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2 Commentaires

Avant Braquo il y avait…La commune

Avant Braquo il y avait…La commune
Alexandre LETREN

La review

LA SERIE
7
LE SCENARIO
6.5
LE CASTING
8
7.2

BOULEVERSANTE

Une série très sombre mais qui aurait pu devenir une TRES grande série si on lui avait laissé sa chance pour faire ses preuves

Avant de (re)prendre les commandes de la série Braquo, créée par Olivier Marchal, Abdel Raouf Dafri a signé La commune (2007), chronique sombre, désabusée mais terriblement bouleversante sur la banlieue. Boudée par le public, La commune reste pourtant une des très belles créations originales de Canal+, dénonçant les conditions de vie dans les banlieues françaises, banlieues livrées à elles mêmes, devenant au fil du temps comme une prison pour ses habitants. 

« Le caïd répond à Spider-Man: J’ai fais fortune en me servant de gens comme toi. Des idéalistes, des optimistes qui croient que le bonheur existe. Des fous qui croient en la justice.
Je fais mon beurre avec les revers des honnêtes gens!« 

la commune c+

La Commune est une production signée Tétra Média, chef d’orchestre d’excellentes séries comme Les hommes de l’ombre et bien sûr Un village français. On retrouve d’ailleurs sur cette série de grands talents qui vont ensuite officier sur la fresque de France 3 comme Philippe Triboit, réalisateur des 8 épisodes de La Commune, et Eric Neveux, compositeur de la musique du générique, magnifique thème qui fait ressentir dès les premières notes le poids de La commune sur nos épaules (et qui a composé celui de Un village français ou de Borgia). Mais La commune c’est surtout la série d’un homme, d’un auteur: Abdel Raouf Dafri: « J’ai repris le personnage du coryphée de Oz (interprété ici par Tomer Sisley ndlr) pour dire clairement que les cités sont des prisons ce qui est tout le discours de La Commune« .

commune2Et c’est là tout le propos de cette série: montrer des personnages qui sont non seulement prisonniers de cette cité, mais également d’eux mêmes. Comme incapable d’avancer. Il y a quelque chose de terriblement fataliste dans cette série, et c’est précisément ce qui la rend, à mon sens, si bouleversante. Avec cette allégorie de la prison pour décrire la cité, la série se permet d’aller dans les extrêmes pour dénoncer avec des images et des mots chocs parfois, les maux de la cité made in France. Comme aucune autre série ne l’a fait depuis (si ce n’est par le biais du polar comme Engrenages), La Commune dénonce, interpelle, bouscule le téléspectateur en lui mettant, pardonnez moi l’expression triviale, « le nez dans la merde » d’une réalité qu’on lui donne si peu souvent à voir dans sa fiction. Car malgré son côté extrême, La commune est beaucoup plus réaliste que la plupart des fictions télé, abordant des thèmes trop peu souvent abordés comme le trafic de drogue dans les cités, l’opposition entre islam et islam radical, misère sociale et sexuelle, corruption politique,… A l’image de cette cité que l’on s’apprête à détruire, La commune présente des êtres brisés qui cherchent avant tout à se maintenir la tête hors de l’eau.

« A La Commune, il n’y a aucune issue. A l’arrivée comme au départ, il n’y a rien d’autre que le noir »

IshamLa Commune est une série où la lumière n’a pas sa place. C’est ce qui peut rebuter et ce qui a sans rebuté plus d’un spectateur lors de sa diffusion sur Canal+. On a cette sensation qu’aucun personnage ne peut être sauvé. Mais doivent-ils l’être? Le but de cette série n’est-il pas justement là? De montrer que La commune corrompt toutes celles et tous ceux qui y vivent… En poussant chacune des situations dans l’extrême, Abdel Raouf Dafri se coupe dès lors de toute velléité de faire une sorte de documentaire sur les cités. Il peut ainsi raconter une histoire de fiction, libre de tout soucis de réalisme et, en même temps, de dénoncer ce qui pourrit la vie de celles et ceux qui vivent dans ces cités. Mais comme dans toute bonne série américaine, Abdel Raouf Dafri ne néglige jamais qu’il fait une série, une oeuvre de fiction dans laquelle il veut et va dire des choses. Un discours choc, dérangeant mais nécessaire.
communeLa Commune est une série qui n’a visiblement pas été passé au filtre des décideurs et qui est le résultat de la volonté d’un auteur de raconter SON histoire, sans se demander s’il va ou non choquer. Car oui La Commune va choquer, avec le sang qui coule bien sûr, mais aussi et surtout avec les mots, plus aiguisés que n’importe quelle lame. Des mots portés par une galerie de comédiens juste incroyables. On pense bien entendu au tout jeune Tahar Rahim, mais comment ne pas songer au poignant Francis Renaud (Isham Amadi) tiraillé entre sa foi nouvelle et son passé ancien, à l’excellent Doudou Masta campant un terrifiant Housmane Daoud caïd de La Commune, mais aussi Samira Lachhab, Tomer Sisley, ou encore Alain Doutey.

La Commune est une oeuvre choc, imparfaite sous bien des aspects (comme cette noirceur omniprésente) mais qui remue, interroge, percute, et reste en nous de longs moment après qu’on l’ai vu. Mais peut-être que le public n’avait pas envie de ça dans une fiction, qui plus est sur la cité. Difficile de savoir. Mais elle a le mérite d’exister par son propos et pour avoir révélé une galerie de personnes qui compte aujourd’hui, au cinéma ou à la télévision.
Malgré la description d’une apocalyptique cité, La commune est une belle fiction, dérangeante mais puissante.

Crédits: Tétra Média/ Canal+

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  • http://@spicopate Spicopate

    Cette serie a l’air magnifique. La façon de décrire les banlieues le fait penser à The Wire : là également, la banlieu est dépeinte sans concessions avec en plus le côté racial qui a une importance fondamentale.
    Je vais regarder ça.
    A noter : Francis Renaud a également joué dans Police District, série policière des années 2000 très réaliste avec Olivier Marchal.

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