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The 100: Génération sacrifiée

The 100: Génération sacrifiée
Charlotte Calignac

En mars 2014, je mettais un 7/10 au pilot de The 100 qui lançait sa première saison sur la CW. Pour rappel, l’histoire raconte celle de Clarke et d’une centaine d’autres ados qui ont grandi dans l’espace après de multiples guerres nucléaires qui ont rendu la planète inhabitable. Tous délinquants mais trop jeunes pour être sanctionnés de la peine capitale, ils sont envoyés une centaine d’années après le départ des derniers humains sur Terre pour vérifier si elle n’est plus aussi toxique qu’avant.

Évidemment, on est sur la CW, tout le monde est beau à un point ridicule.

Diffusée sur France 4 et disponible en DVD, la série vaut-elle d’être regardée ?

Réponse : oui. Sans le moindre doute.

Si les premiers épisodes souffrent de devoir établir les règles et l’univers dans lequel on se situe, en plus de se trimballer les casseroles typiques de la CW (triangle amoureux, musique pop super forte, stéréotypes pénibles et geignards), la série trouve rapidement un équilibre intéressant et développe efficacement l’univers tout au long de deux saisons produites à l’heure actuelle.

En saison 1, si toute la partie qui se situe dans l’espace est assez prévisible, l’aspect adolescents qui fondent une nouvelle société m’a pas mal fascinée. La comparaison à Sa Majesté des Mouches est assumée, les idéalistes s’opposent aux cyniques sans trop de facilité, permettant des réflexions assez mûres sur les questions de l’humanité, du concept de l’Autre, de la civilisation vs la barbarie, sur les limites à ne pas franchir en situation de survie, et de guerre.

Tous ces thèmes, déclinés le long des 13 épisodes de la première saison, fonctionnent très bien car les Sky People (nos 100) sont notre entrée dans cet univers. Tout est de leur point de vue, et ces questions permettent aussi d’introduire les personnages, leurs personnalités, jusqu’où ils sont prêts à aller. La saison 1 repose sur les dynamiques compliquées avec des personnalités fortes, et la façon dont une petite société s’établit. En saison 1, l’ennemi est à l’extérieur mais également à l’intérieur : qui de Clarke ou de Bellamy a raison sur la façon dont survivre, dont mener son peuple ?

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La saison 2 rebondit sur tous ces thèmes en introduisant de nouveaux points de vue : celui des Grounders, et celui du Mont Météo (LOL ouais le nom est nul). L’ennemi change, les alliances aussi. Les compromis sont de rigueur, créant des tensions et menant à des réponses qui se déclinent en nuances de gris.

Déjà à la mi-saison 1, The 100 n’a plus rien du teen drama où des ados hormonaux tentent de survivre dans la nature. Elle s’est mue en une série sur la façon dont l’humanité survit, la façon dont les Hommes sont incapables de vivre en paix, et les choix difficiles qu’il faut faire lorsqu’on est en guerre. La série ne cherche pas à excuser les actes de ses personnages. Elle les explique, les met en scène, mais ces choix ne sont pas excusés, les personnages doivent vivre avec les décisions prises.

Servie par un personnage principal extrêmement solide incarné par Eliza Taylor, la série gagne aussi par sa galerie de personnages variés, et ses règles précises. Grounders et personnes du Mont Weather ont leur société avec leurs traditions, leurs règles, et Clarke doit jongler entre tout cela le plus efficacement possible pour permettre à son peuple de s’en tirer le mieux possible.

Autre point positif : la série joue sur le rejet au-delà du genre, de l’ethnie, de l’orientation sexuelle. La série joue sur la faiblesse en opposition à la force, et les différentes façons dont ces forces et ces faiblesses peuvent être exploitées, permettre ou non la survie de nos protagonistes.

Le côté le plus « négatif » de la série serait toute la partie adulte, en saison 1 comme en saison 2. Le personnage de la mère de Clarke perd en crédibilité et en autorité à chaque détour, et l’angle complètement assumé de Jaha transformé en Messie me laisse complètement froide. Cependant, je ne peux m’empêcher d’apprécier le fait que la série tente de répondre à des questions plus larges que celles de la survie : que s’est-il passé pour que l’humanité s’éteigne à ce point ? Comment redevenir une civilisation et s’unir alors que (pour l’instant) trois « sociétés » ont survécu de façons tellement différentes qu’ils se sont façonnés en opposition les uns aux autres ?

Avec une saison 3 dont le thème sera l’humanité, et ce qui définit quelqu’un comme un « humain » malgré ses actes voire malgré sa nature, on peut également espérer ne pas être déçu sur son évolution.

Une série très sympa avec des personnages réellement définis qu’il serait dommage de manquer.

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Crédits: CW