Si l’on se réfère à la définition communément admise, le générique d’une série télé est tout simplement la partie où l’on indique le titre, les noms des acteurs et des divers collaborateurs. Bref, un simple objet technique destiné à aligner une série de noms et pourtant… Pourtant ils sont bien plus que ça, particulièrement dans les séries télés dont ils font sans aucun doute partie intégrante. Ils sont la “page de présentation de la série”, une sorte de concentré de celle-ci et de son ambiance. Mais ils sont aussi bien souvent des objets d’art et parfois même des objets cultes pour les fans. True Detective, nouvelle série de HBO diffusée également sur OCS nous propose un générique élégant, assez classique des standards de la chaîne en impactant l’esprit du spectateur des images symboles qui constituent le paysage imaginaire du show.

Tout commence par le très classique écran “HBO Entertainment”. Ça a l’air de rien comme cela, mais la chaîne câblée n’a pas changé son écran-titre depuis 20 ans et pour tout amateur des productions HBO, c’est un signal qui met dans l’état de disponibilité nécessaire pour accueillir l’épisode qui suit.

La minute que constitue le générique de True Detective est une succession de plans, dans chacun desquels on retrouve deux éléments récurrents : un léger mouvement de caméra, et une incrustation d’images (généralement un personnage avec un lieu ou un objet). Les premiers plans sont en noir et blanc et petit à petit la couleur fait sont apparition. Le tout est enrobé dans la folk suave du groupe The Handsome Family.

Far from any road

La première séquence nous montre un chemin de terre avec en fond un complexe industriel, le tout est en travelling arrière. On nous annonce les deux acteurs principaux Woody Harrelson et Matthew MacConaughey. Le procédé se poursuit tout au long du générique.

D’un point de vue formel, chaque séquence fais un peu penser à certaines couvertures de comics. Des couvertures comme celles que peux produire un Dave McKean par exemple. une image composée, évoquant l’environnement de la série plus que des éléments précis de celle-ci. On retrouve néanmoins certains éléments caractéristiques du show : les personnages principaux, bien sûr, les bois de cerf, des fesses féminines assises sur ses talons, des camions, la religion.

Le travail sur la couleur est également intéressant. Les premières séquences sont assez neutres : des paysages et des personnages dans leur personnification la plus rassurante (en costume cravate par exemple), puis la couleur intervient sur des éléments plus radicaux, ou évoquant une certaine violence : le feu, la croix, la peau féminine, un parking de camions, un body aux couleurs du drapeau américain.

Sur les dernières séquences on a les symboles de la croix et du feux qui reviennent de manière plus syncopée. On est dans le sud, il y fait chaud, la croyance est au cœur de la société, et la morale affichée et la vie privée sont en complète contradiction.

Autre point d’importance dans ce générique : la capacité de celui-ci à évoquer les personnalités des deux personnages centraux de l’intrigue. En effet, True Detective est avant tout l’histoire des enquêteurs, plus que l’enquête elle même. Dès lors le générique nous présente les deux visages des deux personnages, 1995 et  2012, mais aussi, évoque ce qu’ils sont : une longue route incrustée dans le visage de Woody Harrelson, pour la constance, la force; la solidité, alors que Matthew MacConaughey est associé aux symboles du tueur. Et dans les deux cas, le changement s’opère par le feu.

D’une certaine manière, le générique de True Detective évoque un peu celui de True Blood. La musique très “sudiste”, les éléments de croyance, sexe et mort, omniprésents. Dans celui-ci, on a une certaine élégance supplémentaire, on approche progressivement des symboles qui vont évoquer la violence de l’histoire, et surtout la violence des personnages.

Le générique de True Detective fait donc lentement pénétrer dans l’univers de la série, la psyché des personnages – n’oublions pas que toute l’histoire est racontée par ces derniers -, et le tout progressivement avec élégance.

Crédits: HBO