Image Image Image Image Image Image Image Image Image Image
Scroll to top

Top

Pas de commentaires

Une famille plus si formidable que ça?

Une famille plus si formidable que ça?
Fred Teper
  • Le 27 septembre 2014
  • https://twitter.com/cliffhangertwit

La review

LA SAISON
5
LE SCENARIO
3
LE CASTING
5.5
LA REALISATION
4
4.4

Triste!

Une saison 11 qui continue la chute entamée par la série ! Des éclairs mais trop peu pour sortir de sentiers battus et rebattus !

Nous nous sommes tant aimés! Qu’il est difficile de voir des personnages et des acteurs qu’on a adorés, qui nous ont fait pleurer, dont on a suivi pas à pas l’arrivée à maturité, prendre des chemins que l’on aurait aimé ne jamais les voir emprunter! Que c’est dur de voir des artistes que l’on apprécie se rapprocher inexorablement d’une fin que l’on aurait souhaitée pétillante et pleine de panache et qui, de plus en plus s’apparente à un véritable gâchis! Le décor est planté, il n’y aura pas de surprise, voire de cliffhanger à cette introduction: je n’ai que très modérément apprécié la onzième saison d’Une famille formidable que TF1 s’apprête à diffuser à partir du 29 septembre prochain. Votre œil de lecteur aguerri aura sans doute déjà remarqué  la tentative de rétro pédalage amorcé par le terme « modérément », car oui, je ne peux pas dire que j’ai détesté cette salve de 4 nouveaux épisodes (et non pas 3 comme habituellement) !

Comme depuis quelques saisons, la famille n’est plus si formidable que cela et j’en suis le premier attristé! A chaque fois pourtant, le fol espoir de retrouver le sel des premières aventures est là, mais je quitte toujours les Beaumont depuis un certain temps avec une pointe d’amertume! Depuis qu’elle a fêté ses 20 ans, que les saisons se sont rapprochées, l’écriture est de plus en plus inégale et quand Joël Santoni faisait des miracles sur des premières saisons qui étaient parfaitement équilibrées, aujourd’hui, la magie s’est envolée. Finies les auteurs qui confrontent leurs personnages à des sujets de société brûlants, en prise directe avec le quotidien (l’homosexualité, la drogue, le cancer…) et qui valent aux acteurs de déployer des palettes de jeu variées et de démontrer leur talent en alternant avec un même bonheur drame et comédie.

Finie la complicité du trio Bernard Le Coq- Anny Duperey- Philppe Khorsand malheureusement disparu, qui fit les belles heures de la série. Les jeunes pousses ont grandi également et pour certains leur jeu est très nettement en deçà de ce qu’il était. Si Jennifer Lauret ou Kamel Belghazi sont égaux à eux-mêmes, David Sarfati, Cécile Caillaud, ou Alexandre Thibault pour ne citer qu’eux, ne sont pas servis par des personnages soit trop absents, soit carrément caricaturaux. L’époque lointaine où chacun dévoilait ou affirmait un jeu tout en nuances et où la série connaissait des audiences spectaculaires et faisait le bonheur de ses spectateurs est bien finie. Désormais, s’il reste ça et là quelques vestiges d’un temps passé, ce n’est que par à-coups que les épisodes parviennent à maintenir un semblant d’intérêt. Alors qu’avec les années et la patine du temps les liens qui nous unissent aux Beaumont auraient dû se raffermir, ils ont, bien au contraire, tendance à se distendre C’est un peu comme ces réunions de famille auxquelles on assiste par obligation (à l’exception que là le spectateur est libre de zapper) et que l’on subit les facéties de l’oncle rougeaud et adepte des farces et attrapes où les blagues stupides de la petite cousine et de sa fratrie, qu’ils sont les seuls à trouver drôles. Car parfois on a presque la sensation diffuse que les comédiens à la fin des scènes sont prêts à se mettre des coups de coude dans les côtes en se congratulant mutuellement face caméra, contents de leurs effets.

famille

Dans cette onzième saison, la dégringolade entamée par la Famille Formidable, depuis qu’ils se sont installés dans ce petit village de province se poursuit inexorablement. Les Beaumont sont avant tout des citadins et les voir s’épanouir dans cette campagne de carte postale est difficilement vraisemblable. Dès le premier épisode de cette saison 11, les situations burlesques, voire ubuesques, qui semblent être devenues la marque de fabrique de la série, s’enchainent. Le jeu appuyé du génial Bernard Le Coq depuis quelques saisons, alors qu’il sait parfaitement jouer dans la mesure et l’émotion, dessert son personnage A titre d’exemple, ses cauchemars récurrents dans l’épisode Un cadavre encombrant finissent par devenir un gimmick très agaçant ! Les enjeux dramatiques de la petite commune confèrent à la série un côté grotesque et les situations dignes du théâtre de boulevard deviennent légion, et ce qui aurait pu n’être qu’un épiphénomène fait que, même certaines situations dramatiques virent au vaudeville. Les invraisemblances se succèdent (l’AVC de Reine (Béatrice Agenin) qui aurait pu être un formidable rebondissement dramatique est traité sur le ton de la comédie avec une désinvolture qui laisse à penser que l’esprit de la série s’est définitivement dilué dans des conventions desquelles elle parvenait à s’affranchir dans le passé. Tout semble aseptisé et les quelques tentatives d’y échapper sont trop rares. L’épisode 2 de cette saison, Un manoir à Madère, décroche le pompon en termes de comédie bâclée et de scénario invraisemblable. Le vaudeville côtoie le grotesque et une compétition de tir à la corde achève de rendre l’ensemble totalement stupide ! Tous les éléments narratifs sensés faire avancer le récit s’avèrent trop artificiels et en filigrane, le suspense de pseudo enquête policière est épais comme du papier à cigarette, ce qui à tendance à devenir systématique. Heureusement, tout n’est pas catastrophique non plus et la tentative de revenir à des thèmes sociaux (la grossesse chez les jeunes) est plutôt bien traitée.

Et si le troisième épisode porte parfaitement son titre (Quel cirque !), avec le retour des quiproquos et des séquences absurdes qui reviennent à la charge très rapidement, d’autres thématiques plus ancrées dans le réel sont intégrées à l’histoire (le mariage pour tous et l’homosexualité chez les ados notamment) même si l’on sent de la redite par rapport aux toutes premières saisons (la découverte de l’homosexualité de Nicolas puis plus tard les problèmes soulevés par sa vie de couple). Cet épisode est sympathique mais il ne fait pas avancer l’histoire d’un iota (et c’est là que l’on se demande où se trouve l’intérêt, après 10 saisons à 3 épisodes de passer à 4 ?)

une-famille-formidable-saison11

Ce qui est toujours patent et qui permet à la série de ne pas sombrer, c’est malgré tout la complicité entre Le Coq et Duperey. Ou entre Le Coq et Thibault, ce qui nous vaut quelques dialogues très savoureux mais trop rares comme dans l’épisode 4 « Jacques et son double ». Cet épisode recèle d’ailleurs une séquence chaleureuse et émouvante bien que fugace entre Jacques et sa fille Frédérique qui rappelle que la série peut encore montrer de très jolis moments. Mais tout cela n’est qu’un feu de paille et la course aux rebondissements pittoresques reprend de plus belle avec des histoires qui semblent être des reboots des premières saisons (la déprime de Jacques par exemple avec un Julien (Alexandre Thibault) qui s’est peu à peu substitué au regretté Richard (Philippe Khorsand). Ce dernier épisode se conclue sur une fin ouverte pour une supposée suite qui serait bien inspirée de revenir enfin aux fondamentaux de la série.

En conclusion, cette saison 11 n’apporte vraiment rien de nouveau. Depuis quelques temps, Une famille formidable vit sur des acquis qu’elle dilapide à vitesse grand V et ses audiences toujours assez bonnes sont sans doute motivées par une fidélité du téléspectateur à des personnages auxquels il reste viscéralement attaché plus qu’à la réelle qualité intrinsèque du programme. Il n’est pas lieu de se réjouir qu’une des fictions françaises de qualité soit tombé petit à petit dans les travers que l’on reproche à longueur d’année à des productions qui manquent de moelle et d’innovation. Certes on les aime les Beaumont, et on aime les retrouver. Mais parfois dans certaines familles, plus la séparation est longue plus les retrouvailles sont agréables car il n’y a rien de plus amer que les amours déçus.

Crédits© Etienne Chognard / CCSP/ TF1