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Portrait craché: Laure Berthaud

Portrait craché: Laure Berthaud
Fred Teper
  • Le 4 avril 2015
  • https://twitter.com/cliffhangertwit

Etre flic c’est souvent une vocation. Voire un sacerdoce. Quand tout tourne totalement et irrémédiablement autour de votre métier, quand votre vie de femme passe au second plan, quand vous ne vivez chez vous qu’en transit, le temps de dormir ou de prendre une douche, avant de repartir sur une nouvelle enquête, la peur et l’envie de bien faire chevillées au corps, mais avec aussi la hargne des chasseurs et des talents de meneur d’hommes en bandoulière. C’est nanti de toutes ces qualités et de tant d’autres encore que nous avons découvert Laure Berthaud il y a déjà 10 ans.

Un personnage de femme flic comme on en voit rarement, bouffée par un idéal qui s’est sans doute écrasé au fil du temps sur un amas de désillusions. Déjà revenue de tout et bourrée de failles et de contradictions. Mais forte et belle, animée d’une foi en la justice et traquant la vérité jusqu’à y perdre ses repères. S’oubliant pour mieux épouser la détresse des autres et ne plus penser à la sienne. Laure la femme, Berthaud la capitaine, les deux ne faisant qu’une. Mais, loin d’être un personnage désespéré, Laure est surtout une pièce essentielle de ce maillon grippé qu’est la justice, un maillon qui n’est rien sans les autres. Que ce soit Gilou ou Tintin, le juge Roban ou Pierre Clément et même Joséphine Karlsson, Brémont, Herville ou Sami chacun a besoin de l’autre pour que la machine fonctionne. Laure se débat sans cesse, au fil des cinq saisons, avec ses doutes et ses contradictions, laissant parfois éclater sa colère, sa peur ou son désir comme autant de soubresauts dans son existence sinusoïdale.

Caroline ProustBattante ou cassée, solide comme un roc avant de céder l’instant d’après à la fragilité des choses, Laure Berthaud est un personnage complexe et fascinant auquel Caroline Proust prête sa flamme et son talent. Restituant dans une vérité crue les ambigüités qui l’escortent, la comédienne sait remarquablement nuancer son jeu et développer une large gamme d’émotions faisant de Laure une femme multi-facettes. Que ce soit dans le tumulte de ses relations amoureuses (avec un avocat, un flic de terrain, un commissaire, des histoires d’un soir pour tromper sa solitude…), dans les méandres de son amitié trouble et remplie de non- dits avec Gilou ou bien lorsqu’elle doit faire face aux pires ordures qui soient (tueurs en série, trafiquant de drogues, voyous sans scrupules…), Laure Berthaud fait face avec détermination, courage et abnégation. Battant le pavé sans relâche, ne renâclant jamais à la tâche, devant parfois mettre un voile sur sa féminité pour le moins possible interférer avec son boulot…Laure, écorchée vive, sans cesse sur le fil, jouant trop souvent avec le feu… Un personnage riche, profond, d’une bouleversante humanité, l’un des rouages essentiels d’Engrenages. Une héroïne contemporaine, débarrassée des oripeaux de sauveur qu’on colle trop souvent aux personnages des séries policières ou judiciaires.

Laure

De Caroline Proust à Laure Berthaud, il devient pourtant difficile de discerner la frontière entre les deux, entre l’actrice et son personnage phare, ce qui sans doute explique le fait qu’on ne la voit pas plus au cinéma. Marquée au fer rouge par l’aveuglement des professionnels qui préfèrent se mettre des œillères et ne pas voir le talent protéiforme d’une comédienne paradoxalement victime de sa popularité. Le capitaine de police Laure Berthaud, dont l’avenir est incertain à l’issue de la saison 5 d’Engrenages, sera bien entendu de retour en saison 6, mais nul doute qu’elle sera escortée de nouveaux démons qui ajouteront encore à la complexité d’un personnage qui, au fil du temps, s’est imposé aux téléspectateurs comme une évidence.

Crédits: Canal+