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Season One se met en 4…après l’Apocalypse

Season One se met en 4…après l’Apocalypse
Christophe Brico

La fin du monde est arrivée ! Les gouvernements sont tombés, les communications se sont interrompues, les ressources ont commencé à manquer… Bref : C’est l’Apocalypse ! Bombe atomique, virus, arrivée massive de zombies ou encore disparition mystérieuse de l’électricité, le monde tel que nous connaissons n’est plus et c’est sur ses ruines que se construit la société de demain.

C’est précisément le sujet que nous abordons au travers de 4 séries : Jeremiah (2002-2004), Jericho (2006-2008), The Walking Dead (2010-En cours) et Revolution (2012-En cours). Les récits post-apocalyptiques ont en commun de mettre tous au cœur du récit, à des degrés divers un certain nombre de questions similaires : Comment survivre ? Qu’est-ce qui a provoqué la catastrophe et qui est derrière ? Comment faire subsister la société ou en construire une nouvelle ? Que reste-t-il “d’avant” et comment s’en servir ? Mais avant toute autre considération, ce qui fait l’intérêt des histoires « d’après la fin du monde », c’est la confrontation des héros à la barbarie qui les entoure et à leur propre barbarie face à un environnement hostile dans lequel la survie est la première nécessité

Jeremiah (Créée par J. Michael Straczynski, diffusée sur Showtime/TPS Cineculte) est sans doute celle de nos quatre séries dont l’approche, tout au moins visuelle, est la plus soft. Ici la fin du monde a été provoquée par un virus qui a décimé toute la population humaine ayant passé l’âge de la puberté. Dès lors, le monde est resté aux mains des enfants qui ont dû survivre comme ils ont pu. L’histoire commence 15 ans après la catastrophe, et nous raconte au travers des aventures du personnage éponyme, Jeremiah, la façon dont une société se reconstruit, dont on découvre les origines de la catastrophe, et dont cette nouvelle société se confronte à un grand ennemi. La série évoque plus la barbarie qu’elle ne la montre. A dire vrai, sur la forme, la série est assez imparfaite et le manque relatif de moyens est assez visible. La série est inspirée d’une bande-dessinée belge de Hermann, “Jeremiah”, mais n’en puise qu’une petite substance, ce qui a amené l’ire des fan de la BD. Le show n’a pas grand chose a voir, et l’on y reconnaît surtout l’écriture de Straczynski (le créateur de Babylon 5), et les questionnements qui sont les siens : sur quoi se fonde une société viable ? Comment la construire ? Il montre un ordre gouvernemental dictatorial et conspirateur face à un nouvel ordre démocratique ou encore la dichotomie entre ordre et chaos. Dès le pilote l’accent est mis sur la reconstruction plus que sur les stigmates de la destruction. Un des personnages de la série le mentionne d’ailleurs dans un épisode : “Après les épidémies de peste au moyen-âge, les moines on redonné la connaissance au monde, et ça a amené la Renaissance”, et c’est précisément l’enjeu central de la série.

“Théo, leader d’une communauté de survivants et Jeremiah” © MGM Television

“Théo, leader d’une communauté de survivants et Jeremiah” © MGM Television

A l’inverse, Jericho (Créée par Jon Turteltaub & Stephen Chbosky, diffusée sur CBS/M6), fait débuter son action avec la catastrophe, qui est une attaque nucléaire. Le pilote met en scène les attaques sur le sol américain, et la suite de la série mettra en scène les habitants de la petite ville de Jericho (Kansas) face au chaos et la destruction de la société telle qu’on la connait. Le ton de Jericho est lui aussi particulier. Ici on cherche à rester relativement réaliste. Point de punks mutants dégénérés cannibales dans des jeeps customisées avec des scalps humains, le monde de Jericho, en tout cas son point de départ est le nôtre. La série met en avant plusieurs habitants de la ville pour développer avec chacun des intrigues différentes, et donc des tons différents. Qu’il s’agisse de la prise de pouvoir dans la ville, la gestion des ressources, la protection face au menaces extérieures, la romance, les liens secrets avec l’extérieur ou encore le passé qui refait surface, Jericho, en tout cas dans sa première saison, essaie de mettre en scène la “chronique quotidienne de la vie après l’apocalypse”. Certes la seconde saison essaie d’amener le show à un niveau supérieur, mais une première annulation en fin de saison 1, rescapée de justesse, alliée à la grève des scénaristes a eu raison de cette seconde saison au bout de 7 épisodes. A noter qu’une troisième saison – intitulée “Civil War” -, a vu le jour sous forme de comic book.
Au final Jericho aura mis en scène l’homme face à la catastrophe et au besoin de survie, ainsi que la façon dont une micro-société se réorganise pour répondre à ce besoin. A ce titre, le parti pris fait énormément penser à Under the dome en cours de diffusion (diffusée sur CBS/M6 tout pareil que Jericho).

 “Attaque nucléaire sur les USA, le point de départ de Jericho” © CBS Broadcasting Inc

“Attaque nucléaire sur les USA, le point de départ de Jericho” © CBS Broadcasting Inc

Diffusée depuis 2010 sur le câble, The Walking Dead (Créée par Franck Darabont & Robert Kirkman, diffusée sur AMC/OCS Choc) est sans doute la série qui évoque le plus et le mieux la barbarie de la fin de toute civilisation. Vendue sur le genre « zombiexploitation », The Walking Dead est avant tout un récit de survie, et une chronique de la barbarie, qu’elle soit humaine ou mort-vivante. Ici le seul espoir offert au spectateur est la survie ou non de son personnage favori. Il n’y a pas de nouvelle société, pas de havre de paix qui ne soit potentiellement mis en danger.
L’action commence quelques mois après le début de l’épidémie qui non seulement décime la population, mais la fait revenir d’entre les morts. Comme dans tout bon récit de zombies, la série met en évidence les instincts les plus basiques et les plus barbares de l’humanité, sous la forme des morts-vivants, mais aussi des survivants réduits à des comportements extrêmes pour survivre. Comme dans les autres récits post-apocalyptiques, The Walking Dead pose la question de l’origine de l’épidémie (en saison 1) puis met en scène des communautés – de plus en plus grandes au fil des saisons 2 et 3 -, et du coup interroge les systèmes politiques et sociaux nécessaires à la survie dans un environnement hostile à l’extrême, dans lequel l’allié qui tombe devient l’ennemi de demain. A ce titre le personnage du Gouverneur, qui apparaît en saison 3 et donne une nouvelle dimension à la série, au-delà de son simple aspect « survival ».

“Avant on était copains... mais ça c’était avant...” Crédits: AMC

“Avant on était copains… mais ça c’était avant…” Crédits: AMC

Dernière née de nos séries post-apocalyptiques, Revolution (Créée par Eric Kripke, diffusée sur NBC/TF1) fait un peu figure de produit artificiel. En effet, dès l’annonce de sa diffusion, la série a été sur-vendue sur le nom de son créateur et showrunner, Eric Kripke (Supernatural), mais aussi sur celui de J.J. Abrams (Alias, Lost entre autres) au poste de producteur et Jon Favreau (réalisateur d’Iron Man) aux manettes de la réalisation du pilote. Dès le long teaser de plus de 4 minutes, on voyait Billy Burke et Giancarlo Esposito, sur lesquels le show allait se vendre, mais aussi le personnage de Charlie (Tracy Spiridakos), évocation de l’héroïne de Hunger Games, sans aucun doute. Bon, ceci étant dit, de quoi parle Révolution ?

15 ans après un blackout tellement balaise que même les avions en tombent du ciel, l’Amérique n’est plus et les territoires se partagent entre des petites communautés autonomes et des groupes plus importants comme la « République de Monroe », dictature militaire au cœur des enjeux de la première saison. Le récit débute avec la recherche d’un personnage enlevé par les hommes de Monroe, pour évoluer vers un conflit entre les forces majeurs de la zone d’Amérique où l’action se déroule, ainsi que le dévoilement du mystère à l’origine du black out. Malheureusement pour cette série, l’entrée en matière est complètement artificielle, et l’on y retrouvera aisément des inspirations diverses, dont les trois autres séries évoquées dans le présent article. A partir du milieu de la saison, on se détourne du simple récit de voyage – plutôt raté -, pour aller vers un récit de reconquête de la civilisation, qui d’évidence était l’inspiration initiale.
Finalement, Revolution est censée évoquer la révolution américaine, celle qui a permis de construire les USA tels que nous les connaissons aujourd’hui mais en passant par la guerre, la conquête de zones sauvages dans des villes sans loi, le redécoupage des terres, et bien entendu, l’accès a une technologie, même rudimentaire. A la conclusion de la première saison, on est en droit de se demander vers où va aller le show. A ce jour, c’est bien un récit d’après l’apocalypse, mais sans doute un peu trop artificiel, pas assez construit, et surtout sans réel point de vue, à la différence des autres que nous évoquons ici.

“Qui a dit qu’Hunger Games c’était tendance ?” © Warner Bros. Television

“Qui a dit qu’Hunger Games c’était tendance ?”
© Warner Bros. Television

Raconter l’Apocalypse, la fin de la civilisation n’est pas chose aisée à la télévision. Non seulement cela exige des moyens, mais, comme nous venons de l’exposer, cela nécessite aussi d’avoir un réel point de vue sur le récit. Quelles sont les questions sur lesquelles on se concentre et comment y répond-on ? Néanmoins, la réussite de The Walking Dead, ou encore de films comme Oblivion, Hunger Games ou encore La Route, tend à démontrer qu’il y a un réel public pour cette thématique. Révolution a encore des choses à prouver, mais une fois le cœur de l’intrigue initial dévoilé, ce qui est globalement le cas en fin de saison 1, peut-être la seconde saison sera-t-elle plus efficace.