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Un Commentaire

La claque Intrusion

La claque Intrusion
Alexandre LETREN

La review

LA SERIE
8
LE SCENARIO
8
LE CASTING
8
8

On l'attendait....elle est là LA série de cette saison

Quand nous avons commencé à couvrir de manière active la fiction française, ce ne fut pas facile. Personne ne voulait en entendre parler. Elle était même peu abordée dans les médias traditionnels et seul le travail accompli par le défunt site Le Village comptait alors réellement. Mais nous avions à leur image, la sensation que quelque chose était en marche. Il y eu des tentatives, des échecs, de franches réussites. Et depuis quelques temps, le frémissement amorcé s’est petit à petit transformé en réel mouvement de fond, les exemples ne manquent pas, ne manquent plus. Mais avec la venue sur Arte de la mini série Intrusion (3×52 minutes le 28 mai), on assiste à un nouveau tournant. Sans doute plus important encore que celui opéré par Les Revenants. De par son contenu, son audace, son écriture et son interprétation, Intrusion fera date et c’est un moment que l’on est content de connaître. Enfin!!

Philippe est un pianiste qui monte. Obsessionnel et perfectionniste, il travaille dur pour préparer une série de concerts à l’opéra de Strasbourg. Son monde, jusqu’ici rangé et ordonné, se fissure le jour de ses quarante ans. Des acouphènes de plus en plus violents et des visions étranges entament sa concentration. Il est le seul à entendre des fausses notes sur son piano. Sans rien pouvoir contrôler, Philippe est en train de basculer dans un autre monde… Un monde gouverné par ses peurs, par ses angoisses et surtout par un traumatisme profond qu’il a refoulé il y a plus de 30 ans, lorsqu’il était encore petit garçon… Est-il vraiment en train de basculer dans une autre réalité, ou est il uniquement la victime malheureuse de son délire paranoïaque ?

Une écriture sérielle soignée

Pour monter cette histoire totalement dingue, il fallait bien 3 brillants auteurs: Florent Meyer, Frédéric Azémar et Quoc Dang Tran (et une productrice Louise Barnathan pour soutenir le projet corps et âme).
L’histoire d’Intrusion est tout à la fois dingue et ingénieuse. Dingue car elle vous entraînera dans des dédales incroyables où le surnaturel et la folie se tournent autour. Ingénieuse car à coups de twists savamment orchestrés et une histoire maîtrisée de bout en bout, le suspense vous attrape pour ne plus jamais vous lâcher. Malgré les propos du réalisateur qui ne peut s’empêcher de dire qu’il a pensé Intrusion comme du cinéma (rageant!!), c’est pourtant bien une série que l’on regarde. Pas un film découpé en épisodes. Car tout en déroulant une seule et même histoire, Intrusion respecte l’écriture sérielle en maintenant une unité au sein de chaque épisode. Ainsi l’épisode 1 installe l’univers et le postulat de départ, l’épisode 2 enlise le héros dans son cauchemar, et l’épisode 3 résout le tout en multipliant les rebondissements qui font voir la série sous un angle totalement nouveau une fois arrivés au bout.
Intrusion c’est aussi la preuve qu’on peut avoir des influences et s’en servir sans les pomper. Et ces influences sont multiples ici. Bien sûr comment ne pas penser à Twin Peaks et ses loges, mais aussi à La part des ténèbres de Stephen King, où à Psychose même par moment grâce à cette interrogation sur la folie mais aussi par certaines notes de musique. Il y en a d’autres. Beaucoup d’autres. Mais l’intelligence d’écriture de ces 3 auteurs fait qu’ils ont su se les approprier sans les plagier pour mieux créer leur propre histoire, leur propre univers.
Ajoutons à cela une réalisation soignée qui sert au mieux la série. Mais c’est bien avant tout et surtout une série d’auteurs. Il faut le souligner. Le rappeler.

Intrusion 2

Un acteur. Une confirmation

Une série n’est rien sans une écriture soignée on l’a vu. Une écriture soignée pour créer des personnages que l’on a envie de suivre. Pour les incarner, il faut évidemment soigner son casting. Si Intrusion a su soigner tous ses rôles, il est important de souligner que la série permettra de confirmer l’incroyable talent de Jonathan Zaccaï. Très présent en ce printemps dans pas moins de 3 séries (Le bureau des légendes, Hôtel de la plage et Intrusion), Jonathan Zaccaï va/doit exploser avec cette série. Sa partition double de Marc/Philippe est tout simplement remarquable. Son visage est capable de passer en quelques secondes de la détresse de Marc à la dureté de Philippe (ou l’inverse?). C’est dans l’épisode 2 et ses séquences dans l’asile que Zaccaï nous délivrera de très beaux moments de jeu.
Si le thème du double est ultra présent dans la fiction télé (de nombreuses séries notamment les soaps y ont souvent recours), c’est une aubaine pour un comédien de pouvoir recevoir ce genre de partition. Et c’est une aubaine pour nous spectateurs que de la voir restituer comme le fait Jonathan Zaccaï. J’espère pour lui que ce ne sera pas SA fiction et qu’il en fera d’autres par la suite mais incontestablement, elle marquera un tournant dans sa carrière.

NTRUSION3

Intrusion inaugure l’effet « toupie » pour la fiction française

Combien de séries peuvent se vanter de poursuivre la discussion après le visionnage afin que chacun y aille de son hypothèse? Elles sont peu nombreuses il faut le dire. Dans une fiction française qu’on ne laisse pas encore oser, où tout doit être expliqué, dit par les mots, il y a finalement peu de place pour cet effet « toupie ». L’effet « toupie » fait référence à cette ultime scène de Inception où la toupie se remet à tourner. Que doit-on alors en penser? La fin de Intrusion ressemble à ça. Bien entendu, je n’en parlerai pas ici mais nous l’avons « testé » à l’issu de la projection. Chacun y allait de son hypothèse, toutes différentes, confrontait ses idées à celles des autres pour être certain d’avoir tout compris. Mais une partie de l’histoire nous échappe et c’est ce qui est terriblement bon finalement. Ce besoin de s’arracher les cheveux pour comprendre et en même temps ce plaisir intense de la frustration. A ce titre, la série aurait sans doute mérité de s’arrêter 2 minutes plus tôt, la toute fin insiste un peu trop lourdement comme pour mieux expliquer ce que certains n’auraient pas saisi. Et, dans le même temps, le doute persiste…
On pourra de ce fait regretter la diffusion en une soirée tant le potentiel d’échange sur les réseaux sociaux aurait pu être excitant d’une semaine à l’autre.

Int3

Yes we can. Après Intrusion, ça doit devenir le letmotiv pour les auteurs de fictions. Tenter, essayer de proposer des fictions originales, différentes. On le sait, certaines chaînes sont encore frileuses et le chemin est encore long. Mais Intrusion confirme que quelque chose se passe. Comment continuer à dire qu’il n’y a rien de bien en France? C’est quelque chose que je ne peux entendre et sans doute encore moins maintenant.
Oui on pourrait pinailler ici et là sur des détails de la série. Mais vous savez quoi? Je n’en ai pas du tout envie. Car Intrusion m’a offert ce que je voulais voir à la télévision: une série m’entraînant dans un univers dont je suis peu coutumier, jouant avec mes nerfs et me baladant. Et rien que pour ça, j’ai juste envie de lui dire merci.

Crédits: Arte/ Compagnie des Phares & Balises

  • http://itstvnews.com nick5975

    C’est encourageant. Dommage que ce soit proposé en une seule soirée. Malheureusement, les séries françaises s’améliorent mais notre mode de diffusion si particulier (plusieurs épisodes par soirée) diminue le potentiel de buzz qui pourrait faire du bien à notre production. Et sur ce point, il n’y a pas grand chose à faire.