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Un Commentaire

Platane saison 2: Apprentissage de l’ordinaire (Ep 1 à 6)

Platane saison 2: Apprentissage de l’ordinaire (Ep 1 à 6)
Alexandre LETREN

La review

LA SAISON 2
7
LE SCENARIO
6
LE CASTING
6.5
6.5

EFFICACE

Une saison plus grand public mais toujours aussi réussie

La saison 2 de Platane arrivera à la rentrée prochaine sur Canal+. Mission compliquée pour cette nouvelle salve d’épisodes puisqu’il faut convaincre de venir sur la série le public qui, soit n’avait pas été tenté par la saison 1, soit faire revenir celles ou ceux qui en étaient partis. Le tout en n’oubliant pas bien entendu les afficionados de la première heure.
La série y parvient-elle dans ces 6 premiers épisodes? 

« Il y a quelque chose de pas très rassurant avec un homme qui pratique l’amour régressif »

Terminé les potes qui squattent à la maison, les « Amandine » d’un soir et les films compliqués. Eric ne croit plus qu’en une seule chose: obtenir une descendance, laisser une trace sur terre. Physique plutôt qu’artistique. Vu son talent, logiquement, ce devrait être plus simple.
Pour accomplir son dessein, il met tous les espoirs dans la toute jeune relation qu’il entretient avec Diane, une Québécoise rencontrée il y a deux ans sur la banquise.
Au fil des épisodes, Eric se persuade que c’est la future mère de ses enfants. Et elle de se dire qu’Eric « n’est peut-être pas le futur père de ses enfants ».

Platane revient donc pour une seconde saison, après une première qui a eu du mal à convaincre le public habituel de Eric et Ramzy, décontenancé par un humour peut-être un peu trop référencé.
Changement de cap en saison 2. Fini les coulisses de la fabrication d’un film comme point central de l’intrigue même si, de part le métier de Eric, on continue de le suivre sur les plateaux de tournage, ici La tour Montparnasse infernale 2 à l’aéroport. Le sujet central de cette saison c’est la famille. Construire une famille est devenu le but de Eric. Avant de revenir sur les points positifs et négatifs de cette première moitié de la saison 2, retrouvons Denis Imbert, co-réalisateur de cette saison avec Eric Judor.

platane 2

Season One: Trouvez-vous la saison 2 différente de la saison 1?

Denis Imbert: J’ai l’impression que la saison 2 a un ton différent de la saison 1. On est parvenus à se décomplexer de plein de choses dans l’écriture et les thèmes abordés, même dans la façon de réaliser. On s’est beaucoup plus laissés porter par notre inspiration. On va plus à l’essentiel et on laisse davantage de place à la comédie et aux acteurs. En saison 1, en co-réalisant avec Eric, on s’est découvert une complicité qu’on a retrouvé dans l’écriture de la saison 2 (les 5 premiers épisodes de la saison 2 ont été co-écrits par Denis Imbert et Eric Judor ndlr). 

Season One: Intégrer Ramzy de manière plus importante, c’était voulu dès le départ?

D.I: Ramzy était fan de la saison 1 et il n’y avait participé que de manière sommaire. Il souhaitait vraiment revenir sur la saison 2 et y participer de manière plus importante. 
Au début de la saison, Eric est exilé au Canada avec sa nouvelle compagne, il est retiré de son métier. On a alors intégré à l’histoire le concept de La Tour Montparnasse infernale 2 et il était alors évident que Ramzy devait en être et qu’il allait être celui qui allait ramener Eric vers sa vie d’avant. On aimait bien aussi l’idée que la série allait montrer Eric tenter de faire un retour aux sources, se construire une identité, partir sur les traces de sa famille (la seconde partie de la saison emmenera Eric à la Guadeloupe ndlr). 
On a essayé d’être beaucoup plus fluides, plus accessibles et d’emmener le public avec nous sur des thèmes forts comme la famille. 

Season One: Il n’y a pas un risque en réintroduisant Ramzy que la série se rapproche plus de l’univers de Eric et Ramzy que de celui de Platane?

D.I: Platane, même avec Ramzy, reste la série de Eric Judor, portée par ce personnage fort. Et il se trouve que dans sa vie, il a Ramzy. On est aussi revenus avec Ramzy à un humour plus grand public. La saison 1 avait un humour très décalé, très burlesque. En ramenant Ramzy, on recolle à l’univers et à l’humour que l’on connait tous. Ainsi, l’identification avec les personnages et l’histoire est plus forte. 

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Platane saison 2 marque donc un nouveau départ pour la série. Sans renier ce qui a fait le sel de la série en saison 1, Platane entend se rapprocher du public potentiel de la série. Sans lui offrir un ersatz de H, on reconstitue un duo qu’il connaît et lui on lui parle avec des références qu’il peut identifier, là où la saison 1 se regardait peut-être un peu trop le nombril.
Mais comme en saison 1, la surprise de cette saison est à nouveau Eric qui sait faire preuve d’une grande sensibilité, d’une grande émotion et de beaucoup de maladresse qui le rendent extrêmement touchant. Que ce soit avec Diane, sa nouvelle compagne (génialement interprétée par Annelise Hesme, Inquisitio) ou avec son fils à elle, le génial et surdoué Paul. Comme bon nombre de beau-père, Eric doit apprendre à l’apprivoiser et le gamin n’entend pas lui faciliter la tache même si on le voit petit à petit se rapprocher de lui. Plus qu’un père, Eric devient comme un grand frère pour lui. Ce qui est agréable et touchant, c’est de voir Eric jouer avec son image d’éternel enfant pour essayer de la détourner. De beaux moments d’émotion mais aussi des moments où l’on a envi de lui dire « Grandit un peu, tu vas la perdre là« . Car ce qui est certains c’est qu’Eric ne manque pas une occasion d’accumuler les gaffes, boulettes et autres maladresses dans sa gestion de sa nouvelle vie de famille.

Autre point fort de la série, et de cette saison 2 en particulier ce sont les guests. Souvent, trop souvent, les guests ne sont dans les séries que des prétextes artificiels pour attirer les téléspectateurs vers la série. Platane, de part une écriture intelligente et maîtrisée, offre à ces invités de vrais moments savoureux, drôles et totalement réussit. Et le moins que l’on puisse dire c’est que dans ces 6 premiers épisodes, les guests sont non seulement à la fête mais aussi vraiment très drôles. Qu’il s’agisse de Fred Testot qui « pique » la place de Eric sur un tournage, ou Denis Maréchal en « sosie » de Eric ou encore Gérard Lanvin en amoureux éconduit, les guests ont des choses à jouer et ça se voit. Mais la palme de ces 6 premiers épisodes revient à Guillaume Canet, juste impeccable et qui en prend un grand coup à son image en organisant des soirées très particulières en l’honneur de sa compagne Marion Cottilard. Chacun joue avec son image et c’est des plus plaisant. Et plus le guest est « chargé », plus on est sait que l’on a affaire à une intelligence du jeu de la part du dit acteur.

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Mais puisqu’on parle du guest le plus intéressant, j’évoquerai à présent celui qui m’a le moins emballé et qui s’avère être ma déception de ce début de saison: Ramzy. Etant plutôt  hermétique à l’univers de Eric et Ramzy, je trouvais le fait que Eric en soit séparé en saison 1 une bonne chose. Cette situation permettait au comédien de se révéler dans un registre qu’on ne lui connaissait pas.
Si la présence de Ramzy n’empêche pas Eric de jouer ce qu’il a à jouer, je trouve qu’elle entraîne la série vers de grandes facilités. Ainsi les scènes où ils sont réunis nous emmènent à nouveau vers l’humour qu’on leur connaît, plus facile et vraiment « grossièrement » destiné à ramener un plus large public vers la série. Si la démarche est louable, cela donne quelque chose qui au final paraît très artificiel. Le point positif c’est que Ramzy accepte une nouvelle fois de vraiment casser son image en paraissant régulièrement détestable avec son pote Eric. Il y a à ce titre une scène vraiment délicieuse où un conseiller conjugal que vont voir Diane et Eric, souhaite convier également Ramzy, sentant bien qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans ce  « trio » improbable. Belle mise en abîme de ce duo de comiques.

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Au final, malgré quelques réserves, cette première moitié de saison est totalement réussie et on est à nouveau plongé dans cet univers inspiré de séries comme Larry et son nombril. Moins réussie que son modèle avoué, Platane saison 2 n’en demeure pas moins bien écrite, bien réalisée et bien jouée par un casting vraiment très réussi. De vrais moments de comédie très réussis sauront je l’espère vous convaincre. Le 6ème épisode se termine sur un « insoutenable » cliffhanger qui donne vraiment envie de découvrir la seconde partie de la saison. Une seconde partie qu’on nous promet comme allant encore plus loin dans l’humour notamment grâce à l’arrivée de guests comme Jean Dujardin ou Michel Hazanavicius, dans une parodie annoncée comme  savoureuse de The Artist.

Redécouvrez notre interview de Eric Judor à propos de la saison 2 ici
Crédits:
Jeff Lanet/ Canal+/ 4 mecs en baskets