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Season One voit double: Orange is the new black

Rédaction de Season One

La review

LA SAISON par CECILE PINAUD
9
LE SCENARIO par CECILE PINAUD
9
LA SAISON par MARINE DI MEGLIO
7
LE SCENARIO par MARINE DI MEGLIO
8
SEASON ONE LE PODCAST
8
8.2

COUP DE COEUR

L'une des très belles surprises de cet été. Un pari réussi pour Netflix

Il arrive parfois qu’une série nous marque tellement ou nous inspire tant qu’on n’ait pas assez d’une critique pour le dire. « Season One voit double » vous propose deux points de vue pour une même série. Similaires ou divergents, ces points de vue ont pour but de vous aiguiller vers une série télé importante.

50 nuances d’Orange
(Cécile Pinaud)

Après avoir vécu (et travaillé) quelques années avec Alex, une dealeuse d’héroïne, Piper Chapman, WASP du Connecticut, fraîchement fiancée à Larry est rattrapée par son passé : elle doit passer 18 mois dans une prison pour femmes. Le choc culturel et social est énorme pour la jeune femme qui se retrouve en plus face à son ex, enfermée au même endroit.

Si vous ne devez regarder qu’une nouveauté cet été, il faut que ce soit Orange is the New Black, la nouvelle série de Jenji Kohan, créatrice de Weeds. Adaptée d’une histoire vraie et d’un livre d’une certaine Piper Kerman, le show est « distribué » par la fameuse NetFlix, encore toute auréolée du succès critique de House of Cards. La plateforme est connue pour balancer ses séries sur le net en une fois et on l’en remercie. 13 épisodes d’un coup ne sont pas de trop pour satisfaire notre féroce appétit.

orange is the new black

Orange is the New Black (fabuleux titre en plus) est éminemment addictive en raison de sa narration à plusieurs entrées. Si Piper Chapman (Taylor Schilling) en est l’héroïne, une impressionnante galerie de personnages hauts en couleur gravite autour d’elle. Pratiquement chaque épisode offre des flashbacks sur ce qui a amené telle femme dans cette prison et trouve une résonnance dans le présent et fait son chemin jusqu’à notre petit cœur de sériephile. Elles ne sont plus seulement des noms de familles, des détenues secrètes, agressives ou extraverties, elles sont des personnes comme vous et moi qui, à un moment donné, par la force des circonstances, ont fait un mauvais choix. A la différence des hommes, leurs crimes sont « mineurs », rares sont celles qui ont volontairement tué par exemple. Chaque histoire est singulière et émouvante de celle de Miss Claudette, la doyenne de la prison à celle de Sophia, autrefois homme marié avec un enfant en passant par l’écorchée vive Tricia et son incroyable tatouage dans le cou et Red (incroyable transformation de Kate Mulgrew alias le Capitaine Janeway de Star Trek Voyager), une russe responsable des cuisines de la prison où elle fait la loi. Impossible de d’évoquer l’ensemble ici surtout qu’elles n’ont pas encore toutes fait l’objet d’un focus. Autant de retours dans le passé qui permettent à Kohan et ses auteurs de creuser en profondeur une dizaine de personnages (sur seulement 13 épisodes, rappelons-le) tout en faisant avancer les intrigues secondaires et la principale, centrée autour des retrouvailles mouvementée de Piper et Alex (Laura Prepon, qui met un peu de temps à convaincre).

OITNB 1

S’il fallait vraiment la cataloguer, Orange is the new black serait un efficace croisement entre Oz, Bad Girls et Weeds avec laquelle elle partage le ton à la fois grave et décalé qui reste la patte de Jenji Kohan. Celle-ci a d’ailleurs eu le nez creux en choisissant des comédiennes en grande partie inconnues mais stupéfiantes de réalisme à l’image de Suzanne « Crazy Eyes » Warren (Udo Aduba) dont la performance est exceptionnelle. Bien sûr il fallait quand même des visages connus mais pas de stars ou de filles trop belles. Sur le coup, le choix de Taylor Schilling pour incarner Piper peut étonner. Vue dans une saison de Mercy, la comédienne australienne s’est après tournée vers le cinéma. A la différence de Mary-Louise Parker dont le jeu aérien était déjà connu avant Weeds, Schilling débarque sans pedigree. Et pourtant la réussite est là aussi incontestable. Si elle semble parfois tomber à côté de sa partition c’est pour mieux insuffler en Piper une dichotomie des sentiments et des personnalités. Chapman n’est pas l’oie blanche que l’on pensait, c’est une fille un peu instable qui aimait l’aventure et le danger au contact d’Alex avant de tomber dans une certaine monotonie avec Larry (Jason Biggs). Elle est intelligente, cultivée mais elle n’a jamais vraiment pris le contrôle de son destin. Si l’on peut difficilement dire qu’aller en prison est une bonne expérience de vie, elle va au moins lui donner un peu de perspective. Elle va galérer, se mettre à dos beaucoup de monde, tâcher de réparer ses nombreuses erreurs, s’effondrer, se relever. Après une petite période d’adaptation, il apparaît que Schilling est l’actrice parfaite pour le rôle, une digne héritière de Parker dans sa façon de moduler comportement et humour selon les circonstances grâce à un visage expressif.

On aurait tort de croire que Orange is the New Black est uniquement une série de femmes. Oui, le casting est en majorité féminin, l’homosexualité féminine y est beaucoup évoquée et manager une prison pleine de nanas est à l’évidence bien différent d’un pénitencier pour hommes. Mais tout en prenant cher, ceux-ci trouvent leur place. Le sous directeur est à l’ouest, le conseiller en chef est obsédé par les relations lesbiennes alors que le maton principal surnommé Pornstache par les filles est un pervers sadique. La seule belle âme c’est John, le nouveau petit gardien, ancien soldat qui n’a pas encore été « abîmé » par le système. Eux aussi participent à l’énorme avancée des intrigues secondaires qui font la substantive moelle de la série.

OITNB 2

A partir de thèmes basiques voire éculés tels que la solitude, la folie, le rejet, le sentiment d’appartenance à un groupe, la promiscuité, inhérents aux séries carcérales, Jenji Kohan signe une chronique douce-amère séduisante en diable qui fait la part belle aux personnages et à l’humour (perles de dialogues garanties !) tout en restant dans le contexte. Il n’y a qu’elle pour faire tout un épisode autour d’un mystérieux poulet se baladant dans la cour de la prison et provoquer autant de fou-rires en 50 minutes ! Sans oublier l’excellente chanson du générique signée Regina Spektor. Le must see de l’été 2013 !

« This isn’t Oz… Women fight with gossip and rumors. » 
(Marine Di Meglio)

L’été est là et comme tout bon fan de séries qui se respecte je suis frustrée. Certes la télévision n’est pas un no-man’s land totalement déserté mais il faut avouer que les séries se font rares en cette période. Pourtant cette année l’une d’elle a éveillé mon intérêt, Orange is the New Black. Nouvelle série originale de Netflix, elle a été diffusée d’une seule traite cet été par le site de VOD.

Mais d’abord de quoi ça parle ? C’est tout simplement l’histoire de Piper Chapman, jeune femme incarcérée pour 15 mois dans une prison pour femmes de sécurité minimale car elle a servi de mule pour un transport d’argent issu de la drogue dix ans plus tôt. La série la suit donc alors qu’elle tente de se faire à sa nouvelle vie au milieu de personnages plus farfelus les uns que les autres. Une phrase prononcée dans le pilote par l’un des gardiens donne immédiatement le ton de la série

OITNB

« This isn’t Oz… Women fight with gossip and rumors. »
C’est pas Oz ici… Les femmes se battent avec des ragots et des rumeurs.

Car effectivement on n’est pas dans Oz (l’ultra-violente et tout aussi brillante série carcérale d’HBO) et les accros de l’adrénaline et à la violence devraient passer leur chemin. Les événements qui se passent entre les murs de cette prison ne sont pas moins tragiques et entre drogue, mafia, meurtres… les prisonnières ne sont pas des enfants de chœur non plus. Mais nous ne sommes pas dans une prison de haute sécurité et leurs crimes restent minimes face aux atrocités commises par les pensionnaires d’Oz. L’ambiance est donc complètement différente.

Clairement, le ton de la série oscille entre comédie et drame. Pas de fou-rire en perspective en la regardant (à part peut-être un rire de surprise en voyant certaines histoires délirantes telle celle du poulet) mais beaucoup de sourires tant ces personnages sont attachants et leurs histoires loufoques. La série suit de manière assez classique le parcours de Piper, on découvre la prison par ses yeux comme on le fait dans Oz avec Tobias, dans la série Prison Break avec Michael ou encore dans le film The Shawshank Redemption (ou en français Les Evadés) avec Andy. Et ce parcours est émaillé par les rites de passage que l’on connait bien grâce aux séries ou films américains: la première nuit où le prisonnier passe ou craque, les relations sexuelles entre détenus, l’uniforme orange, le travail dans la prison… La plupart des scènes ont déjà été vues ailleurs mais la véritable qualité première de la série est de donner à ces événements habituels un éclairage différent par la manière dont elle les traite. Pour donner un exemple, on a différentes visions des relations sexuelles dans la prison toutes bien loin du classique “viol dans les douches » (la série joue même avec ce cliché dans la première scène du pilote). Entre “Crazy Eyes » qui a décidé que Piper était sa nouvelle femme et qui fait une cour effrénée à celle qu’elle appelle Dandelion (Pissenlit), le couple formé par Lorna et Nicky alors même que Lorna a un fiancé ou encore cet autre couple constitué par un gardien et une prisonnière, chacune de ces relations est vue sous un angle décalé, marque de fabrique du show. La série ne s’intéresse donc pas seulement au personnage principal et à ses histoires mais aussi aux autres prisonnières avec des intrigues où Piper n’est peu ou pas présente, ce qui permet d’élaborer un véritable tableau de la vie dans cette prison. Des flashbacks qui se centrent chaque épisode sur une prisonnière différente permettent de découvrir ce qui a amené chacune d’entre elles dans cette prison et ce qu’était leur vie auparavant. Larry le petit ami de Piper, sa famille et ses amis ne sont pas mis de côté non plus alors que la série montre les conséquences de cette incarcération sur eux et particulièrement sur Larry.

OITNB2

Le cœur de la série est donc véritablement ses personnages. Certes Piper est le personnage central mais la galerie de personnages qui l’entourent est, comme je l’ai dit plus haut, tout aussi bien dépeinte. Je dois avouer que ce personnage n’est d’ailleurs pas mon favori, loin de là. Certes elle nous permet de nous identifier à elle mais ce personnage en décalage avec son environnement n’a rien de nouveau. Piper est un personnage cultivé qui est allée à l’université contrairement aux autres détenues et la scène où les prisonnières viennent lui demander de l’aide pour leurs lettres pour la commission d’appel m’a fortement rappelé les gardiens faisant faire leurs déclarations d’impôts par Andy dans The Shawshank Redemption. Et je dois avouer que ces ressemblances desservent la série pour moi. Néanmoins son personnage devient bien plus intéressant lorsqu’elle cesse de se croire bien différente des autres prisonnières pour se rendre compte qu’elle leur ressemble. De plus son passé et la relation amoureuse qu’elle a entretenue avec Alex, dealeuse de drogue qui l’a entraîné dans son univers et, par voie de conséquence; responsable de son incarcération, changent la donne, permettant de donner un véritable intérêt à ce personnage. D’ailleurs la relation de Piper avec Alex est pour moi l’un des points que la série traite de manière très juste. Si l’interprétation des deux actrices ne m’enthousiasme pas plus que ça (j’ai même eu beaucoup de mal avec Laura Prepon dans les premiers épisodes), l’alchimie entre elles marche très bien, beaucoup mieux qu’entre Piper et son fiancé.

OITNB3

La galerie de personnages de la prison est quant à elle particulièrement jouissive, tous plus fous les uns que les autres: entre la prof de yoga, l’ancienne junkie, la prisonnière amoureuse d’un gardien, la nonne, l’ancienne dirigeante d’un service d’immigration illégale et de travail d’enfants, la chef de cuisine mafieuse russe, l’illuminée persuadée d’être le nouveau Jésus Christ ou encore la mère et sa fille avec leur relation antagoniste. Chaque personnage a son originalité et son côte décalé et c’est vraiment la force de cette série. Même les gardiens sont eux aussi savoureux entre le pervers, le jeune bleu, le chef imbu de son autorité, la petite gardienne qui se laisse marcher sur les pieds, la cupide sous-directrice ou encore le gardien bienveillant qui ne l’est pas tant que ça. Même dans le monde réel, les personnages ne sont pas si “normaux” que ça, que ce soit Larry, le frère de Piper qui vit au fond des bois ou leur couple d’amis aux prises avec leur nouveau-né.

Cette première saison a, selon moi, rempli son contrat. Elle a mis en place les personnages, l’univers dans lequel ils évoluent et le ton de la série. Certes, il y a encore des défauts, des ressemblances et des influences venant d’autres séries ou films, des acteurs qui ne sont pas au niveau des personnages ou des intrigues un peu trop bateau qui, malgré leur éclairage différent, restent semblables à celles qu’on peut voir ailleurs mais cela dérive du fait qu’il était nécessaire de planter les fondations de la série. Et j’ai bon espoir que cela soit corrigé dans une deuxième saison où les scénaristes pourront se permettre une plus grande liberté sans ne plus avoir à se préoccuper des bases elles-mêmes.
Le petit plus de la série, c’est qu’on ne sait jamais où elle va aller ou ce qui peut s’y passer. Si les intrigues peuvent parfois être banales, il y a toujours un petit quelque chose qui surprend, que ce soit dans le registre dramatique ou comique. Un jour, un poulet peut être l’objectif principal de toute une prison et un autre, la mort d’une détenue peut se transformer en un moment de partage entre toutes les détenues. Et ce qui fait toute sa saveur.

Crédits: Liongate
Redécouvrez notre émission consacrée à la série ici