Vendredi prochain, la célèbre série à succès de France 2, « Les petits meurtres d’Agatha Christie », va faire son retour non seulement avec deux nouvelles enquêtes inédites mais aussi avec un tout nouveau duo d’enquêteurs et une action qui change d’époque pour prendre place à la fin des années 50.
En prenant la relève du commissaire Larosière et de l’inspecteur Lampion, les nouveaux héros le commissaire Laurence (Samuel Labarthe) et Alice Avril reporter (Blandine Bellavoir), doivent relever un sacré défi et assurer la relève en maintenant le succès.
Vont-ils y parvenir? Tentative de réponse avec ces deux premières enquêtes, Jeux de glaces et Meurtre au champagne.

 JEUX DE GLACES
d’après le roman « They do it with mirrors » d’Agatha Christie

Le Docteur Bousquet dirige un centre de réinsertion pour délinquants. La présence dans sa maison de voyous et de malades mentaux inquiète sa famille. Lorsque deux meurtres sont commis, le commissaire Laurence enquête, essayant sans succès d’écarter de son chemin la trop curieuse journaliste, Alice Avril. En y regardant de plus près, cette famille ne semble pas vraiment unie par des liens d’amour. Peut-être que finalement les patients du Docteur Bousquet sont plus inoffensifs qu’il n’y paraît ?

MEURTRE AU CHAMPAGNE
d’après le roman « Sparkling Cyanide » d’Agatha Christie

Elvire Morenkova a tout ce dont on peut rêver. Elle est belle, riche, star de cinéma. Pourtant, elle met fin à ses jours en plein tournage…Mais le commissaire Laurence y regarde d’un peu plus près. Elvire était immensément riche, elle avait des amants, les femmes la détestaient… Autant de mobiles pour un meurtre. The Show must go on… Le tournage continue et Avril, qui n’a peur de rien, passe le casting pour remplacer la star morte

« Réinventer Les petits meurtres…Peut-être le plus gros challenge de ma vie de productrice. La solution est simple: il fallait à la fois tout changer et ne rien changer » (Sophie Revil, Productrice).
A vu de nez, comme ça, cela paraît simple. On bricole ici et là quelques petites choses pour justifier le changement de casting et le tour est joué. Mais ce serait un peu vite oublier combien Marius Colucci, mais surtout Antoine Dulery ont pu marquer de leur empreinte la première version de la série. Il faut donc faire table rase et pour ça, une solution assez simple: on va plonger les deux nouveaux personnages dans une toute nouvelle époque, à savoir la fin des années 50: « L’ambiance vinyle et glamour des années 50, celles des meilleurs Hitchcock » (Sophie Revil).
Et c’est vrai que cette nouvelle époque donne, paradoxalement, un sacré coup de jeune à la série. Débarassée de l’ambiance vieillotte des années 30, elle arrive dans celle très tendance actuellement dans les séries télé des années 50-60, celle des grands changements mais aussi d’une époque dorée (Les 30 glorieuses) pour notre pays.
Ne restait plus qu’à trouver le bon duo pour remplacer Dulery et Colucci dont le départ a provoqué un petit séisme tant il est survenu de manière assez imprévisible: « Lorsque Duléry et Colucci ont annoncé qu’ils quittaient la série, nous avons traversé un moment de doute. J’étais pour ma part opposé à l’idée de continuer en changeant seulement de comédiens » (Sylvie Simon, créatrice des personnages et co-scénariste). Le choix était risqué mais je dois dire qu’en l’espèce, la production a frappé très fort avec Samuel Labarthe et Blandine Bellavoir, non seulement parfait mais également, pour ma part, bien meilleurs que le duo précédent.

« Alice est quelqu’un qui veut mais la France des années 50 ne permet pas à une femme de faire carrière » (Blandine Bellavoir alias Alice Avril). Au travers du personnage d’Alice se dessine habilement le nouvel angle de la série. Terminée la relation dominant-dominé présente dans la première série (et héritière de la relation maitre-valet que l’on retrouvait dans bon nombre de classiques du théâtre, notamment chez Molière). On passe désormais à une relation « qu’on retrouve par exemple dans Amicalement Vôtre: deux personnages très contrastés dont la confrontation provoque des étincelles » (Sylvie Simon). D’un côté, on a Swann Laurence (campé par l’excellent Samuel Labarthe de la Comédie Française et aussi voix française de Liam Neeson), héritier direct de personnages comme Don Draper, avec une classe très british, « une sorte d’animal à sang froid qui ne se laisse pas déborder par les émotions, ni par son entourage » (Samuel Labarthe), tour à tour désagréable et extrêmement touchant à la fois dans sa relation avec sa secrétaire Marlène (Elodie Frenck) mais aussi vis à vis d’Avril qu’il n’hésite pas à protéger quand le besoin s’en fait sentir.
De l’autre, Alice (Blandine Bellavoir, Plus belle la vie, Maison Close), une jeune femme « qui essaie de se faire toute seule et de s’élever dans l’échelle sociale par le biais du journalisme » (Blandine Bellavoir). Un duo explosif mais terriblement efficace, et dont l’attachement est immédiat. Mention spéciale à Blandine Bellavoir, resplendissante dans ce rôle et qui confirme, petit à petit, qu’elle est une très belle révélation.
Du côté des intrigues, ma préférence va plutôt à Jeux de glaces qui nous permet de vraiment rentrer dans l’univers des années 50, même si le dénouement est assez prévisible pour qui observerait bien l’épisode. Meurtre au champagne a le défaut d’être trop proche de l’ambiance de la première série en plongeant Alice Avril dans une situation que Duléry campait dans l’un des derniers épisodes dans lequel il apparaît (Duléry se retrouvait à mener l’enquête de l’intérieur en obtenant un rôle dans une pièce de théâtre, ici c’est au tour de Alice mais dans un film de cinéma).

Pour la diffusion de l’épisode Meurtre au champagne, France 2 inaugure un dispositif moderne et intéressant: « Dès le démarrage du second épisode Meurtre au champagne, vous êtes invités à trouver le coupable. En vous connectant à la page des Petits Meurtres d’Agatha Christie, sur ce site avec votre ordinateur ou votre tablette, vous recevez des indices et des questions pour enquêter avec le commissaire Laurence et la journaliste Avril. Via un fil de tweets, vous pouvez partager, si vous le souhaitez, ses indices et ses analyses avec les autres téléspectateurs. Si vous ne vous sentez pas l’âme d’un détective, vous pouvez recevoir des bonus en direct (fiches des personnages, animations, vidéos…) et regarder l’épisode sans mener d’investigation. Marlène, la secrétaire du commissaire, est la meneuse du jeu. Elle vous accompagne tout au long de l’expérience en introduisant, avec un brin de malice, les séquences interactives« .

En association avec les Nouvelles Ecritures de France Télévision, une société lilloise, Territoire d’image, a développé ce dispositif nouveau. Pour avoir eu l’occasion de le voir, je reconnais à l’idée l’envie d’offrir un habile moyen de réunir autour de la série un nouveau public, plus jeune et qui prendrait plaisir à participer à un visionnage interractif de la série. Pour autant, je pose un bémol car c’est tout de même assez contraignant de devoir regarder la série en faisant autre chose, l’attention n’est pas la même et a plutôt tendance à être focaliser sur le second écran. Et comme, ce jeu n’a de sens que tant que l’on ne connait pas l’identité de l’assassin, on ne peut pas trouver de plaisir à y jouer via le replay par exemple. Mais visuellement, le résultat est plutôt réussi, l’opération intéressante donc un bon point pour France 2. Ce type d’interactivité est de toute façon amenée à s’étoffer et se développer sur d’autres fictions (dommage qu’un tel dispositif n’est pas été mis en place sur une série comme Clash car il y avait de nombreuses choses à faire).

La relance de la série « Les petits meutres d’Agatha Christie » se solde donc pour ma part par un bilan très positif. Non seulement, le changement d’époque et de casting est parvenu à relancer mon intérêt pour une série que je trouvais ronronnante, mais cette nouvelle version est bien supérieure à l’originale: plus fraiche, plus second degré, plus soignée visuellement et portée par un casting 3 étoiles. On en veut encore!! (et ça tombe bien puisque deux nouveaux épisodes sont en préparation).

Crédits Photo: © Gilles Scarella / FTV
Source: Dossier Presse France 2
Pour la partie jeu:
Coproduction:  FranceTéléVision Nouvelles Ecritures, Escazal films, Pole Image
Game Designer: Territoire d’image
Développement et création graphique: Keblow
Remerciements: Agence Blue Helium