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17 Commentaires

Odysseus: Le dur retour à la réalité

Alexandre LETREN

La review

LA SERIE
8
LE SCENARIO
7.5
LE CASTING
7
LA REALISATION
6
LA MUSIQUE
7
7.1

BRILLANTE

Que c'est agréable de se laisser porter par une histoire comme celle-là

En juin prochain, Arte va lancer sa nouvelle série, un projet extrêmement ambitieux baptisé Odysseus. Créée par Frédéric Azémar (Un village français) et fruit d’une coproduction internationale, Odysseus, portée par un brillant casting, entreprend de revisiter le mythe de l’Odyssée d’une manière extrêmement originale. Projet ambitieux, pharaonique, mais tient-il jusqu’au bout toutes ses promesses?

Situation critique à Ithaque : voila dix ans que La Guerre de Troie est terminée et que tous les guerriers sont rentrés, tous sauf un : Ulysse, dont la rumeur dit qu’il s’est perdu en mer. Ithaque, privée de roi depuis trop longtemps, manque de tout, et le peuple commence à gronder. Pénélope préserve comme elle peut le trône de son mari et tient à bout de bras ce qui lui reste de pouvoir. Elle doit faire face chaque jour aux doutes de tous sur le retour d’Ulysse, et aux manigances de Léocrite, chef des guerriers prétendants au trône. Protégé et écarté par sa mère des jeux de pouvoir, Télémaque, jeune prince ni stratège ni guerrier, devra pourtant agir pour Ithaque. Télémaque sera-t-il capable de défendre le trône de son père ? Et si, après 20 ans d’absence, Ulysse revenait ?

odysseus

L’ombre d’un mythe
« La trahison doit être punie« 

Avant de revenir sur la série Odysseus, un petit rappel de ce qu’est l’Odysée d’Homère s’impose.

L’Odyssée relate le retour chez lui du héros Ulysse, qui, après la guerre de Troie dans laquelle il a joué un rôle déterminant, met dix ans à revenir dans son île d’Ithaque, pour y retrouver son épouse Pénélope, qu’il délivre des prétendants, et son fils Télémaque. Au cours de son voyage sur mer, rendu périlleux par le courroux du dieu Poséidon, Ulysse rencontre de nombreux personnages mythologiques, comme la nymphe Calypso, la princesse Nausicaa, les Cyclopes, la magicienne Circé et les sirènes. L’épopée contient aussi un certain nombre d’épisodes qui complètent le récit de la guerre de Troie, par exemple la construction du cheval de Troie et la chute de la ville, qui ne sont pas évoquées dans l’Iliade. L’Odyssée compte douze mille cent neuf hexamètres dactyliques, répartis en vingt-quatre chants, et peut être divisée en trois grandes parties : la Télémachie (chants I-IV), les Récits d’Ulysse (chants V-XII) et la Vengeance d’Ulysse (chants XIII-XXIV).

ulysse

L’intérêt de la série repose en deux points: raconter ce qu’il se passe à Ithaque durant l’absence d’Ulysse, mais aussi comment, après son retour qui survient assez rapidement dans l’histoire, il va en reprendre le contrôle (d’abord face aux prétendants, puis à leurs fils et enfin face à Sparte).
La première partie (celle qui se déroule en l’absence d’Ulysse) est primordiale pour bien saisir les enjeux de la seconde. Cette partie est non seulement celle où les manigances politiques se mettent en place mais aussi celle où l’on peut saisir toute l’ambiguïté des relations qui lient Télémaque à sa mère et l’image qu’il a de son père. En cela, Télémaque est un peu l’oeil du téléspectateur. Comme nous, il ne connait pas bien finalement ce père qu’il n’a pas ou peu connu, mais l’image qu’il en a est, comme pour nous, celle du héros de la mythologie. L’image véhiculée par ce que les gens disent de lui, les récits et surtout, la légende. En effet, comme pour Télémaque, Ulysse nous apparaît avant son retour, mais aussi avant même le début de la série, comme un héros au sens le plus pur du terme. Un homme doté de bravoure et qui a affronté 1001 dangers. Et surtout, quoi qu’on en pense, il a pour chacun d’entre nous une image positive. Et c’est en jouant avec cette « image » que la série prend toute sa superbe.

Odysseus_tournage

La série prend en effet le parti de replacer le mythe d’Ulysse dans un monde réel. Bien que totalement mythologique, l’univers de la série pourrait très bien être notre Antiquité. La guerre de Troie pourrait très bien avoir existé. Point de monstres issus des légendes ici (comme le Cyclope ou les sirènes) si ce n’est dans les récits que fait Ulysse. Pas d’éléments surnaturels, juste des faits.
En découvrant le personnage d’Ulysse dans le reste de la série, on peut même se demander si le récit qu’il fait de ses voyages n’est pas là pour nourrir la construction de son propre mythe. Et pour renforcer le côté « historique » de la série, les auteurs n’hésitent pas à faire de Homère un membre à part entière d’Ithaque.
L’univers de Odysseus, c’est un monde dans lequel les hommes croient aux dieux, les invoquent mais ne les voient jamais (là où ils apparaissaient dans l’Odyssée). Un monde dans lequel les hommes font la guerre et en ressortent particulièrement brisés. Le siège de Troie, bien loin de la légende du cheval, fut un vrai massacre. Les vaincus ont été transformés en esclaves et les vainqueurs traumatisés. Ulysse est l’un de ces hommes. Profondemment marqué par une guerre qu’il ne souhaitait pas faire, traumatisé par cette guerre et son difficile retour chez lui, Ulysse en reviendra profondemment et définitivement changé. Et avec ce retour tant attendu, censé ramener la paix sur son île, c’est à la face cachée du mythe que la série s’attaque: la naissance d’un tyran.

odysseus

Magnifiquement interprété par Alessio Boni, Ulysse connaît un destin brisé dès lors qu’il pose le pied sur le sol d’Ithaque. Ne supportant pas que la vie ait pu continuer sans lui durant ces 20 dernières années, il développe une véritable paranoïa qui n’aura de cesse de grandir au fil des épisodes. Comme bon nombre de dictateurs après lui, Ulysse pense que tout le monde le trahit et complote contre lui. Censé ramener la paix sur son île, il va en réalité la plonger dans le chaos, éliminant systématiquement celles et ceux qui se dressent contre lui, parfois de manière totalement injuste et disproportionnée (voir le sort réservé aux Troyiennes). Victime d’une blessure (comme un Henri VIII après un tournoi), Ulysse ira de plus en plus loin et sa barbarie poussera même ses proches à comploter contre lui pour le renverser, voire l’éliminer. Et comme un dernier sursaut avant la chute, Ulysse supprimera ce qu’il reste de démocratie à Ithaque et la transformera en véritable dictature. Mais, comme un dernier élan d’héroïsme, c’est au crépuscule de sa vie qu’il retrouvera, face à Ménélas (roi de Sparte), toute sa superbe.
Ulysse apparaît tout au long de la série comme un homme brisé par la guerre et qui semble finalement ne pas vouloir s’autoriser à être heureux…pour le plus grand drame des siens, à commencer par sa femme Pénélope (qui ne reconnaît plus l’homme qu’elle a épousé à 15 ans) et son fils, élevé dans le culte de ce père modèle.

pénélope

La série est une totale réussite, ne tournons pas autour du pot. Même si la première partie (épisodes 1 à 4) est nécessaire pour appréhender toute l’essence de la série (énoncée au dessus), elle souffre tout de même d’épisodes irréguliers et d’un manque de rythme par moment. Ces épisodes permettent cependant de mettre en place des personnages fascinants en tête desquels je place Clea, jeune esclave troyienne, appelée à jouer un rôle essentiel dans le destin d’Ithaque. La jeune Karina Testa est juste resplendissante dans ce rôle extrêmement important. Mais dès le superbe épisode 4, tout ce qui fait le sel de la série se met en place et c’est véritablement à une tragédie grecque que l’on va assister (et ce, jusqu’à la fin de l’épisode 12).
Bouleversante, lyrique, grandiose, la série s’envole et nous prend par les tripes pour ne plus nous lâcher. On est pris par le destin de ces hommes et de ces femmes qui assistent, impuissants, à la chute de celui qu’ils voyaient comme un héros. Le destin d’Ulysse, terriblement humain, nous bouleverse et nous retourne, tellement il est fascinant et bien écrit.
Télémaque est aussi très bien interprêté par Niels SCHNEIDER même si, on ne va pas se mentir, ce n’était pas totalement gagné dans les premiers épisodes tant son personnage avait le chic pour devenir agaçant. Mais c’est quand l’image qu’il a de son père se brise qu’il devient vraiment passionnant. Et n’oublions pas que, malgré l’époque très masculine, la série offre de très beaux rôles de femmes fortes, aux destins divers.
Enfin, sans la musique, la série ne serait rien. La BO de Bernard GRIMALDI est juste superbe et parvient à chaque note à saisir LA bonne émotion du moment.

télémque
Non la série n’est pas parfaite. Oui il y a des défauts (les décors de l’intérieur d’Ithaque sont assez limites et on voit bien, par le jeu de lumières, le tournage en studio). Mais face à un tel propos à savoir la déconstruction d’un mythe pour le ramener à une figure terriblement humaine, on ne peut que se laisser emporter et on en oublie volontiers ce qui peut nous gêner a priori. Comment ne pas être saisi par le destin de ces personnages? Comment ne pas être bouleversé de voir ce héros qu’est Ulysse s’autodétruire? Un grand coup de chapeau à Frédéric Azémar et son équipe pour le travail accompli. Oysseus prouve que quand on veut, on peut faire un vrai divertissement populaire intelligent. Et rien que pour ça, on ne peut que les saluer.

Réalisateur : Stéphane GIUSTI
Une série créée par Frédéric AZEMAR
Musique Originale : Bernard GRIMALDI
Auteurs : Frédéric AZEMAR, Olivier DUJOLS, Marine FRANCOU,Fanny HERRERRO, Olivier KOHN, Flore KOSINETZ, Frédéric KRIVINE, Elsa MARPEAU, Florent MEYER, Zina MODIANO, Anne PEYREGNE, Stéphane PIATZSZEK, Marie ROUSSIN.

Pénélope: Caterina MURINO
Ulysse: Alessio BONI
Télémaque: Niels SCHNEIDER
Cléa: Karina TESTA
Léocrite: Bruno TODESCHINI
Mentor: Joseph MALERBA
Eurynomé: Vittoria SCOGNAMIGLIO
Laerte: Carlo BRANDT
Orion: Salim KECHIOUCHE
Antinoos: Augustin LEGRAND
Thyoscos: Frédéric QUIRING
Liodès: Ugo VENEL
Eukharistos: Amr WAKED

Coproduction France : ARTE France, GMT, MAKINGPROD, Coproduction Italie : PEPITO PRODUZIONI, MOVIE HEART, Avec la participation de la RAI UNO Production Exécutive Portugal : SUNFLAG

Crédits: © Jean-Marie Marion / Arte

  • Itac

    Faites relire votre billet, il est truffé de fautes d’orthographe.

    Odysseus. Pour ce que j’en ai vu à Séries Mania, je trouve votre billet bien trop dithyrambique pour être objectif. Evoquons une seconde les décors. Vous pouvez faire tout le préambule de précautions que vous voulez, un décor qui fait carton-pâte le reste. Pire: on ne voit que ça! C’est la base du contrat de crédibilité. Après ça, les acteurs pourraient être des génie qu’ils joueraient toujours dans une pub pour un nettoyant de carrelages! Pour une série historique, le premier personnage c’est le décor. Dommage d’avoir chipoté là-dessus…

    • Si ma critique n’est pas objective, c’est qu’elle est….???? Merci de respecter les avis différents sans remettre systématiquement en cause celui qui l’écrit
      Sinon je peux moi aussi dire que « les acteurs pourraient être des génie qu’ils joueraient toujours dans une pub pour un nettoyant de carrelages » me semblent beaucoup trop excessif pour être objectif
      Ceci dit, j’entend parfaitement qu’on n’aime pas la série, j’étais moi même un peu sceptique au sortir des 3 premiers épisodes à Séries Mania. Mais j’ai vu les 12 et mon avis a changé. Mais parlons sur la série, il n’y a pas de soucis. Au contraire
      P.S: nous allons corriger les fautes. Par contre, quand vous relevez ça dans l’article, essayez de ne pas en faire dans le commentaire 😉

    • jhudson

      Un film comme Dogville s’est passé totalement de décors,car le film est avant tout une fable, se focaliser sur les décors et un faux débat surtout sur une histoire comme L’odysséus qui ne se veux en rien réaliste .

      Le probléme de la série viens que l’acteur qui joue Ulysse Alessio BONI est postsynchronisé alors que je pense qu’il a tourné en Français,surement qu’il avait un accent trop prononcé et personnellement ça m’a gâché en partie la série, ça fait vite artificiel dans un cast qui parle presque tous français, une grave erreur sur un personnage principal, quelques acteurs secondaires sont aussi doublés mais c’est moins grave,ils ne font que passer !

      La série était sur le fil du rasoir ,raconter une telle histoire avec quasiment pas de budget,donc il y a intéret que les acteurs assurent et la plupart l’ont fait, mais un acteur doublé ça assure rarement .

      Le partie pris peux déconcerter,mais cette série est une des rares prise de risque dans les séries TV françaises, souvent tournée en anglais quand il y a un casting international, et que nos bonnes chaines française nous font croire que ça a été tourné en Français, F2 a coproduit nombre de téléfilm et mini série comme cela,avec l’argent public pour après ne diffuser que la VF ,j’appelle cela de l’escroquerie .

  • Jack B

    Merci pour cette critique qui donne envie de voir la suite. Car j’ai vu les premiers épisodes à Série Mania et j’ai été emballé ! Et contrairement au commentaire plus haut, je n’ai pas été vraiment dérangé par les décors ! Au contraire j’ai été vraiment transporté dans cet univers et ce visuel ! Certes ce ne sont pas les décors de ROME (les budgets ne sont pas les mêmes et ça peut se ressentir parfois), mais ce n’est pas pour autant dérangeant pour être emporté par l’histoire… Bravo au créateur de la série ! Et j’ai hate de voir la suite sur ARTE.

  • Itac

    Oui, revenons à la série…;-)
    Alexandre, ce n’est pas votre mise en perspective historique du projet que je conteste,au contraire, je la trouve intéressante et salutaire. Le problème est plutôt que le spectateur n’a pas un mode d’emploi (ou un livret comme à l’opéra) : il doit être happé dès les premières minutes par le spectacle (à fortiori pour une série historique, j’insiste sur ce point). Personne pour lui souffler: « Accroche-toi mon bonhomme, tu vas voir…à l’épisode 4, l’arrivée d’Ulysse, ça déchire… » C’est un peu le débat entre la réception publique et critique… Encore une fois je n’ai vu que les 3 premiers épisodes… mais pensez-vous sérieusement qu’un public attende 3 épisodes sans zapper que « la série s’envole »?! c’est antinomique avec le principe de la série. Malgré tout je maintiens que le décor pose problème par son aspect (un peu) factice; il paraît trop vide ou trop neuf; ou est-ce l’éclairage qui est mal maîtrisé? Il y a une impression « d’artifice »; bien entendu, c’est une impression générale, personnelle et subjective. Moi, ça me suffit pour ne plus être « dedans » (vous le notez vous-même en fin d’article pour les décors d’Ithaque). Et Jack B met le doigt dessus, malgré son enthousiasme. Comme il le dit, « ce ne sont pas les décors de « Rome »…Hé oui, c’est toujours un peu le même refrain, avec les séries françaises: on trouve ça pas mal mais on ajoute aussitôt : certes ça ne vaut X ou Y, ou Z…etc. Comment prétendre rivaliser avec les séries anglo-saxonnes si on se montre toujours un peu trop indulgent plutôt qu’exigeant? Ne pas oublier que le spectateur a bien d’autres références en tête quand il regarde une série. Avoir vu « Rome », »Spartacus » ou même « Gladiator », multi-diffusé en télé, devraient imposer aux productions le souci d’être à la hauteur, non seulement à l’écriture mais au casting, au décor, au son, etc, s’ils veulent réussir le pari de l’audience et de la concurrence. Est-ce vraiment le cas, « objectivement »? C’était là, le sens de mon premier billet.

    • Plusieurs points dans votre commentaire:

      1) Je n’ai jamais dit qu’il fallait attendre l’épisode 4 pour que la série soit intéressante. J’ai dit que c’est à partir de là que j’avais plus aimé. Mais certains de mes collègues ont adoré cette partie là justement (comme Alain Carrazé). J’ai dis que cette partie était primordiale pour bien saisir les enjeux de ce qu’il se passe après l’épisode 4
      2) Oui je pense que le public peut attendre car la série a ce qu’il faut pour capter dans les épisodes 1 à 3 (diffusés le premier soir). Après on aime ou on aime pas.
      3) Oui je parle des décors mais si je l’ai mis dans ma conclusion c’est justement que ce n’est pas primordiale à mes yeux. Car Odysseus, contrairement à ce que vous dites, n’est pas une fiction historique dans le sens où la série, à la différence de Rome, ne fait pas le récit d’une époque mais de relations au sein d’une famille, d’une société. Les personnages sont au coeur de la série et du récit. Si vous sortez de la série, ce n’est pas à cause des décors, c’est plus que les personnages et l’histoire ne vous ont pas capté.
      4) Oui comme vous dites, Jack B pointe du doigt la question des décors mais mentionnez son argument jusqu’au bout et pas juste ce qu’il vous arrange: il précise que ce n’est pas le même budget (et oui c’est presque obligé, ça se voit). Autant je partage votre avis sur le fait que le public n’a pas à avoir un manuel pour savoir quand la série va décoller (bien que laisser sa chance de temps en temps c’est pas mal, les exemples ne manquent pas de séries qui s’améliorent avec le temps) mais il ne peut pas non plus avoir des oeillères sur les yeux. On peut facilement comprendre qu’avec un budget 10 fois moins important que celui de Rome, on ne peut pas avoir le même résultat (budget qui a en parti causé la perte de la série).
      5) Sur les séries ou films dont vous parlez, je ne vous suis pas. D’abord parce que vous mélangez plusieurs supports (on ne peut pas comparer film et série ou alors beaucoup de séries américaines auront aussi du mal à supporter la comparaison) et aussi différents propos. Outre le fait que c’est très discutable que Spartacus soit bien foutu (décors, effets spéciaux, franchement je n’ai pas accroché), mais pour Rome, l’idée de départ de la série c’est la reconstitution de Rome à une époque donnée, du temps de la grandeur de l’Empire Romain,…Bien entendu que les décors et la reconstitution de la ville doivent être en béton (et ils le sont). Odysseus le propos est différent. On parle d’une histoire de famille, d’un homme, d’un mythe que l’on déconstruit. D’une tragédie grecque. Beaucoup de scènes de la série pourraient d’ailleurs être joué sur une scène (les pièces grecques de l’Antiquité étaient jouées sur scène sans grands décors). Et puis cessons de comparer nos séries françaises (avec moyens financiers, techniques,…) avec les séries américaines, ça ne rime pas à grand chose pardonnez moi. Ce n’est pas parce que les Américains ont fait The Wire que toutes les séries qui viennent derrière doivent être du noveau de The Wire (exemple du polar).
      OUI la série réussit le pari de s’inscrire dans les projets ambitieux qui peuvent séduire à l’internationale sans aucun soucis. Je le pense en étant totalement objectif

  • Itac

    Ce débat est passionnant, comme l’est la place grandissante des séries dans la culture populaire (elles ont leurs monographies, leurs conférences à l’Université, c’est dire l’intérêt que leur accorde désormais l’ensemble des grands « référents culturels »).

    C’est justement parce que la production des séries françaises de manière générale s’améliore et parce qu’il reste tant à faire, que nous pouvons en parler avec passion.Mais l’enthousiasme ne devrait rien enlever à la lucidité.

    Qu’on se comprenne bien: je ne dis pas que la série est mauvaise, je persiste à penser que les faiblesses de la partie décor grève la dimension humaine de l’histoire. Et je trouve ça dommage.

    Quand vous dites que « Les personnages sont au coeur de la série et du récit » c’est la définition du « drama »classique mais c’est surtout la moindre des choses, pour n’importe quelle série. Historique, pas historique, ça ce sont des classifications critiques, moi je me place du point de vue du spectateur (que je suis) passionné de séries en tous genres. On peut jouer sur les mots et ne pas y voir une série historique mais enfin, une série qui se passe à Ithaque, 800 ans avant J.C,fait forcément référence à l’Histoire, y compris à ses grandes références mythologiques, et à une esthétique au coeur de la culture antique.
    Et une série aussi a des partis pris esthétiques si elle veut faire la différence avec le tout-venant (je pense aux Revenants malgré, là aussi, des défauts structurels). Pour Odysseus, historique ou pas, on en revient aux décors et leur goût d’inachevé, leur manque d’épaisseur. C’est évidemment un problème de production et non d’écriture.

    Quand à l’éternel débat séries US/ séries françaises,je vous rappelle que ce sont les médias eux-même qui alimentent la polémique (allez voir sur le net le nombre d’articles qui traitent le sujet sous cet angle)… et c’est aussi un symptôme qu’on peut difficilement nier. Alors certes, ontexte économique différent ou pas (je ne nie pas qu’il l’est), il n’en reste pas moins que le public français est nourri de références internationales en matière de séries et QU’EN PLUS, le système d’achat des programmes français est ainsi fait que ce même public reçoit en général « la crème » des séries anglo-saxonnes, en tout cas pas les plus mauvaises: c’est UN FAIT, le télespectateur français a une culture étendue et plutôt exigeante (sans même parler de son esprit critique), tout simplement parce qu’il baigne parmi les références les plus diverses depuis au moins une grosse décennie. Il est normal qu’il attende des séries françaises un haut degré d’exigence. Ca a donc bien un sens, dans sa manière d’appréhender ce qu’il reçoit, à l’aune de sa propre culture sérielle.

    Idem pour les références multiples : vos croyez vraiment que le public, quand il regarde une série péplum ou antique, ne compare pas inconsciemment ce qu’il voit avec un référent cinéma vu à la télé (j’ai pris l’exemple de « Gladiator », massivement télédiffusé, je pense aussi à « Troie »; et on peut ne pas apprécier Brad Pitt en juppette, il n’en reste pas moins que les scènes de combat resteront gravées dans les esprits…)? Le public ne trie pas les supports en fonction de ce qu’il regarde, sa culture c’est justement L’ENSEMBLE de tout ce qu’il a vu.

    Moi non plus je ne vous suis pas toujours: les décors devraient être « en béton » pour Rome », mais pour Odysseus, « c’est différent, parce que le propos l’est (centré sur la famille, les personnages, etc) ». Pas convaincu.

    Dernier point. Vous remarquerez que je n’ai PAS parlé de séries américaines MAIS anglo-saxonnes: le nombre de séries anglaises, remarquables en écriture, en production et mise en scène, avec peu ou prou les mêmes moyens que les séries françaises « mainstream »(je ne parle pas du problème très différent du programme low cost) devraient quand même nous interroger, public comme critique mais au premier chef décideurs, sur le degré d’exigence que nous sommes prêts et en droit d’attendre systématiquement des projets produits en France.

    En tant que spécialiste des séries, vous le savez aussi bien que moi: c’est une question de survie dans un marché extrêmement concurrentiel qui ne pardonne pas les approximations. Je ne vous apprendrais pas non plus que la France est le seul pays d’Europe où ses propres productions françaises sont loin derrière les productions étrangères en terme d’audience. Il doit bien y avoir une raison…voir plusieurs.

    • Je me suis peut-être mal exprimé sur Rome. Rome est le personnage central de la série. Dans Odyssesus ce n’est pas Ithaque mais la famille d’Ulysse. Pour moi ça fait une différence
      Ce n’est pas parce que le public (ou même la presse je suis d’accord) compare avec d’autres modèles qu’il a raison de le faire. Et je suis d’accord, certains articles entretiennent la comparaison car ça fait vendre. Mais ce n’est pas juste. C’est comme comparer les fictions de Canal+ avec celles de TF1 (autres erreurs commises souvent). Le public l’a fait mais ce n’est pas justifié

  • Jack B

    Heu… Personnellement, je répète à Itac et à qui veut bien l’entendre que les décors ne m’ont pas dérangé ! Et comme je le disais dans mon commentaire précédent, au contraire j’ai été vraiment transporté dans cet univers « visuel » et je peux vous dire que je ne suis pas le seul !! Je ne comprends vraiment pas cet acharnement de la part d’Itac sur les décors d’Odysseus. Je les trouve même très beau pour certains. Et ce n’est pas parce que ce n’est pas au même niveau que la série ROME que c’est artistiquement mauvais en terme décors.
    Et sinon, si on parlait des mauvaises séries américaines et même anglaises (historiques même)… Il y en a (si, si !) et elles sont même parfois diffusés en France! Incroyable non ?

  • EMMA PEEL

    Je n’ai vu que les 5 premiers épisodes et si je n’avais pas été férue du mythe d’Homère et avouons le, plutôt curieuse de la prestation d’Alessio Boni, j’aurais arrêté au 3è.
    Je veux bien vous croire quand vous défendez les épisodes suivants… Mais la fin ne me fera pas oublier la déception face à la première moitié de la série.
    Une série, on est d’accord, ce n’est pas juste une belle histoire, qui plus est, dans ce cas, totalement empruntée…, ce sont des personnages, des tensions, des émotions… Une bonne série, elle nous laisse tout de suite envie de la dévorer en entier, un personnage au moins nous fascine, une scène nous stupéfait, un dialogue nous scie … Rien de tout cela, n’est-ce pas au début d’Odysseus ?
    Et bien non… il y a même parfois des acteurs qui jouent très mal, des scènes qui ne vont pas au bout de leur propos, des pseudos tensions qui fondent en qques secondes, un faux rythme pénible et un nombre incalculable de faux suspens… Quand je me rappelle l’intrigue de la toile, j’en ai encore mal au cœur tellement c’est tout simplement raté…
    Je peux comprendre que l’on fasse des bonds de joie quand une fiction française se laisse regarder, qu’un sujet est original et le traitement comme les dialogues plutôt convaincants. On revient de très loin et on n’a surtout pas envie d’y retourner !!!
    Mais si on compare les deux dernières séries d’Arte, soit « Ainsi soient-ils » et « Odysseus », on remarque le même problème et le même très gros souci d’écriture à partir duquel bon nombre d’imperfections découleront… ce sont toutes les deux des séries qui se sont éloignées de leur sujet (cad : ça parle de quoi ?)… La première, parce qu’il n’a jamais peut-être été assez clair et qu’elle s’y est perdue, la seconde, parce qu’elle ne s’est pas permise de rentrer dedans, au couteau, directement et s’est égaré dans un long prologue de 5 épisodes… dommage, non, de se rater sur le b.a.-ba de l’écriture ? Surtout quand on prouve par la suite que l’on sait écrire…

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  • pascal

    Je rajouterai aux propos ci-dessus que le problème d’écriture se retrouvent également au niveau des dialogues, qui font trop répliques de théâtre à mon goût. C’est un élément récurrent dans la fiction français: mettre dans la bouche des personnages des tournures de phrases et des grandes expressions qui produisent, au final, un aspect très artificiel.
    Si des fictions comme Rome ou Gladiator ont beau elles aussi jouer sur le registre de langue pour donner à voir – et à entendre, si l’on peut dire – des personnages nobles et issus de l’Antiquité, leurs scénaristes et dialoguistes n’ont de loin pas choisi de faire comme si l’œuvre historique idéale devait ressembler à une adaptation théâtrale diffusée à la tv…

  • 4evaheroesf

    Les décors ne sont vraiment pas extraordinaires mais ce n’est pas un problème.
    Par contre le jeu de certains des acteurs…
    Ulysse en tyran pourquoi pas ?
    De bonnes idées mais mal exploitées (exemple:la vengeance des fils des prétendants)
    Orion, Nausicaa et Ménélas n’ont rien à voir avec ceux de la légende sinon je suis déçu du traitement de leurs personnages…

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