rust Cohle) forment un duo d’une consistance rare, sans doute dû à leur grande maturité en tant qu’acteur, mais aussi, et surtout, a leur capacité a instantanément incarner leurs personnages. Certes la performance de Matthew MacConaughey, personnage sur la brèche, dont on voit la dérive, est sans doute le plus évidente, mais Woody Harrelson lui donne une contrepartie solide, dans un personnage plus nuancé qui nécessite beaucoup de finesse. Les deux acteurs sont d’autant plus impliqués qu’ils sont également producteurs exécutifs du show.

Young men dead

True Detective est un projet enthousiasmant et la qualité du pilote laisse entrevoir ce qui pourrait sans doute être une des meilleurs séries de 2014. La mise en scène est élégante, sans être dans la démonstration. Les environnements et les personnages sont mis en valeurs, mais c’est bien eux qui sont et restent le centre de l’attention. Il faut noter qu’un soin particulier est apporté au son. Qu’il s’agisse des voix, dans lesquelles on entend des détails de diction, déglutition, ou des sons de l’environnement, cela donne une dimension particulière, une épaisseur supplémentaire, qui permet aux acteurs de dire beaucoup sans en faire trop.

Bien entendu, on est face a un show au rythme lent, dont l’intérêt réside principalement dans les personnages, plus que dans l’enquête elle-même. A ce titre, l’écriture se rapproche un peu des grands thrillers de serial killers des années 90, en tête desquels on trouvera Le Silence des agneaux de Jonathan Demme. D’autant plus pertinent que l’essentiel de l’action de True Detective se passe en 1995 ! Évidemment aussi, on ne pourra pas esquiver la comparaison avec Hannibal, mais là ou cette dernière propose une interprétation onirique de son histoire, True Detective, tout au moins au stade du pilote, est réellement une histoire d’hommes.

Si le duo Pizzolatto/Fukunaga tient les promesses du pilote durant les 8 épisodes que dure cette première saison, et il n’y a pas de raison que ce ne soit pas le cas, True Detective est sans doute ce qu’il y a de mieux a voir dans ce début 2014.

Crédits: HBO

Diffusée à partir du lundi 13 janvier sur OCS City à 20h55 en US +24