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4 Commentaires

Tout le monde veut devenir un Katz

Tout le monde veut devenir un Katz
Alexandre LETREN

La review

LA SAISON
7
LE CASTING
8
LE SCENARIO
6.5
LES DIALOGUES
7
7.1

COUP DE COEUR

Drôle, efficace et attachante

Dans les fictions made in France 2, on aime la famille. Qu’elle soit classique, dysfonctionnelle ou recomposée, la famille est la bienvenue sur nos petits écrans. Une nouvelle famille s’apprête à faire son arrivée chez nous, La famille Katz. Et cette famille d’un genre inhabituel va sans nulle doute créer une nouvelle catégorie de famille qui ira bien au-delà de la notion de famille dysfonctionnelle. Savoureuse, grinçante et tendre, qu’est ce qui fait que malgré tout leur défaut, on va tous vouloir devenir un Katz?

Décomposée, recomposée et trop souvent indisposée, la famille KATZ est avant tout très compliquée. A l’origine de tous leurs problèmes, un homme, un seul : Samuel. Mieux vaut ne pas trop s’y attacher. Alors que tout le monde l’attend pour des retrouvailles autour du sapin de Noël, il meurt déguisé en Père Noël, dans les bras d’une « professionnelle ».

Il laisse derrière lui : une femme suicidée, un fils golden boy à deux doigts d’imploser, une fille psy refusant tout compromis, une « veuve surprise » très fâchée, un vieillard tyrannique, son épouse tyrannisée et une petite fille à l’air étrangement japonais…. entre autres !

La famille Katz: une série écrite au poil

On a régulièrement pointé du doigt ici les séries françaises que l’on regarde et qui ne serait pas suffisamment soignée dans leur écriture pour signaler quand on tient une qui répond à nos attentes. Dès le premier épisode (souvent maillon faible des séries françaises), le ton est donné, les personnages posés et le style de la série mis en place. La famille Katz est une série oscillant en permanence entre humour noir  et chronique familial. Et point de déséquilibre entre les deux, le mélange se fait juste comme il faut. On rit des remarques que peuvent faire Théa (Julie Depardieu) ou Lisette (Catherine Jacob) et on s’émeut de la très belle relation frère-sœur entre Lenny (Serge Hazanavicius) ou Théa, ou bien du très joli couple que forme Osie (Jacques Boudet) et Milly (Claire Maurier).
La créatrice de la série, Thalia Rebinsky revendique être une grande fan de la série Six Feet Under (Alan Ball) avec laquelle elle partage des points communs, comme le point de départ des deux séries avec la mort du père (Nathaniel Fisher/ Samuel Fisher), élément révélateur/ déclencheur qui va entraîner tout le monde à prendre position dans la famille…mais aussi à en révéler les dysfonctionnements.

Lafamillekatz

Un casting en or

Autre point fort de la série: son casting. Ça se sent qu’un grand soin y a été apporté car chaque comédien est à sa place dans son rôle. De la toute jeune Jessica Lauzere (Yuki, la fille cachée de 8 ans de Samuel) belle à croquer, aux plus âgés (Jacques Baudet et Claire Maurier sont bouleversants chacun dans leur registre) en passant par l’excellente Catherine Jacob, Alain Bouzigues ou Natacha Lindinger (certes toujours un peu cantonnée au même type de rôle, la femme froide). Tous ces acteurs sont tous différents mais pourtant, dès le début, l’alchimie opère et la famille se créée sous nos yeux. Et pourtant, Dieu sait que c’est compliqué de (re)créer une alchimie dans la (re)constitution d’un groupe, qu’il soit amical ou familial. Mais comme les Katz forment une famille au bord de l’implosion, ce sont ces différences qui en constituent tout le sel.

Une série douce-amer

Tout part d’une tragédie. La famille Katz est une famille sur laquelle le sort s’acharne depuis le début. Comme maudite!

« Notre mère s’est jetée par la fenêtre et notre père est mort dans les bras d’une pute »
(Théa)

Cette phrase résume parfaitement la situation de cette famille. Et pourtant, chaque scène oscille à merveille « entre les rires et les larmes« . Une mélange explosif s’il est mal exécuté mais qui fonctionne à merveille ici. Un personnage illustre cette situation, il s’agit de Osie. Le patriarche de la famille est atteint de la maladie d’Alzheimer ce qui est entraîne des situations fort drôles comme lorsqu’il tente de flinguer son petit fils à coup de fusil. Mais comme ne pas être touché par la détresse de cette homme qui comprend plus qu’il ne veut bien le dire ce qui lui arrive et qui, tantôt s’en amuse, ou s’en sert…jusqu’à baisser les armes en fin de saison lorsqu’il comprend ce que ses erreurs ont provoqué.
Catherine Jacob, dans un autre registre, amène un côté pince sans rire à l’humour de la série vraiment très agréable et qui n’est pas sans rappeler l’ambiance des films de Etienne Chatillez. un humour irrévérencieux, parfois politiquement incorrect (à propos du fait qu’en tant que famille juive, les Katz fêtent Noël, Lisette dit: « Ils ont quand même tué le Christ, je ne vois pas pourquoi ils voudraient fêter sa naissance« ). Mais jamais la série ne verse dans la vulgarité et elle sait toujours nous prendre par les sentiments après nous avoir fait rire 5 minutes auparavant.

Le syndrome « série française » n’est pas absent

Histoire de ne pas être qu’élogieux sur la série, n’oublions pas de mentionner qu’elle souffre, comme c’est trop souvent le cas, d’un problème de rythme survenant en fin de saison où l’on assiste à une accélération du temps de l’histoire et des intrigues (à la fin de l’épisode 4, Théa est enceinte de 13-14 semaines et dans le 5 de 8 mois avant d’accoucher dans le 6). Un défaut que l’on retrouve souvent dans nos fictions comme pour terminer à tout prix certaines intrigues en fin de saison (…comme un film qui se terminerait). C’est d’autant plus dommage que jusque là, la série était parvenue à plutôt bien maîtriser sa narration. Mais cette subite accélération gâche un peu le tempo de la série (pour preuve, le face à face Milly/Viviane résolu vraiment trop rapidement).

katz family

Un Katz retombe toujours sur ses pattes…

…telle pourrait être la formule consacrée pour résumer cette série. Car aussi déglingués, fous, tordus qu’ils soient, les Kartz parviennent (presque) toujours à s’en sortir face aux difficultés mises sur leur chemin et restent toujours attachants. Après 6 épisodes, je les aime déjà ces Katz et pour tout dire, ils me manquent déjà, j’ai hâte de les retrouver (la saison 2 est en cours d’écriture). Il faut dire que même s’il est un peu prévisible, le cliffhanger de fin de saison n’en demeure pas moins efficace et démontre une nouvelle de la folie douce qui habite cette famille et, à travers elle, les auteurs de la série. Une folie douce qu’on aura aimé suivre et qu’on prendra plaisir à retrouver.
La famille Katz s’inscrit très bien dans ces fictions de qualité, typiquement françaises et telles qu’on les aime. Un pari gagnant et gagné pour France 2. Un bon successeur à Fais pas ci fais pas ça.

Crédits: France 2/ Ego Productions