Il y a une vie télévisuelle en dehors des séries américaines ou britanniques. Quand elles inondent nos écrans, Season One résiste en mettant en avant les séries françaises, et on assiste à un intérêt croissant pour des productions issues d’autres pays : Australie, Israël, Suède, Norvège, etc. Une envie de variété et d’exotisme, mais pas seulement. Si ces fictions ont un ton ou un angle propres à une culture ou un état d’esprit, elles traitent de thèmes universels et nous racontent à la fois quelque chose de particulier et de général.
Le Festival Séries Mania a mis à l’honneur de nombreuses séries Anglophones et Françaises mais pas que ! Les organisateurs ont donné l’opportunité aux spectateurs de découvrir des productions étrangères et nous nous arrêterons ici sur Sirens (Betoolot en VO) créée par Shahar Magen.

Sirens relate l’histoire sombre de la famille de Shelly Toledano, capitaine de police dans la ville israélienne d’Eliat. Cette femme de caractère jeune et dynamique travaille principalement sur les affaires d’immigration qui sont très régulières dans cette zone à la frontière de l’Egypte quitte à mettre de côté son mari et son enfant.

La série s’ouvre la découverte d’un cadavre nu laissé au milieu d’un ancien camp d’entraînement par deux adolescents. Ce qui aurait pu être un fait divers de plus n’en est rien car ce cadavre n’est autre que celui de Maya, la sœur jumelle de Shelly portée disparue depuis 17 ans. Le choc de cette découverte va donc faire basculer la vie de cette dernière et de son père qui n’avait jamais cru en la noyade de sa fille. L’enquête va donc tourner autour du passé de cette sœur au corps méconnaissable et des répercutions que cela va entraîner dans l’entourage de celle-ci.

Avec Adam Sanderson à la réalisation, Sirens se veut être une réinterprétation du mythe de la Petite Sirène d’Andersen mais cela reste très obscur dans ce qu’il nous a été donné de voir lors de cette projection. Le rythme de la narration est lent et le spectateur peut vite décrocher s’il est habitué à des séries plus dynamiques avec des scènes amenant quasiment à chaque fois un rebondissement. Ici, le parti pris est celui du temps, en allant chercher l’émotion la plus forte possible chez les personnages quitte à étirer la scène jusqu’à l’épuisement de la situation mise en place. Le résultat n’est pas toujours au rendez-vous bien que ce choix semble visiblement assumé car aucune séquence n’échappe à cette règle. Cela est déroutant voire dérangeant à la longue et la série ne perdrait pas à mettre un peu plus de punch dans son intrigue.

De plus, certains points de focalisation comme l’obésité de Maya est tout aussi agaçant. Shelly n’accepte pas de reconnaître que le cadavre est bien celui de sa sœur car son corps est très gros et qu’il ne peut donc pas correspondre à son image (grande et élancée). Cela aussi est un des arguments employés pour justifier le fait qu’elle ne veuille pas dévoiler sa découverte à son père.

Bons points cependant concernant le traitement des femmes flics dans cette zone du monde où cela n’est pas toujours simple de s’imposer tout comme la mise en lumière de thématiques tristement actuelles telles que l’immigration via le naufrage d’une embarcation qui sera aussi traitée. La série a aussi la volonté de montrer la beauté de ce pays avec ses étendues désertiques du Sinai et son folklore. Les images tournées sur les plateaux extérieurs sont belles et invitent le spectateur au voyage.

Sirens est donc un programme qui peut laisser sur sa faim ou créer un inconfort si l’on ne se fait pas aux choix opérés par l’auteur et le réalisateur. Les amateurs de NCIS ou des Experts pourront avoir un sentiment de frustration sur les scènes d’autopsie ou d’enquête qui sont bien loin de ce auquel ils ont le droit habituellement. En revanche, si vous êtes un spectateur contemplatif, n’hésitez pas une seconde, cette série est pour vous !

Aucune diffusion n’est prévue en France à cette heure mais vous pouvez retrouver les épisodes sur la chaîne HOT3, et bonne nouvelle pour les fans, il y aura une saison 2 et 3 !