Parmi tous les pilotes lancés cette saison, il y en a un dont on a beaucoup parlé en France et c’est celui de la chaîne ABC, Resurrection. Bien qu’annoncé comme n’étant pas LE remake américain de notre série Les revenants, on ne peut s’empêcher d’y penser quand on lit le pitch ou même quand on voit l’épisode. Et le grand écho qu’a eu Les revenants aux Etats-Unis n’est sans pas doute étranger non plus au carton que vient de réaliser la série pour son lancement (plus de 13 millions de personnes devant l’épisode). Mais concrètement, ça vaut quoi Resurrection?

Le petit Jacob, un américain de 8 ans, est retrouvé au beau milieu d’un champ en Chine. Un agent du service de l’immigration est chargé de le ramener dans le village d’Arcadia où il a grandi. Lorsqu’il frappe à la porte de la maison familiale, ses parents n’en croient pas leurs yeux : leur fils est mort bien des années plus tôt et celui qui se présente à eux lui ressemble pourtant comme deux gouttes d’eau, comme s’il n’avait jamais vieilli. Rapidement, les Garland et leur entourage découvrent que le phénomène est mondial. S’agit-il d’un miracle ou le signe annonciateur de l’apocalypse ? (Résumé Allo Ciné)

Resurrection est à bien des égards un drama assez surprenant pour un network. Dans un paysage audiovisuel où tout doit aller très vite (en rythme, en révélations), Resurrection prend le temps, prend son temps pour nous raconter son histoire. Peut-être même plus que dans Les revenants où les personnages sont assez vite confrontés à « la réalité » à laquelle ils font face. Difficile ici pour ces parents de croire que leur fils mort depuis 32 ans est « de retour ». On prend alors le temps de leur faire accepter cet état de fait, permettant ainsi de nous présenter les personnages qui ont fait le deuil (Mr Langston) et ceux qui ne l’ont jamais fait (son épouse). Il n’y a pas dans ce pilote d’oppression, de pression comme dans la série de Canal+, la série n’a donc pas du tout, en tout cas pour l’instant, la même atmosphère et c’est bien dommage. Comme si dans un pays aussi religieux, le fait de « revenir d’entre les morts » n’était pas quelque chose qui fait peur puisque la religion le raconte. Mais si point de tension il n’y a, incontestablement une ambiance dans cette série, à l’image de la petite ville d’Arcadia, petite ville américaine qui semble hors du temps, et qui nous enveloppe dès lors que l’action y prend place.

Oui ce pilote de Resurrection est réussi car il installe une ambiance réelle et ne cherche pas à multiplier les rebondissements; réussi aussi en nous montrant les interrogations que ce retour provoque chez les membres de cette communauté; réussi aussi en distillant ce qu’il faut de mystère autour de la mort du petit Jacob et créer un mystère qui ne soit pas trop et ne vienne pas aplatir l’histoire que vivent ces personnages. Mais, et c’est tellement rare les occasions de le dire qu’on ne va pas se gêner, Resurrection est inférieure en terme d’intensité à ce qu’on fait Les revenants qui parvenait mieux à nous faire ressentir ce que chacun est en droit de penser en voyant revenir une personne qu’il croit morte à savoir la terreur, l’incompréhension. Peut-être que dans Resurrection, on ressent trop le poids de la religion pour avoir le temps d’avoir peur. De plus, les quelques rares rebondissements ne peuvent que trop peu nous surprendre au regard de ce qu’on a déjà vu.

En somme, le pilote de Resurrection pose bien son univers, installe ses personnages et donne envie de revenir. Mais au petit jeu de la comparaison inévitable avec la série de Canal+, elle ne tient pas la distance, le pilote de la série de Fabrice Gobert ne révélant beaucoup plus fort. Mais à trop dire que ce n’est pas un remake de la série de Canal, il fallait bien tout faire pour s’en éloigner.

Crédits: ABC
Retrouvez Les revenants sur Canal+: Et si c’était le début d’un plus grand bouleversement encore?