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Un Commentaire

Invitation au voyage…dans le générique de Empreintes Criminelles

Alexandre LETREN

Si l’on se réfère à la définition communément admise, le générique d’une série télé est tout simplement la partie où l’on indique le titre, les noms des acteurs et des divers collaborateurs. Bref, un simple objet technique destiné à aligner une série de noms et pourtant… Pourtant ils sont bien plus que ça, particulièrement dans les séries télés dont ils font sans aucun doute partie intégrante. Ils sont la “page de présentation de la série”, une sorte de concentré de celle-ci et de son ambiance. Mais ils sont aussi bien souvent des objets d’art et parfois même des objets cultes pour les fans.
Revenons sur le générique d’une série française Empreintes Criminelles (2009) avec Damien Maric, responsable de Wip Studio qui a conçu le générique de la série.

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Empreintes Criminelles est, rappelons le, une série qui prend place à Paris en 1924 et qui suit les premiers pas de la police scientifique et l’opposition qu’elle reçoit de la part de la majorité des policiers de l’époque. Une sorte de croisement entre Les Experts et Les brigades du Tigre.
La série va jouer tout au long des 6 épisodes qu’elle compte sur l’opposition entre le moderne, matérialisé par ces nouvelles techniques d’investigations, et le « classique », qui serait le contexte des années 20 en France. Comment le générique de la série va mettre en scène cette opposition? Comment va-t-il nous présenter ces nouveaux enquêteurs et les obstacles auxquels ils vont devoir faire face pour imposer leurs méthodes?

Season One: A quel moment le projet arrive chez Wip par rapport à l’avancement de la série? Quelles sont les consignes de Making Prod (société de productions) par rapport à ce que doit contenir le générique?

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Damien Maric: On est arrivé sur la série dès l’écriture. On nous a donné les 6 épisodes bien avant le début du tournage uniquement au début pour les effets spéciaux de la série (Wip Studio est aussi une société qui fait des effets spéciaux de films et de séries- Bref par exemple ndlr) puisqu’il fallait reconstituer le Paris de 1924. C’est dans un second temps qu’ils nous ont demandé si on voulait faire le générique de la série (Wip Studio avait déjà travaillé avec Making Prod sur le générique de Les invincibles ndlr). Quand est arrivé le moment de l’élaboration du générique, Making Prod nous a laissé au départ carte blanche, et bien entendu, a validé par la suite nos choix en retirant ce qui ne leur convenait pas.

Season One: Que souhaitiez-vous faire avec ce générique?

Damien Maric: La première chose qui nous ait venue en tête c’est de vouloir mélanger au sein du générique les techniques d’hier et d’aujourd’hui, leurs équivalences. Ainsi, si aujourd’hui on aurait eu une empreinte digitale numérisée dans un ordinateur, à l’époque ce serait un type qui les relève avec un petit pinceau et compare les points de ressemblance à la main; idem avec le portrait robot numérisé aujourd’hui et dessiné à la main en 1924,…
Ensuite, et rapidement, une seconde réflexion est arrivée. Si on mélange les techniques d’investigations d’antan et celles d’aujourd’hui, il serait intéressant de faire la même chose avec le Paris de l’époque et celui d’aujourd’hui.
Le générique est en réalité découpé en 3 parties:

  • la première partie nous présente le Paris d’aujourd’hui et le Paris de l’époque grâce à une sorte de filtre qui passe sur une photo de Paris aujourd’hui et nous transporte à ce qu’elle était dans les années 20. Cette partie nous dit clairement: avec cette série, on vous invite à un voyage dans le temps.
  • Une fois que l’on a dit que l’on fait un voyage dans le temps, il faut expliquer de quoi on va parler dans la série. On est donc arrivés au moment où l’on présente les techniques d’investigations pour que le spectateur comprenne qu’il s’agit d’une série policière.
  • La troisième partie devait enfin montrer les lieux et les personnages de la série: un laboratoire, une cellule, …

Et après toutes ces étapes, on s’est demandé comment finir le générique et mettre le titre. On a pensé à un plan truqué qu’on avait fait à la fin du premier épisode où la caméra ressort par la verrière. Au départ, ce plan était un plan fixe mais on décidé de le compléter en faisant sortir la caméra de la verrière et terminer en montrant le Paris de cette époque sur lequel on va mettre le titre de la série. C’était un générique qui a été influencé je pense par celui de Amicalement Vôtre que j’aime vraiment beaucoup qui joue aussi sur cette opposition. Dans leur cas, c’est l’opposition entre deux hommes, Brett Sinclair et Dany Wilde. Chez nous c’est entre deux techniques, deux époques.

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Season One: On imagine que ce dernier plan du générique a aussi une signification?

Damien Maric: C’était surtout de montrer le personnage principal (Julien Valour joué par Pierre Cassignard ndlr), qui a toujours un coup d’avance sur les autres flics grâce à ses nouvelles techniques d’investigations, mais qui est coincé dans son époque, le Paris de 1924, une période « en recul », qui n’avance pas. La verrière devient alors un peu comme une prison pour lui, une image qui illustre bien sa condition d’enquêteur moderne dans une époque qui ne lui fait pas confiance.

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Season One: Concernant la musique très moderne du générique, comment a-t-elle été choisie?

Damien Maric: Pour concevoir le générique de notre côté, on avait utilisé pour nous aider une musique de Bruce Broughton extraite du Secret de la pyramide (1985).
Les producteurs quant à eux avaient pensé dès le départ à mettre de la modernité dans la musique du générique. Mais nous n’avons découvert la musique qu’après, une fois le générique terminé. Le résultat nous a un peu surpris car nous n’étions pas du tout sur un traitement moderne de la musique en concevant le générique. On a fini par se laisser emporter le thème choisi. C’est vrai qu’en principe, un bon générique réussit l’alliance parfaite entre musique et images.

Season One: Combien de temps pour créer un générique comme celui-ci?

Damien Maric: Au départ, on se dit que cela va prendre 10 jours pour conceptualiser le tout. Et au final, on met un mois avec les retouches, les noms au générique à ordonner et tous les derniers détails. Entre 4 et 5 semaines pour tout faire.

Source: Wip Studio
Crédits: France 2/ Making Prod/ Septembre Productions et Wip Studio