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Vaugand, avocat à la dérive

Vaugand, avocat à la dérive
Alexandre LETREN

La review

LE PILOTE
6.5
LE SCENARIO
6.5
LE CASTING
7.5
6.8

Bon et efficace

Après plusieurs années loin des prétoires, Richard Vaugand, avocat pénaliste, revient et obtient la défense en appel d’un jeune meurtrier que tout incrimine. Tout le monde se demande quelles sont les raisons de son retour. A-t-il décidé de se venger ? En défendant cet homme, Vaugand sauvera-t-il sa vie ? Dans le milieu judiciaire, bien qu’il ait la réputation d’être un excellent pénaliste, il n’a pas que des amis. Maître Brémont voit même son retour d’un très mauvais œil. Les deux hommes ne partagent pas du tout la même conception du droit et sont ennemis. Mais pour Vaugand, le plus important est la défense de son client, qu’il croit sincèrement innocent.

Vaugand, nouvelle figure de la justice sur France 2, pilote d’une collection amenée à revenir régulièrement sur le modèle de La smala s’en mêle (le second téléfilm est en cours de tournage).
Vaugand s’inscrit dans une longue tradition de fictions mettant en scène les ténors du barreau (mais aussi de polars à l’ancienne, représentés par Caïn ou Candice Renoir). Un genre que les Américains ont plus l’habitude que nous de maîtriser (comme Perry Mason), même si France 2 avait déjà tenté de le lancer il y a quelques années avec la série Maître Da Costa avec Roger Hanin, série dont l’inspiration était clairement Perry Mason ou Matlock. Car si Vaugand est un as du barreau, un avocat capable des meilleures effets de manche, il n’utilise pas (en tout cas dans ce premier épisode) de gros envolées lyriques, de grands coups de théâtre. Dommage dirons certains, tant mieux pour d’autres. Car c’est assez paradoxal. On souhaite d’abord au début que Vaugand soit ce genre d’avocat car Olivier Marchal nous offre quelques moments savoureux dans son face à face à Brémond (Antoine Duléry, pour le coup un poil caricatural, manquant cruellement de subtilité), son ancien associé. Mais, au fil de l’épisode, on change d’angle et nous changeons d’avis. Vaugand devient une série finalement plus humaine, ce qui n’est pas pour nous déplaire.

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Dans ce pilote, Vaugand est un avocat à la dérive qui tente de sortir la tête de l’eau. Il a quitté la robe d’avocat quand, 5 ans auparavant, son associé Brémond avait choisi de défendre la personne responsable de la mort du fils de Vaugand à qui il a rendu la liberté. Brisé, Vaugand ne croit plus en la justice. Mais il finit par revenir sans d’ailleurs que l’on comprenne vraiment pourquoi. Et pour jouer cet homme usé par les épreuves et qui a du mal avec une certaine idée de la justice, Olivier Marchal est juste parfait.
« Cette colère, je vais m’en servir » dit Vaugand à son client au moment de reprendre l’affaire. Et Marchal est parfait pour véhiculer cette colère. Dans beaucoup de ses projets, notamment comme réalisateur, il a mis en scène des personnes en rébellion avec le système (Caplan et son équipe dans Braquo par exemple). A ses côtés, Arthur Jugnot est aussi très bon dans le rôle du jeune avocat plein d’illusions. Le défaut vient plus du mode de narration choisi. Vaugand fonctionnant comme une collection d’unitaires comme on les faisait avant, un certain nombres d’éléments lancés dans cet épisode doivent trouver une résolution au bout de 90 minutes. Mais laissons leur le bénéfice du doute: au moment du tournage, Vaugand n’avait aucune certitude de revenir régulièrement à l’antenne.

« Il avait droit à une défense tu le sais aussi bien que moi »
(Brémont à Vaugand)

Petit bémol sur l’affrontement Vaugand-Brémont. Il y a certes un parti pris manifeste dans l’idéal de justice que l’histoire veut défendre. Chacun des deux avocats a sa propre idée de la justice, toutes deux parfaitement acceptables. Mais alors que celle de Vaugand nous parle d’un point de vue moral, celle de Brémond (tout aussi « juste » finalement) nous est présentée sinon comme mauvaise, tout du moins comme « moins juste » par le traitement du personnage de Brémond, arriviste, calculateur. Dommage car ces deux oppositions auraient pu donner lieu à des affrontements vraiment intéressants sur la conception de la justice.

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Au final, Vaugand est un bon pilote d’une série que l’on a envie de revoir. Même si l’on peut regretter que les histoires personnelles prennent trop le pas sur les affaires de prétoire, le rythme est bon, les scènes de procès trop courtes mais efficaces. Après, il va falloir choisir entre la série judiciaire réaliste et le spectacle à l’américaine style Matlock. Dans les deux cas, je serai au rendez-vous de la suite.

Crédits: France 2

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Arthur Jugnot Vaugand Maître Da Costa Vaugand France 2 Vaugand Olivier Marchal